Rencontre avec Mohamed Kane (Seraing): "Jamais ressenti de jalousie, ni de découragement"
Champion du Sénégal avec Génération Foot, Mohamed Kane (27 ans) apporte sa force et sa puissance à la défense sérésienne.
- Publié le 13-02-2019 à 15h14
- Mis à jour le 13-02-2019 à 15h35
Champion du Sénégal avec Génération Foot, Mohamed Kane (27 ans) apporte sa force et sa puissance à la défense sérésienne. Natif de Dakar, Mohamed Kane a tâté de la vie liégeoise à l’été 2018 en venant s’entraîner avec les Métallos. Appartenant au FC Metz, il est retourné en Lorraine jusqu’en janvier, date de la levée d’interdiction de transfert des Métallos. Rencontre.
Mohamed, comment se passe votre intégration ?
"Très bien. La présence de Wagane (Faye) , déjà mon équipier de l’axe central lors de notre passage à Génération Foot, me permet d’être déjà à l’aise sur et hors des terrains."
Parlez-nous de cette académie Génération Foot à Dakar…
"Nous avons été formés là-bas. Les lieux, on les connaît comme notre poche vu qu’on logeait sur place. La formation y est principalement basée sur la technique."
Lors de votre séjour en équipe première, vous y avez décroché de belles récompenses. Vous pouvez nous parler de votre palmarès au Sénégal ?
"En premier lieu, on a empoché le titre de champion de D2, permettant de découvrir la division 1. Ensuite, on y a remporté une Coupe nationale (2016) avant d’être sacré champion national du Sénégal (2017) . Que de belles performances et de beaux souvenirs que ces trophées conquis."
Vous avez aujourd’hui 27 ans. Il est grand temps de vite répondre présent si vous avez l’ambition de jouer à un niveau supérieur.
"Je suis arrivé en janvier 2017, à 26 ans. En fait, je n’ai pas eu la chance d’être sélectionné pour venir en Europe plus tôt. Vous savez, l’envie, je l’avais comme tout le monde. Puis j’en ai vu partir, des coéquipiers ! Wagane et Ibou Faye, que j’ai retrouvé aujourd’hui, Ismaïla Sarr (Metz, prêté à Rennes) , etc. Jamais cependant je n’ai ressenti de jalousie. Jamais non plus je ne me suis découragé. Dans mon esprit, je me devais de continuer à travailler afin d’obtenir, un jour, un transfert vers l’Europe. Ces expériences m’ont forgé un mental."
Le jour de votre signature à Metz (contrat jusqu’en 2020) a été un grand moment dans l’évolution de votre carrière.
"Lorsque l’on m’a annoncé cette nouvelle, mon bonheur était immense. Un rêve devenait réalité. Pourtant, la signature du contrat est intervenue en hiver. Il faisait froid et, si j’avais déjà beaucoup voyagé en Afrique avec les diverses équipes nationales de jeunes, je découvrais la neige."
Avez-vous vécu cette arrivée en France comme un aboutissement ?
"Non. Mon envie consiste à atteindre mon sommet. Donc à essayer d’intégrer de grands clubs. Néanmoins, je reste les pieds sur terre. Une telle envie, je ne pourrai la réaliser qu’en signant de belles performances avec Seraing."
Justement, quelle a été votre réaction lorsque l’on vous a signifié ce prêt à Seraing, un club de D1 amateurs belge ?
"Franchement, cela n’a strictement rien changé à mon envie de rejoindre l’Europe."
Et votre rêve, ce serait…
"J’adore l’Angleterre et l’engagement de sa compétition."
Un modèle ?
"Thiago Silva, un défenseur vraiment au top."
Un club qui vous fait kiffer ?
"Moi qui aime le beau jeu, qui d’autre que Barcelone !"
"Je suis focus sur Seraing”
International sénégalais chez les jeunes, Kane ne songe pas aux Lions de la Teranga. Les liens d’amitié entre les dirigeants de Seraing et ceux de Metz sont réels. Dès lors, le cercle lorrain prête régulièrement des joueurs (comme Thomas Didillon jadis) aux Métallos . Avec l’espoir de les voir ensuite percer du côté de Saint-Symphorien. En toute logique, Mohamed Kane retournera à Metz cet été. Un club qu’il a déjà découvert lors de la première partie de saison. “Je m’entraînais parfois avec l’équipe première, parfois avec l’équipe réserve. Mais je n’ai joué qu’avec la Régionale 1 et l’on avait gagné nos quatorze matchs. Lorsque j’ai eu l’opportunité de m’exercer avec les pros, j’ai croisé des joueurs de haut niveau. Dont Habib Maiga, prêté par Saint-Étienne.”
International en catégorie de jeunes, le défenseur axial n’a jamais porté la vareuse des Lions de la Teranga.
“Là, je n’y pense pas. Pour susciter l’intérêt du coach national, il faut d’abord prouver au sein de son club. Pour le moment, je suis focus sur Seraing. Avec la volonté de tout mettre en œuvre afin de terminer le plus haut possible au général. J’ai de grands espoirs au vu du potentiel de l’équipe.”
L’arrière sénégalais voit, comme le veut la tradition footballistique, match par match. “Ce qu’il se passera fin de saison ? On verra, je ne me concentre que sur Seraing.”
Wagane Faye : “Il rigole tout le temps”
Pourquoi Kane est-il arrivé sur le tard ? “Les clubs cherchent en priorité des avants.” Wagane Faye, arrivé bien avant, a servi de guide à son compatriote Mohamed Kane lors de son arrivée chez nous. L’été dernier d’abord, depuis son arrivée en janvier 2019 ensuite. “Au centre Génération Foot de Dakar, durant trois ans, on a été équipiers en équipe première et on a partagé la même chambre”, narre Wagane Faye. “Mohamed est un défenseur central agressif et un leader sur le terrain. Ses points forts sont principalement le domaine aérien, où il répond toujours présent, et l’anticipation.”
Et hors du terrain ?
“Il rigole tout le temps et ne se fâche jamais. Comme on a des appartements voisins, on mange souvent ensemble. Avant, c’était toujours moi qui cuisinais… Notamment les plats du pays.” Quant à l’âge de sortie tardif (26 ans) du pays de son compatriote, Wagane Faye apporte une explication réaliste.
“Ce que les clubs européens recherchent en priorité, ce sont des attaquants. Dès lors, pour un défenseur, il est beaucoup plus compliqué de se faire remarquer… Personnellement, j’avais eu la chance de me mettre en évidence lors d’un stage en Europe.”
Le duo a emprunté le même chemin (via Metz) à des moments différents. Aujourd’hui, ils sont à nouveau réunis à Seraing… à 5 580 km de Dakar.