Amis Français, c'est l'année ou jamais pour gagner le Tour de France !
Avec Bardet et Pinot, la France espère renouer avec la victoire après plus de 30 de disette.
- Publié le 05-07-2019 à 08h12
- Mis à jour le 05-07-2019 à 12h38
Avec Bardet et Pinot, la France espère renouer avec la victoire après plus de 30 de disette.
Et si c’était enfin l’année des Français qui attendent depuis 1985 et le dernier succès de Bernard Hinault de remporter à nouveau le Tour ? Romain Bardet et Thibaut Pinot, qui sont déjà montés sur le podium à Paris, semblent bien armés.
Une Revanche à prendre après un début de saison difficile
Bardet est conscient d’avoir manqué ses courses ces derniers mois. "Mon début de saison n’a pas répondu à mes attentes, mais trois belles semaines s’annoncent. C’est maintenant que tout le travail que j’ai effectué, tout ce qu’on a mis en place avec l’équipe, doit payer."
Une autre sur son dernier tour
L’Auvergnat veut effacer son Tour 2018 en demi-teinte. "J’étais écœuré après trois semaines où j’avais essayé d’activer tous les leviers pour briller et où j’avais été impuissant. J’étais déçu. J’ai tourné la page."
Le parcours lui plaît
L’on soupçonne les organisateurs (qui s’en défendent) d’avoir taillé un tracé à la mesure de Pinot et Bardet, très montagneux et allégé en contre-la-montre.
"J’ai été enchanté par le parcours, par les possibilités qu’il offre, la densité des étapes de montagne qui est plus prononcée que l’an dernier, qui devrait offrir une course plus débridée que l’an dernier dans les Pyrénées. Je vois le Tour comme une grande montée en pression. La dynamique des premiers jours peut être importante. J’ai la conviction que la troisième semaine, dans les Alpes, avec toute la fatigue accumulée dans les jambes, va provoquer de gros écarts. C’est sans doute la plus dure que j’aie jamais vue sur le Tour. Moi, elle me convient parfaitement. Pour moi, l’étape avec les trois cols à plus de 2 000 mètres, Vars, Izoard, Galibier sera la plus importante de ce Tour."
Des Favoris absents donc un Tour plus ouvert
"Non, je pense que pas grand-chose ne change. Je ne me fais aucune illusion sur la force collective du Team Ineos, même sans Chris Froome. Certains favoris manquent mais il y a suffisamment de prétendants qui seront au top de leur forme. La bataille sera très rude entre une dizaine de coureurs, Egan Bernal et Geraint Thomas en tête. Notre ami Jakob Fuglsang a aussi une vraie chance de l’emporter, c’est peut-être lui le plus fort depuis le début de l’année. Pour l’instant, je mets tout le monde sur un pied d’égalité, que ce soient Adam Yates, Dan Martin, Nairo Quintana ou Mikel Landa. J’oublie Steven Kruijswijk, aussi. Il y a une grande densité. Cela va rendre la course passionnante, avec un bouquet final dans les Alpes en troisième semaine. Je saurai déjà à La Planche des Belles Filles (NdlR : jeudi prochain)."
Six Tours, 3 étapes, 2 podiums, 5 top 10
À 28 ans, Romain Bardet dispute son 7e Tour de France consécutif. Après avoir fini 15e (et premier Français) en 2013, il s’est chaque fois classé parmi les dix premiers. L’année suivante, il sort du top 5 sur crevaison lors du dernier chrono, il finit 6e après avoir porté le maillot blanc six jours.
En 2015, après une traversée des Pyrénées compliquée, il se reprend dans les Alpes en attaquant régulièrement, ce qui lui vaut d’être élu Supercombatif. Il gagne la première de ses trois étapes à Saint-Jean-de-Maurienne. Il y a trois ans, alors qu’il est 5e du général, il attaque dans la 19e étape vers Saint-Gervais Mont-Blanc, où il s’impose. Son coup de force lui permet de finir 2e ce Tour 2016.
