Ce jeudi, Nibali aura du pain... sur la Planche dans les Vosges
L’Italien dit ne pas avoir récupéré du Giro. Bluff ou aveu de faiblesse ? La difficulté des Vosges donnera une première tendance.
- Publié le 11-07-2019 à 07h54
- Mis à jour le 11-07-2019 à 09h24
L’Italien dit ne pas avoir récupéré du Giro. Bluff ou aveu de faiblesse ? La difficulté des Vosges donnera une première tendance. Bradley Wiggins a récemment qualifié Vincenzo Nibali (34 ans) de "coureur le plus classe au monde". Un beau compliment venant d’un sir britannique et ex-vainqueur du Tour qui n’ôte pas pour autant les doutes qui accablent la cervelle de l’Italien.
Lors de la présentation de son équipe Bahrain Merida à Bruxelles, l’Italien est apparu stressé, taiseux. Surtout au moment d’évoquer ses ambitions.
Le 30 juin dernier, on l’a vu à la ramasse sur le championnat d’Italie. Un mauvais présage pour le Requin de Messine. Et Dieu sait s’ils sont importants sur le Tour ou à l’approche de celui-ci.
L’an passé, il avait chuté à cause d’un spectateur alors qu’il avait les jambes pour suivre l’armada Sky.
Cette année, c’est au Giro qu’il a connu une nouvelle désillusion. Il l’a d’ailleurs avoué : il a suivi le mauvais coureur. Trop concentré sur Primoz Roglic, l’Italien a laissé filer Richard Carapaz. Il ne le reverra plus avant le podium final. L’Équatorien sur la première place, lui sur la deuxième.
Tant d’efforts pour connaître un nouveau Tour de galère ? C’est bien probable. Nibali semble même s’y attendre. Veut-il aller chercher le maillot jaune ? Bien évidemment. En a-t-il les moyens ? On en est moins convaincus.
Seule sa victoire à Milan-Sanremo vient remplir un palmarès vide depuis début 2018. Il arrive donc, pour la première fois depuis longtemps, dans un grand Tour sans le statut de favori ou d’outsider. Le peloton voit en lui la grande inconnue et lui-même ne semble pas trop savoir où se situer.
"Je suis honnête avec vous : j’ignore complètement si je suis remis de la fatigue du Giro. Lors du championnat d’Italie, je n’avais pas les sensations espérées. Donc, je ne m’emballe pas. Je verrai de jour en jour ce que je suis en mesure de faire. Lors des premiers kilomètres montagneux, j’aurai déjà une indication sur ma condition. J’espère que le signal sera positif."
Le rendez-vous est donc pris sur la Planche des Belles Filles, au menu de ce jeudi, là où il s’était imposé en 2014 (lire ci-contre). L’Italien pourrait tenter un coup mais aura surtout envie de rester dans le coup. Il a déjà prévenu son équipe. Jusqu’à la première étape de montagne, il les a laissés protéger Sonny Colbrelli, le sprinter de Barhain.
"Je ferai ensuite le point sur mon état de fraîcheur et sur ce dont je suis capable. Nous n’avons pas encore fixé de plan de course avec l’équipe. Nous en discuterons après la Planche."
Il craint que le Tour ne tombe un peu tôt. Trop proche d’un Giro qui a laissé des traces indélébiles sur un corps vieillissant. Pour beaucoup, Nibali a forcé le doublé Giro-Tour pour la simple et bonne raison qu’il s’agit de sa dernière chance d’enchaîner deux grands Tours sur une saison. Plus les années avancent, moins le corps en supporte. Un choix qu’il viendrait presque à regretter au moment où le tracé arrive dans ses premiers forts pourcentages. "Le pari est risqué mais j’avais vraiment envie de disputer l’épreuve. J’espère ne pas vivre un Tour compliqué. Chris Froome est parvenu à faire de belles choses en Italie et en France l’an passé mais il a souffert, ce qui confirme la difficulté de briller sur les deux tableaux."
Nibali n’est d’ailleurs pas à son coup d’essai en la matière. "En 2008, j’avais craqué après dix jours à cause de la fatigue. Puis, en 2016, alors que j’étais venu pour travailler pour Aru, j’espérais gagner une étape. Elle n’est jamais arrivée. Je ne garde pas de bons souvenirs de ces deux tentatives."
À tel point qu’il ignore où il en est. "Il y a encore un peu de fatigue mais je ne sais pas si je suis remis. Je suis un coureur offensif et j’aurai envie de faire bouger la course. Si un adversaire montre ses limites, je suis du genre à sauter sur l’opportunité."
Si les jambes suivent, Nibali a tout pour être un acteur clé du Tour. Peut-être pas dans le rôle d’un potentiel vainqueur mais dans celui du trouble-fête qui va tout faire exploser sur certaines étapes.
Le parcours est taillé pour les purs grimpeurs de sa trempe. "Mes adversaires seront plus frais mais je pourrai me rabattre sur des victoires d’étapes. À La Planche ? Je connais bien la côte. Et si les jambes tournent bien, on essaiera de lutter pour le maillot jaune."