A la découvertue du T1 de Virton David Gevaert: "Entrainer en Wallonie, j’en rêvais"
Le Flandrien David Gevaert (49 ans) se sent comme un poisson dans l’eau en Wallonie.
- Publié le 30-11-2018 à 11h49
- Mis à jour le 30-11-2018 à 12h37
Le Flandrien David Gevaert (49 ans) se sent comme un poisson dans l’eau en Wallonie.
Marc Grosjean démis de ses fonctions, David Gevaert a pris le relais le 26 octobre à Virton. Il a franchi le cap d’entraîner dans la partie sud de la Belgique, encouragé par une famille qu’il voit moins mais qui le soutient.
"J’ai besoin d’un environnement favorable pour bien travailler. C’est le cas ici", affirme cet ancien coach de l’Antwerp.
Monsieur Gevaert, votre arrivée à Virton a surpris beaucoup de monde. Avez-vous hésité à quitter la région gantoise, Nazareth précisément ?
"Naturellement. Mon épouse connaît mon ambition qui est celle d’entraîner au plus haut niveau possible. Oui, je suis très ambitieux. Par le passé, l’opportunité s’était présentée d’entraîner à l’étranger. Cela ne me disait rien. J’ai accepté l’offre de Virton."
Après un mois, oseriez-vous établir une comparaison entre la Flandre et la Wallonie ?
"Entraîner en Wallonie est une première. J’en rêvais. Chez nous, on travaille, on fait son job non à 100 % mais à 200 %. Ensuite, on voit ce que l’on voit. Pour y arriver, tu ne dois pas beaucoup parler mais travailler. Ma mentalité est ainsi. Chaque minute de la journée, le foot occupe mes pensées. Je n’ai pas le temps d’aller sur Facebook, de gérer un compte Twitter. Mon téléphone me suffit."
Vos joueurs se montrent-ils réceptifs ?
"Si tu t’investis, les joueurs te rendront la pareille. Si tu fais beaucoup de choses difficiles, tu peux prétendre arriver au plus haut niveau."
Que penser de la mentalité luxembourgeoise ?
"Je rentre à Nazareth (Flandre-Orientale) dimanche après-midi et je reviens à Virton le lendemain. Le lundi est un jour où j’ai besoin de me reposer, d’aérer mon cerveau. J’habite Torgny et le cadre y est enchanteur - on surnomme Torgny la Provence belge. Me promener, faire du VTT me permet d’avoir la tête claire pour le reste de la semaine. Je suis entré contact avec mes voisins. Ils sont charmants, ouverts au dialogue. Les gens sont accueillants. J’ai besoin de bien me sentir au quotidien pour effectuer mon travail du mieux possible. Mon ressenti est positif."
Votre famille est-elle venue vous rendre visite ?
"Mes fils (Loïc et Mathé) ont assisté aux matchs à Geel et à Heist. Mon frère Lieven est venu contre Boom. Notre famille, engagée, soudée, est désireuse de me voir réussir à Virton. Le projet est super."
Vous possédez le diplôme entraîneur UEFA Pro depuis 2012. Avec quelle génération étiez-vous ?
"Avec, entre autres, Besnik Hasi, Bob Peteers, Guy Hellers et Chris Janssens."
Certains ont entraîné en Jupiler Pro League. Vous affirmez avoir de l’ambition à revendre. Avez-vous un plan de carrière ?
"Que les choses soient claires : tu dois avoir de l’ambition au moment présent quand/où tu entraînes. C’est mon cas. Par contre, je ne me projette pas. Le football est si changeant."
Vous avez dirigé cinq matchs (13 points sur 15). Quelle est votre philosophie et que vous inspire la D1 amateurs ?
"Je veux toujours marquer un but de plus que l’adversaire. Si tu ne marques pas, tu ne gagnes pas. Dans cette série, les noyaux de toutes les équipes sont suffisamment équilibrés pour permette aux entraîneurs de jouer avec n’importe quel système de jeu. La venue de Dender requiert mon attention. Rien d’autre."
Partagé entre football et volley-ball
Né le 15 avril 1969 à Gand, originaire de Nazareth en Flandre orientale, David Gevaert espère fêter son 50e anniversaire en amenant l’Excelsior Virton en D1B. Il est marié à Els – son épouse travaille dans le secteur de l’informatique – depuis 1994. Un bail. Le couple a deux garçons – Loïc (19 ans) et Mathé (12 ans) – et une fille : Luca (17 ans). Il ne s’agit pas vraiment de prénoms à consonance flamande/néerlandophone. “C’est plutôt français”, sourit-il. “Mathé est d’origine bretonne. Luca, c’est un mix français – italien. Nous aimons la France, sa culture et ceci explique cela.” Le papa est entraîneur de football, la maman joueuse de volley-ball à Nazareth (P1) et les enfants (forcément) sportifs. “Oui. Loïc était avec moi à Dikkelvenne (D2 amateurs) la saison passée. Il joue à Jong Zulte (pas Zulte-Waregem !) en P1 (8e). Mathé est footballeur à Audenaerde (U13). Luca pratique le volley à Nazareth (P1).” Le frère Lieven (42 ans) coache Mandel United (D2 amateurs) – cette équipe a éliminé Waasland-Beveren en Croky Cup.
“Une superbe expérience à Anvers”
“J’ai entraîné le Great Old en 2015-2016. C’était la saison où le top 8 intégrait le monde professionnel. Les dirigeants m’ont dit : ‘Si tu termines 5e, c’est une bonne année.’” Au préalable, l’équipe finissait 8e, 9e, 10e. Ceci explique cela. “Ce fut un championnat compliqué car, très vite, nous étions dans le top 3. Après trois mois, les ambitions ont été revues à la hausse avec l’obligation de finir parmi le top 5. À la trêve, nous étions premiers ! Le souhait était d’être champion. La marche était toujours plus haute et, là, on a vu qu’il manquait des choses pour aller au bout – le White Star Bruxelles fut sacré mais, faute de recevoir sa licence, Eupen fut promu. Ce fut une expérience formidable. Les supporters sont fous de moi. Je suis parti en mai 2016. J’y suis revenu en octobre et je suis resté un mois. Avec John Bico (nommé directeur sportif), il n’y avait pas le déclic. Je ne reste pas pour le salaire et je suis comme ça. Pourtant j’avais un super contrat.”
“Le football, c’est le sport du peuple”
“Ce qui se passe avec les affaires liées au football belge est catastrophique. On ne peut pas commettre de telles choses. Le football, c’est le sport du peuple. Ce n’est pas un sport d’élite comme le polo ou le golf. Les supporters ne méritent pas cela. Désormais, tous les agents sont dans l’œil du cyclone et chaque manager est considéré comme Bayat. En fait, c’est comme dans chaque job : vous avez de bons avocats, de bons médecins, de bons professeurs, de bons journalistes et de… mauvais. S’il arrive un moment difficile pour le football, c’est maintenant. Il est important d’avoir de la clarté tant il y avait trop de choses anormales sans pouvoir les prouver. Tous les gens veulent un sport honnête, des joueurs, des dirigeants, des managers honnêtes. Je n’ai jamais été contacté pour fausser un match et il est préférable de ne pas le faire.”