Comment Philippe Gilbert a fait trembler Sky
Le Liégeois s’est lancé dans une offensive qui a condamné Kwiatkowski. Il échoue à 45 secondes du maillot jaune pris par Bernal.
- Publié le 17-03-2019 à 08h57
- Mis à jour le 17-03-2019 à 09h22
Le Liégeois s’est lancé dans une offensive qui a condamné Kwiatkowski. Il échoue à 45 secondes du maillot jaune pris par Bernal. À la veille de l’arrivée, Philippe Gilbert est passé si près, et si loin à la fois, d’un véritable exploit. Le Liégeois, qui est occupé à réaliser un Paris-Nice exceptionnel, s’est lancé dans une échappée au long cours de 140 kilomètres qui a failli lui permettre de ravir le maillot jaune. Parmi les 39 hommes (!) qui avaient fini par obtenir un bon de sortie, le Liégeois était le mieux placé au classement général, 16e à 2:01 de Kwiatkowski.
"La tactique était de nous glisser dans l’échappée et ça a réussi puisque nous étions deux avec Tim (De Clercq)", explique le coureur de Deceuninck-Quick Step qui fut longtemps virtuel maillot jaune puisque le groupe a eu plus de six minutes d’avance. "Tout le monde a bien collaboré et nous avons roulé intelligemment et Tim a été d’un grand soutien jusqu’à la première partie du Turini."
Les Sky ont tremblé dans la montée finale (15 km à 7,3 %), lorsqu’il a été évident que l’écart avec Gilbert ne fondait pas assez vite car Michal Kwiatkowski, que la formation britannique aurait aimé conduire à la victoire ce dimanche, n’était pas dans un grand jour.
"Dans la montée, que je connaissais évidemment, puisque je vis tout près d’ici et cela m’a aidé, j’ai grimpé à mon rythme", dit Gilbert. "Le Turini, c’est de loin le col le plus dur de la région. Je ne pouvais rivaliser avec les purs grimpeurs (NdlR : les Colombiens Daniel Martinez et Miguel Angel Lopez, qui réalisent le doublé, ou Simon Yates, 4e). Malheureusement, j’ai eu très peu d’information et je suis monté à l’aveugle quant aux écarts en essayant de garder mon rythme."
Finalement, Egan Bernal qui, à trois kilomètres du sommet, a fini par recevoir sa liberté quand Kwiatkowski a lâché prise, a contenu Gilbert pour 45 secondes. Il est évident que la dernière étape très difficile autour de Nice ne permettra pas au Wallon de détrôner le grimpeur colombien. Gilbert devrait même perdre du lest, car Nairo Quintana le suit à une seconde et d’autres ne sont pas loin.
"C’est la première fois que je suis sur le podium de Paris-Nice, si près de l’arrivée", dit encore le Monégasque. "C’est un sentiment étrange, mais j’en suis très heureux, d’autant plus que j’ai entendu à la radio que Bob (Jungels) aussi fait une bonne étape et est resté dans le top 10 (10e à 3:06) . Cela va nous motiver encore plus pour la dernière étape. Je suis curieux de voir ce qu’elle apportera. On verra si je peux finir dans le top 10 !"
Bernal : "Nous étions très inquiets"
"C’est Gilbert qui nous a mis sous pression, il roulait vraiment fort" a expliqué le Colombien, nouveau leader.
Le Polonais Michal Kwiatkowski a vu, sauf surprise, ses chances d’enlever Paris-Nice s’envoler dans la montée du Turini. Sans la présence de Gilbert aux avant-postes et la perspective qui devenait de plus en plus évidente au fil des kilomètres de l’ascension que le Wallon pouvait créer une surprise énorme, les Sky, Ivan Sosa en tête, n’auraient pas dû augmenter un rythme qui condamna… Kwiatkowski.
"Le rythme était trop élevé", avoua Kwiato. "Je n’ai pu suivre les meilleurs et j’ai dû lâcher à trois kilomètres du sommet."
Ce qui permit donc à Bernal de s’envoler, avec Nairo Quintana, le seul à pouvoir suivre son compatriote, et de sauver le maillot jaune pour Sky.
"Au début de la dernière ascension nous pensions que ça allait être facile de contrôler la situation", a dit le nouveau maillot jaune. "Mais l’écart ne faiblissait pas assez vite, alors il a fallu accélérer. Nous étions très inquiets parce qu’il ne fallait pas abandonner le maillot à Gilbert. Michal a été honnête et il nous a dit d’y aller, alors nous avons roulé sur le dernier kilomètre comme si nous étions sur un contre-la-montre. Kwiatowski était notre leader jusqu’aux derniers kilomètres, c’est lui qui a eu le poids de la course pendant toute la semaine."
Il reste toutefois une étape et rien n’est donc joué.
"Les écarts ne sont pas énormes", poursuit Bernal. "Même si je suis dans une bonne position et que j’ai une équipe très forte, il faut absolument rester très concentrés. Courir Paris-Nice n’a rien de facile, je n’ai jamais vu une course avec autant de pression."