Douze mois plus tard, Romain Bardet termine 3e après avoir gagné la 12e étape à Peyragudes et tenté plusieurs fois, sans succès, de distancer Chris Froome dans les Alpes. Il s’élance au départ du dernier chrono, à Marseille, en dauphin du Britannique, mais il termine à l’agonie, dépassé par Rigoberto Uran et menacé par Mikel Landa, sur lequel il conserve une seconde d’avantage à Paris. L’an dernier, l’Auvergnat, qui a perdu rapidement plusieurs équipiers, est constamment moins bien que ses principaux rivaux. Il doit se contenter de la 6e place.
Pinot: "J’arrive en conquérant"
"On espère être le plus près possible d’Ineos. Et pourquoi pas les anéantir dans leurs ambitions au classement général ?"
Quand Marc Madiot, le directeur sportif de Groupama-FDJ, parle de la sorte, c’est qu’il a un plan. Il l’a articulé autour de Thibaut Pinot. Le Français de 29 ans est de retour sur la Grande Boucle et pourrait créer la surprise. "Nous travaillons sur le Tour depuis six mois et nous n’avons jamais été aussi bien préparés", dit Madiot.
Il est moins attendu
Thibaut Pinot se déleste pourtant rapidement du statut de favori. Le grimpeur cite trois noms : "Fuglsang, Bernal et Thomas."
Son statut a pourtant changé depuis sa belle victoire de l’an passé sur le Tour de Lombardie. "On me regarde différemment. C’était mon premier monument et depuis les adversaires se méfient de moi. Ils ne me voient pas comme un favori pour autant."
Une revanche à prendre
Pinot est pourtant convaincu d’avoir sa chance. Après trois échecs (une absence et deux abandons), il veut montrer qu’il est plus fort que le coureur qu’il était lors de son podium en 2014.
"J’arrive avec un état d’esprit conquérant. J’ai envie d’être au départ. Et pour une fois, c’est vrai. Je suis frais dans la tête. Ma fierté en a pris un coup ces dernières années."
Physiquement frais
Avec sa motivation et son style offensif, Pinot pourrait faire d’énormes dégâts. Il aura besoin de ses meilleures jambes pour secouer les ténors et être constant.
"J’arrivais souvent au Tour en voulant trop bien faire de janvier à juin", explique-t-il. "Je me fatiguais et j’arrivais sans fraîcheur au départ."
Il a volontairement allégé son programme en début de saison avec tout de même une belle 5e place à Tirreno-Adriatico et une victoire au Tour de l’Ain. "La préparation a été idéale et j’arrive dans les meilleures conditions. Cela ne s’est jamais produit par le passé."
Pas de souci en altitude
Le Tour est taillé pour de vrais grimpeurs et Pinot fait partie de cette race. D’autres savent faire face aux pentes les plus raides mais sauront-ils résister à l’altitude avec six cols à plus de 2 000 mètres en trois jours ?
"Je ne souffre pas de l’altitude alors qu’elle peut fatiguer les organismes d’autres. C’est un avantage."
Il a de vrais lieutenants
Le chef de file de l’équipe ne sera pas seul. Il a à ses côtés un équipier de luxe en la personne de David Gaudu. Le jeune prodige a pour fonction d’accompagner son leader dans la montagne. "C’est ma première tâche, avant de penser au maillot blanc", a-t-il lancé.
Gaudu comme Rudy Molard ont préparé cette compétition depuis six mois et sont prêts à se sacrifier pour leur leader.
Il reste sur deux abandons
Thibaut Pinot ne s’est pas présenté au départ du Tour 2018. Victime d’un début de pneumonie au Giro, il n’était pas en état de courir à 100 %. "Et cela m’a fait très mal de le regarder à la télévision." Surtout qu’il restait sur deux abandons lors des éditions précédentes. À chaque fois en étant tombé malade durant la course.
Pour se motiver, il gardera en tête les deux éditions qui l’ont mis sur le devant de la scène. Il a terminé l’édition 2014 avec le maillot blanc et sur la troisième marche du podium. Un an plus tard, il a remporté sa première victoire. En costaud sur les pentes de l’Alpe d’Huez.