Un casting cinq étoiles sur le Giro
Le plateau proposé par le Giro est si impressionnant qu’il pourrait, une fois n’est pas coutume, surclasser celui du Tour de France.
- Publié le 10-05-2019 à 06h56
- Mis à jour le 10-05-2019 à 07h50
Le plateau proposé par le Giro est si impressionnant qu’il pourrait, une fois n’est pas coutume, surclasser celui du Tour de France. Egan Bernal, le vainqueur de Paris-Nice, devait se présenter au départ de Bologne dans la peau d’un des principaux favoris de cette 102e édition. Son forfait de dernière minute, à cause d’une fracture de la clavicule survenue à l’entraînement, aurait pu être considéré comme un coup dur pour les organisateurs de la course italienne. Mais même si l’absence du Colombien d’Ineos rend la course au podium un peu plus ouverte, elle n’édulcore pas pour autant le combat des chefs qui s’annonce pour le gain du maillot rose.
Grâce à un parcours sans doute un peu plus équilibré que celui du Tour de France, les organisateurs du Tour d’Italie ont réussi à attirer ce qui se fait de mieux comme coureurs de courses par étapes au monde, à l’exception bien sûr de Chris Froome et de Geraint Thomas, qui ont préféré reporter leurs ambitions sur la Grande Boucle. La forte présence de contre-la-montre sur les routes italiennes devrait forcément avantager Primoz Roglic et Tom Dumoulin, les deux favoris les plus fréquemment cités. Mais ces deux principaux prétendants seraient bien inspirés de se méfier du coup de pédale dévastateur de Simon Yates en montagne ou de l’inébranlable panache de Vincenzo Nibali. Avec un tel casting, le Giro a les moyens d’offrir un spectacle aussi exceptionnel que celui proposé en 2018.
Simon Yates: un compte à régler
26 ans / Royaume-Uni / Mitchelton - Scott
Le Britannique revient sur le Giro, un an après sa terrible désillusion. L’année dernière, alors qu’il semblait avoir course gagnée, Simon Yates avait craqué à deux jours de l’arrivée. Le voilà de retour sur une course où il a "un compte à régler".
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S’il se présente avec le même niveau de forme qu’en 2018, le Britannique risque d’être imbattable en montagne. Lors de la dernière Vuelta, qu’il a remportée, Simon Yates a appris "à rester calme dans les moments où c’était nécessaire et à ne pas courir de manière trop agressive". Une expérience qui pourrait lui servir.
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Avec ses récentes améliorations en contre-la-montre, Simon Yates n’a presque plus de faille dans son jeu. Hormis peut-être une trop forte volonté de revanche.
Mikel Landa: le Giro lui va si bien
29 ans / Espagne / Movistar
Après avoir fait l’impasse en 2018, le Basque revient sur le grand tour qui lui a le plus réussi par le passé, avec trois victoires d’étapes, un podium en 2015 et un classement du meilleur grimpeur en 2017.
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Avec le forfait d’Alejandro Valverde, Mikel Landa sera le leader unique de Movistar et pourra compter sur l’aide de Richard Carapaz et d’Andrey Amador en montagne.
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Même s’il n’est pas maladroit dans le domaine, la forte présence de contre-la-montre dans cette 102e édition du Giro ne devrait pas avantager Mikel Landa. Le leader des Movistar, qui avoue avoir connu "quelques mois difficiles", est en manque de repères comme son abandon au récent Tour des Asturies le prouve.
Ilnur Zakarin: objectif top 5
29 ans / Russie / Katusha - Alpecin
Le longiligne Russe va participer à son quatrième Tour d’Italie où il s’est toujours bien comporté. Vainqueur d’étape en 2015, il a abandonné sur chute l’année suivante alors qu’il était encore en course pour le podium à deux journées de la fin, avant de prendre la cinquième place en 2017.
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Plutôt polyvalent, Ilnur Zakarin sera l’un des favoris les moins handicapés par les 59 km de contre-la-montre individuel. Dans une course "plus ouverte que le Tour", le Russe peut espérer atteindre son objectif de top 5.
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Contrairement aux années précédentes, le leader des Katusha - Alpecin n’a pas eu de résultat marquant en début de saison et avance masqué vers Bologne.
