Mike Teunissen, le Hollandais volant qu’on n’attendait pas: "Un sprint plus ardu que prévu"
- Publié le 07-07-2019 à 07h40
- Mis à jour le 07-07-2019 à 08h48
Mike Teunissen a relayé avec succès son ami Dylan Groenewegen, victime d’une chute en vue de l’arrivée. Trente ans après Erik Breukink, qui l’avait porté pendant une journée après son succès dans le prologue du Tour 1989 à Luxembourg les Pays-Bas ont retrouvé le maillot jaune. L’épilogue de cette formidable 1re étape, à la réussite populaire et sportive indéniable, nous a rappelé ce que tous les coureurs répètent souvent. Une course n’est jamais jouée avant son terme et on a beau imaginer tous les scénarios, parfois c’est le plus improbable qui devient réalité.
Non que la victoire de Mike Teunissen soit incongrue ou inespérée, que du contraire, mais le coureur de Jumbo-Visma aurait dû servir de dernier étage à la fusée porteuse qui devait propulser Dylan Groenewegen vers la victoire.
"Ce matin, je savais, je sentais, que le maillot jaune serait ce soir dans notre chambre", avouait Teunissen, compagnon de chambrée de Groenewegen, "Mais je n’avais jamais imaginé qu’il serait sur ma chaise. C’est un moment exceptionnel, un peu irrée.""
Après la chute qui avait propulsé au sol son leader et réduit à néant les rêves de l’ancien vainqueur des Champs Elysées (sans toutefois provoquer de blessure grave), Teunissen s’est d’emblée ressaisi et c’est à la manière des plus costauds qu’il a épinglé Peter Sagan qui se voyait déjà enlever une douzième victoire sur le Tour et retrouver le jaune. À la place, le Slovaque devra se contenter d’une 22e deuxième place dans une étape de la Grande Boucle.
Il faut dire que dans les derniers décamètres de l’étape, pourtant en légère montée, le Néerlandais filait à 56 km/heure, alors que le sextuple maillot vert plafonnait à 49 km/h, comme la plupart de ceux qui complètent le top 10. Son coup de rein en vue de la ligne lui permit de sauter le malheureux Sagan et si bon nombre des milliers de spectateurs présents dans le Parc et face au Château de Laken ne lui en tinrent pas rigueur c’est parce qu’ils crurent longtemps que ce vainqueur au maillot Jumbo-Visma était… Wout Van Aert.
"J’ai entendu la chute, mais je n’étais pas certain que Dylan était tombé", raconta Mike Teunissen. "J’ai regardé pour voir où il était et j’ai entendu qu’il avait chuté. Je me suis dit directement, je vais y aller, mais je n’imaginais pas du tout pouvoir gagner. Wout était avec moi, mais il avait déjà fait un effort, je me sentais encore bien, alors j’ai lancé mon sprint dans les cinquante derniers mètres. Soudain, j’ai vu que devant ça ralentissait, y compris Sagan. Je l’ai remonté, mais je ne savais pas si j’avais gagné. Si je m’impose, croyez-moi, Dylan Groenewegen aurait sûrement gagné sans sa chute."
Pendant qu’il répondait aux questions, dans la zone mixte, le nouveau maillot jaune, félicité sur le podium par Eddy Merckx, avait échangé quelques mots par téléphone avec son père.
"Il m’a dit qu’il était à une dizaine de kilomètres de l’arrivée, qu’il avait crié, mais je ne l’ai pas entendu", disait encore Teunissen. "Dommage qu’il ne puisse pas partager ce moment avec moi, ce sera pour ce soir à l’hôtel et plus encore demain. Je vais en profiter. C’est une journée folle ! On travaillait depuis des mois et des semaines pour mener Groenewegen à la victoire. Je n’avais jamais pensé que ce serait moi qui serais là. C’était évidemment un rêve quand j’étais jeune, mais justement, c’était un rêve. Maintenant, on va vite se projeter sur l’étape de demain, qui pour nous est cruciale. J’espère que Dylan et les autres sont en ordre. On va aller à fond, c’est un gros objectif."
L'avis de notre consultant Johan Museeuw: “Un sprint plus ardu que prévu”
1) Teunissen a fait preuve d’une belle capacité d’adaptation
“La chute de Dylan Groenewegen à l’approche de la flamme rouge a quelque peu désorganisé la préparation du sprint de certaines équipes, mais je ne pense pas que celle-ci a eu un réel impact sur le classement de cette première étape. Je trouve remarquable la capacité dont Mike Teunissen a su faire preuve. Alors qu’il préparait le sprint de son équipier, il a très vite pu faire le switch mental pour comprendre qu’il lui fallait désormais se concentrer sur son sprint à lui. Comme beaucoup de monde, ce n’est pas le nom sur lequel j’aurais misé au matin de cette première étape mais je pense qu’on a quelque peu sous-estimé le degré d’exigence de ce dernier kilomètre en faux-plat montant. Le déhanché de Sagan en est une bonne preuve; il s’arrachait dans les derniers mètres pour tenter de ne pas perdre trop de vitesse.” 2) Van Avermaet a joué le coup parfaitement
“Pour un spécialiste des Flandriennes comme Greg Van Avermaet, un passage du Tour sur le Mur de Grammont et le Bosberg, cela revêt une dimension symbolique et il avait à cœur de tenter quelque chose pour le maillot à pois. Il a parfaitement joué le coup tactiquement en se relevant après ses deux difficultés afin d’économiser ses forces dans la perspective des prochains jours. Le chrono par équipes de ce dimanche sera important dans la perspective d’un maillot jaune qu’il espère endosser encore cette année et la journée de lundi lui convient bien. Il aura besoin de forces…”