Dylan Teuns: "Sur le Mur, c’est tout ou rien…"
Troisième en 2017, Dylan Teuns espère décrocher son premier podium de la saison au sommet du Mur de Huy.
- Publié le 24-04-2019 à 07h24
- Mis à jour le 25-04-2019 à 11h28
Troisième en 2017, Dylan Teuns espère décrocher son premier podium de la saison au sommet du Mur de Huy. Posé sous la veranda de l’hôtel de La Gleize où son équipe Bahrain-Merida s’est installée pour les classiques wallonnes, Dylan Teuns a la voix aussi feutrée que l’endroit. Au retour d’une sortie d’entraînement légère sur les bosses de Liège-Bastogne-Liège, le Limbourgeois a pris le temps de préfacer une Flèche wallonne qui l’avait révélé au grand public en 2017 (3e).
Dylan, comment vous sentez-vous à l’approche des deux derniers volets du triptyque ardennais ?
"Bien même si, et c’est un peu paradoxal, je n’ai pas épinglé de résultat de premier plan ces dernières semaines (NdlR : 66e de la Flèche brabançonne et 64e à l’Amstel) . Au Pays basque, j’avais été contrarié par une petite chute sans gravité. J’aborde désormais les deux classiques qui me conviennent le mieux : la Flèche wallonne et Liège-Bastogne. Deux belles opportunités que je veux saisir."
Le fait d’être déjà monté sur le podium de la Flèche est-il un atout ou génère-t-il un surcroît de pression chez vous ?
"Je vois cela plutôt comme un atout. Je sais que je suis capable de rivaliser avec les meilleurs spécialistes sur ce type d’arrivée. J’ai bien travaillé durant tout l’hiver et me pense, pour être concret, au même niveau que lors du dernier Tour de Lombardie où j’avais pris la troisième place par exemple. Mais je sais aussi que le Mur de Huy est impitoyable. Sur cette difficulté, c’est tout ou rien. Si vos jambes fléchissent à un moment ou à un autre, cela se paie cash."
L’année dernière, vous étiez passé à côté de votre sujet sur la Flèche (30e). Quelle leçon en avez-vous tirée ?
"J’avais commis une erreur dans ma préparation en voulant en faire trop à l’entraînement. Dans la foulée de Paris-Nice, j’étais en effet parti en stage en altitude. Cela s’était traduit par le fait que j’avais passé mon pic de forme au moment d’arriver sur les classiques wallonnes. Plutôt que de partir en montagne, je me suis donc entraîné dans les Ardennes cette année."
De votre Limbourg natal, Huy n’est pas très loin. Y veniez-vous régulièrement pour gravir le Mur de Huy ?
"J’habite tout de même à 70 bornes de la cité mosane mais je l’intégrais occasionnellement sur mes longues sorties d’entraînement. Je me souviens que lorsque j’étais junior, je venais toujours assister à la Flèche dans le Mur que je rejoignais à vélo. Ce sont des super souvenirs !"
S’agit-il dès lors de la course de vos rêves ?
"J’avoue davantage rêver de Liège-Bastogne-Liège car il s’agit d’un monument, mais je serais évidemment super heureux de m’imposer à Huy !"
Comment se passe votre intégration dans cette équipe Bahrain-Merida que vous avez rejoint cet hiver ?
"Bien, même si je dois encore améliorer mon italien de manière à pouvoir communiquer plus facilement avec certains équipiers et le staff. Je suis heureux d’y avoir retrouvé Rik Verbrugghe, un directeur sportif dont j’apprécie beaucoup la façon de travailler. Il incarne vraiment une personne de confiance. Il reste toujours calme et concentré sur le travail."
Vincenzo Nibali intégrera l’équipe pour Liège-Bastogne-Liège. Qu’avez-vous appris de lui jusqu’ici ?
"Nos problèmes de courses sont assez différents puisque nous n’avons disputé que Milan-Sanremo ensemble. Il est donc un peu tôt pour vous livrer cette analyse… (rires) "
Verbrugghe : "Il est physiquement prêt mais il doute"
Pour le directeur sportif de l’équipe Bahrain, un résultat à Huy lancerait définitivement la saison de Teuns.
"Le cyclisme, c’est parfois autant la tête que les jambes…"
En une petite phrase, Rik Verbrugghe synthétise son analyse du début de saison de Dylan Teuns. Directeur sportif de la formation Bahrain-Merida, l’ancien vainqueur de la Flèche wallonne connaît particulièrement bien le coureur limbourgeois pour l’avoir dirigé lors de son passage dans les rangs du BMC Development Team.
"Lorsque nous analysons les valeurs recueillies par son capteur de puissance tant à l’entraînement qu’en course, nous voyons que Dylan est parfaitement prêt physiquement", juge Rik Verbrugghe. "Il n’est cependant, jusqu’ici, pas encore arrivé à matérialiser ce bon niveau de forme par un résultat d’envergure. Cette attente a installé une forme de doute chez Dylan, un manque de confiance en ses moyens qu’il doit gommer. Un bel accessit ou une victoire pourrait, à mon avis, tout changer très rapidement…"
Les circonstances de course se mettent par ailleurs parfois en travers du chemin du Limbourgeois.
"Dimanche dernier, sur l’Amstel Gold Race, il est longtemps resté en contre après qu’Alaphilippe et Fuglsang sont passés à l’attaque. Cela prouve qu’il est à niveau", continue l’ancien porteur du maillot rose du Tour d’Italie. "Après une longue poursuite, il a malheureusement été repris dans les environs du Kruisberg où cela a embrayé, ce qui lui a été fatal après sa grosse débauche d’efforts. Sa 64e place finale ne traduit pas la prestation qu’il y a livrée. Quelques jours plus tôt, sur la Flèche brabançonne, il s’était mis à la planche pour Sony Colbrelli, qu’il avait tenté de ramener sur le quatuor composé d’Alaphilippe, Van der Poel, Wellens et Matthews. Il avait alors assuré de gros relais avant de, logiquement, lâcher prise dans les dernières bosses. La Flèche wallonne est une course qui convient à notre Limbourgeois. Un bon résultat ce mercredi lancerait très certainement sa saison définitivement."