Primoz Roglic: invincible depuis le début de saison
29 ans / Slovénie / Jumbo-Visma
L’ancien sauteur à skis a déjà participé à la course au maillot rose une fois, en 2016, et il avait remporté le contre-la-montre tracé autour de Chianti. Depuis, Primoz Roglic a totalement changé de statut au point de se présenter au départ de Bologne avec le statut de favori numéro un.
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Le Slovène, bien aidé par une équipe impressionnante, a gagné partout où il a couru depuis le début de saison. En plus d’être très polyvalent, Primoz Roglic a sans doute déjà pris un léger ascendant psychologique sur ses principaux adversaires. Et ce statut de favori ne semble pas déplaire au coureur Jumbo-Visma qui assure qu’il faut "tout simplement être capable d’assumer quand on prétend faire partie de l’élite".
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Le Slovène est en grande forme depuis très longtemps. Attention au coup de mou qui pourrait arriver lors d’une troisième semaine qui s’annonce décisive.
Bauke Mollema: sur sa lancée
32 ans / Pays-Bas / Trek - Segafredo
Le Néerlandais a peu d’expérience de la course italienne avec une douzième place en 2010 et une septième place en 2017. Pour sa troisième tentative, le coureur Trek-Segafredo se présentera au départ de Bologne avec ses objectifs habituels, à savoir "le classement général et une victoire d’étape".
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Le Néerlandais, qui s’est senti "de mieux en mieux" au fur et à mesure du printemps, semble arriver lancé au départ de Bologne. Et il disposera d’une équipe totalement acquise à sa cause.
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Bauke Mollema est capable du meilleur comme du pire en contre-la-montre. Et il ne devrait pas être en mesure de jouer les tout premiers rôles en montagne.
Miguel Angel Lopez: pour une confirmation
25 ans / Colombie / Astana
En l’absence d’Egan Bernal, le grimpeur colombien représente l’espoir de tout un peuple. Pour son unique participation, en 2018, Miguel Angel Lopez avait terminé troisième, maillot de meilleur jeune à la clé.
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Le Colombien arrive confiant après avoir remporté, en début de saison, son tour national et le Tour de Catalogne. Et il sera à la tête d’une équipe, elle aussi, en pleine bourre.
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L’année dernière, Miguel Angel Lopez avait concédé près de 2’30’’ au vainqueur Chris Froome sur l’ensemble des contre-la-montre. Une donnée qui n’a pas changé cette année et qui devrait empêcher le Colombien de viser la victoire finale. D’autant que le coureur Astana n’a plus couru depuis le 31 mars et pourrait manquer de rythme pour le chrono inaugural.
Vincenzo Nibali: le Requin sur son territoire
34 ans / Italie / Bahrain-Merida
Le double vainqueur de l’épreuve, en 2013 et 2016, revient sur son tour national après avoir fait l’impasse en 2018. Et comme toujours, le Requin de Messine fait partie des grands favoris.
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Le Sicilien, dont toute "la préparation a été dessinée pour être prêt sur la ligne de départ du Giro", arrive en bonne condition comme en attestent ses résultats à Milan-Sanremo, au Tour des Alpes et lors de Liège-Bastogne-Liège. Et Vincenzo Nibali pourra compter sur le soutien précieux de Domenico Pozzovivo, cinquième l’année dernière.
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Les années commencent à peser dans les jambes du Sicilien. Surtout sur les grands tours où il ne semble plus en capacité de gagner depuis trois ans.
Tom Dumoulin: des chronos à son avantage
28 ans / Pays-Bas / Sunweb
Après une première participation au goût d’inachevé en 2016, le Papillon de Maastricht a ramené le maillot rose à Rome en 2017 avant d’échouer à 46 secondes du doublé en 2018. Alors qu’il devait à la base faire l’impasse sur le Giro cette année pour se consacrer au Tour, le Néerlandais a changé ses plans pour revenir à la course où il a véritablement explosé.
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Le champion du monde du contre-la-montre devrait tirer profit des 59 km de chronos. D’autant que le Papillon de Maastricht s’estime "dans de bien meilleures dispositions mentales que l’année dernière".
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Tom Dumoulin a assez peu couru depuis le début de saison et pourrait manquer de repères.