Une médaille de bronze qui vaut tous les succès pour Campenaerts
Victor Campenaerts, 3e à 53/100es du 2e, s’est invité dans la cour des grands.
- Publié le 26-09-2018 à 22h35
- Mis à jour le 27-09-2018 à 07h58
Victor Campenaerts, 3e à 53/100es du 2e, s’est invité dans la cour des grands. C’est à croire qu’en trois jours, la Belgique est devenue un pays de spécialistes du contre-la-montre. Une discipline où les Belges ont souvent dû jouer les utilités depuis la création des différents mondiaux du genre, dans les années nonante. Après la médaille d’argent de Brent Van Moer, chez les espoirs lundi, le titre mondial de Remo Evenepoel, le lendemain chez les juniors, voici que Victor Campenaerts a conquis la troisième place d’une course arc-en-ciel pour élites dominée par l’épatant Rohan Dennis.
Campenaerts a ainsi réalisé la meilleure performance d’un Belge au Mondial. Jamais encore, quelqu’un n’avait fait mieux que Nico Emonds, Leif Hoste et Stijn Devolder, respectivement 6e en 1994, 2001 et 2008.
"Je savais que je pouvais réaliser un bon résultat, avouait un Campenaerts super-heureux. Le parcours ne me convenait pas spécialement pourtant, avec une première partie plate, puis cette longue et difficile côte, suivie d’un final en montagnes russes. Un vrai chrono complet qui devait plus convenir à Dennis et Dumoulin, que je pensais hors-concours. Moi, je partais pour finir au mieux troisième, mais il y avait pas mal de concurrents."
Or, finalement, l’ancien nageur, qui avait déserté les bassins quand il comprit que sa morphologie (il est plutôt trapu) l’empêcherait de réussir de grands résultats, puis arrêta le triathlon en raison de blessures répétées à la course à pied, a échoué de très peu sur les talons du tenant du titre. La médaille d’argent lui échappe pour 53/100es de seconde !
"Je vais être honnête, c’est vrai que cela aurait été mieux d’être deuxième, mais finir troisième ne change rien à mon bonheur, disait-il encore, alors que les crampes le menaçaient. C’est un podium mondial ! Ça va rester pour ma carrière."
Double champion d’Europe de la spécialité, l’Anversois a disputé ce mercredi un contre-la-montre qu’il n’est pas près d’oublier.
"Je suis parti sur un bon tempo, racontait encore le coureur de Lotto-Soudal, peut-être un peu plus rapidement que mon tableau de marche. Après, il y avait la côte (4,9 km à 7,1 %), ce fut très dur, je suis monté à l’arraché, le plus possible en position aérodynamique, qui est mon atout. Mais monter à moins de 20 km/h couché sur son vélo ou pas, ça ne change rien. Alors, je me suis arraché. Au sommet, Kevin (De Weert) m’a dit que j’étais même en lutte avec Dumoulin pour la deuxième place. Je me suis dit : ‘Waouh, qu’est ce qui m’arrive, je suis super bien !’ Mais c’était encore long. La fin a vraiment été infernale, avec une succession de petites bosses. Normalement, j’ai toujours de l’énergie à dépenser dans les 500 derniers mètres. Là, ce fut le contraire, j’ai sans doute perdu une ou deux secondes face à Dumoulin."
Cette saison, le champion de Belgique a donc franchi un palier, même s’il lui manque le succès dans une course du WorldTour dont il rêvait à l’aube de l’année.
"Sur le site Procyclingstats, on peut avoir un classement des meilleurs coureurs sur telle ou telle discipline, fit-il remarquer. Toute la saison, j’étais parmi les trois premiers rouleurs, avec Rohan et Tom. Sans doute parce que je roulais plus de chronos qu’eux ou qu’ils luttaient pour les classements des grands tours. Mais là, c’est la confirmation, je suis encore avec eux, parmi les trois meilleurs et sur le podium du Championnat du Monde."
"J’attendais depuis les juniors"
Le duel Dennis-Dumoulin n’a pas eu lieu. Ou plutôt, il a tourné d’emblée à l’avantage du rouleur australien. Rohan Dennis, qui passera cet hiver de BMC à Barhain-Merida, a largement dominé le Néerlandais, fatigué par une saison longue où il a doublé Giro et Tour en luttant chaque fois pour la victoire (deux fois 2e). "J’attendais de devenir champion du monde depuis les juniors, j’avais vraiment de bonnes sensations et j’ai rapidement su que j’étais bien. Je ne m’attendais pourtant pas à gagner avec cet avantage", souriait Dennis, lequel n’était même jamais monté sur le podium du Mondial élites. Pourtant, cela fait plusieurs années que le coéquipier de Greg Van Avermaet, moteur de la BMC dimanche dernier dans le Mondial par équipes, doit être considéré comme un des meilleurs rouleurs du peloton. Il y a trois ans, le nouveau porteur du maillot arc-en-ciel avait même détenu un moment le record de l’Heure avant que les Britanniques Alex Dowsett puis Bradley Wiggins ne s’en emparent. "On verra dans le futur, mais j’y reviendrai", a dit le double champion du monde de poursuite par équipes (2010 et 2011). "Avant, je veux profiter l’an prochain du maillot, puis ce seront les Jeux de Tokyo où le chrono sera mon grand objectif. Ensuite, je penserai à tenter ma chance dans les grands tours…"