"Un regret ? Ne pas avoir rejoint Eupen à 19 ans"
Kevin Raets tournera bientôt le dos aux pelouses. La fin de 30 ans d’histoire.
- Publié le 19-04-2019 à 15h34
Kevin Raets tournera bientôt le dos aux pelouses. La fin de 30 ans d’histoire.
Après dix-sept ans passés en nationale, Kevin Raets évolue actuellement à Dison, en P1. En fin de saison, il mettra un terme à une brillante carrière. Rencontre avec celui que l’on surnomme Popeye.
Vous souvenez-vous d’un match en particulier ?
"Ceux de la montée avec La Calamine et le CS Verviers. Nous avons chaque fois fêté le titre lors du dernier match."
Si je vous dis Coupe de Belgique, ça ne vous rappelle rien ?
"Ah si ! Contre La Louvière, qui évoluait en D1. Le stade de Bielmont était rempli et nous avions failli accrocher cette équipe dirigée par Ariël Jacobs. Dans les buts, on retrouvait Silvio Proto. Nous avions été éliminés aux prolongations. Ce match restera gravé à jamais dans ma mémoire."
Que pensez-vous du foot à Verviers aujourd’hui, qui est proche d’un niveau de… P3 ?
"C’est malheureux pour une telle ville. Si le club avait été géré par des gens compétents, ils auraient gardé les jeunes plutôt que de transférer des joueurs étrangers. Du talent, il y en a, mais les dirigeants ont voulu jouer aux Américains."
Vous êtes passé deux fois par Verviers et La Calamine. Plutôt étonnant alors que ces clubs ne bâtissaient pas toujours sur le long terme.
"J’aurais bien fait toute ma carrière à Verviers mais le club était géré par Philippe Collette, Alain Grosjean… des amateurs incompétents. À La Calamine, Niro me voulait. En fin de saison, j’ai rediscuté avec Sebastian mais voilà, c’est Egide quoi. Je suis reparti à Verviers mais j’avais vu clair. Puis je suis retourné à La Calamine car Stéphane Huet y était entraîneur mais Sébastian cherchait toujours à en titiller certains, dont moi. Quand je suis parti à Hamoir, j’ai reçu des insultes de Huet et Foguenne mais j’avais vu clair une fois de plus. Ils se faisaient virer un mois après (rires)."
Si vous deviez composer votre 11 type, en 4-4-2, de joueurs avec qui vous avez joué, qui serait sur le terrain ? Et qui entraînerait ?
"Ouf, c’est un jeu dangereux. (En hésitant) De droite à gauche, en défense : Ozdemir, Birti, Caserini et Demarteau. Au milieu : Pinckaers, Miceli, Foguenne et Amrous. Devant : Knaepen et Guillaume Legros. Je risque de faire des déçus mais je choisis Stéphane Huet comme coach."
Dison a transféré du lourd. Avez-vous pensé à revenir sur votre décision ?
"Non, je savais que mes amis revenaient. Jean-Sébastien Legros m’avait tenu au courant. Mais l’envie n’est plus trop là. Rentrer du boulot, aller s’entraîner et jouer le dimanche, ça fait beaucoup. Mon fils va commencer le foot, je vais le suivre. En plus, le dimanche, il me demande souvent de rester à la maison."
Vous reverra-t-on dans le monde foot ?
"Je me laisse un an pour souffler et suivre mon gamin. Après, on verra si ça me manque. Je suis persuadé que l’on n’enlève pas trente ans de vie du jour au lendemain. Deux ou trois clubs m’ont déjà contacté pour aller entraîner."
Un regret en particulier ?
"Un seul. L’année où nous avons été champions avec Benoit Thans à Verviers, il est devenu dirigeant. Il m’avait toujours dit que si un club de plus haut me voulait, il me laisserait partir. Eupen est venu mais j’étais toujours sous contrat et je n’ai pas pu y aller. J’avais 19 ans, j’aurais peut-être pu décoller à ce moment-là."
Raphaël Miceli: “Jamais vu râler ou faire la tête.”
Raphaël Miceli fut l’un des premiers équipiers de Kevin Raets, lancé dans le grand bain d’une équipe fanion au RCS Verviers. Les deux hommes se sont ensuite retrouvés dix ans plus tard en bordure du Néblon, sous les ordres du coach actuel de Hamoir. “Je ne l’ai jamais vu râler ou faire la tête. Humainement, dans un groupe, c’était un exemple, raconte Miceli. Sauf quand il désobéissait comme un samedi matin à l’entraînement lors d’un exercice de reprises de volée. Il s’était fracturé la clavicule !” L’ancien professionnel n’est pas loin de penser que Raets fut à bonne école à ses débuts. “Il a eu quelques bons exemples à suivre dans le vestiaire, sur le terrain et dans la buvette. Les troisièmes mi-temps font partie du jeu dans le foot amateur. Elles sont même importantes dans la durée et la réussite d’une carrière.” Un parcours qui, en mai 2015, (r)amena les deux compères en D3 avec les Rats, par la grâce d’un but décisif de qui vous savez face à Visé.
Stéphane Huet: “Un dribbleur hors norme”
Kevin Raets a côtoyé une petite quinzaine d’entraîneurs, et non des moindres. Il a notamment travaillé 2 ans et demi avec Stéphane Huet, à La Calamine puis à Visé plus récemment. “Je l’avais découvert en scolaires à Verviers lors de mon passage là-bas chez les jeunes”, rappelle son ancien coach. Huet a forcément tiré profit des qualités d’un garçon qu’il avait à l’œil et très souvent utilisé sur un flanc. “Un dribbleur hors norme dans les espaces courts. Plus jeune, son explosivité faisait le reste. Pied gauche ou pied droit, pour lui, c’est pareil. Il a été performant très tôt et le revers, c’est qu’une lassitude s’est probablement installée plus vite que pour d’autres”, pense Capello. “Une anecdote ? Un jour à La Calamine, il monte au jeu à la 85e. En voulant encore gagner du temps, j’ai effectué un dernier changement… en rappelant Kevin sur le banc ! On en rigole aujourd’hui, mais autant vous dire qu’il avait mal pris mon manque de psychologie.”
Kevin Raets (34 ans/médian offensif) en 5 points
- 6> C’est le nombre de clubs où il a joué. Il a évolué jusqu’en D2 à Hamoir.
- 4> Raets est monté à quatre reprises. Deux fois comme champion (CS Verviers et La Calamine) et deux fois via le tour final (Hamoir et Visé).
- 0> Il n’a jamais connu de descente.
- Popeye> Benoit Thans l’avait surnommé ainsi. Depuis, il est connu sous ce nom.
- Menuisier> C’est son métier. Il travaille sur de nombreux chantiers, parfois assez loin.