Qui sont les Serge Reding d’aujourd’hui ?
Quarante-quatre ans après la mort du premier Sportif de l’année, où en est l’haltérophilie en province de Liège ?
- Publié le 22-06-2019 à 16h00
- Mis à jour le 24-06-2019 à 10h20
Quarante-quatre ans après la mort du premier Sportif de l’année, où en est l’haltérophilie en province de Liège ? Il y a un peu plus de cinquante ans, Serge Reding décrochait la médaille d’argent en haltérophilie aux Jeux olympiques de Mexico, ce qui lui valait le premier titre de Sportif de l’année attribué en Belgique.
Mais quel haltérophile le sait encore aujourd’hui ? À l’heure où les finales des interclubs nationaux de powerlifting se déroulent à Nalinnes, nous avons voulu en savoir un peu plus sur un sport longtemps tombé aux oubliettes et qui, peu à peu, renaît.
Liège est encore un peu à la traîne en la matière, on ne compte que trois clubs dans la province. Et un seul qui fonctionne réellement en compétition : Seraing. Il n’y aura donc pas d’athlètes liégeois ce week-end dans le Hainaut.
"Nous avions des équipes qualifiées mais, en raison des examens scolaires, elles ont préféré s’abstenir" , dit Dominique Jan, qui est aussi président de la Ligue francophone et en profite d’emblée pour faire la distinction entre haltérophilie et powerlifting. "Le matériel est le même mais en haltérophilie, la discipline olympique, il n’y a que deux mouvements : l’arraché et l’épaulé jeté. En powerlifting, il y a les squats, le développé couché et le soufflé de terre. C’est plutôt un sport de puissance tandis que l’haltérophilie est plus dynamique. Là, c’est la souplesse, la concentration et l’explosivité qui comptent. On peut d’ailleurs commencer dès 11-12 ans tandis qu’en powerlifting il faut attendre 14 ans."
Sur les 450 affiliés en Wallonie, Seraing en compte 120. Mais un quart seulement font de la compétition. C’est le cas de Jonathan Kocabas, 11e des championnats d’Europe de powerlifting.
"On enregistre chaque année une croissance d’environ 10 %. Beaucoup d’atlhlètes d’autres disciplines ont compris que l’haltérophilie était un sport complémentaire. C’est le cas du perchiste Arnaud Art. Nous bénéficions aussi de l’effet crossfit et des challenges vidéo qui se partagent sur les réseaux sociaux."
Le nombre de femmes connaît aussi une progression fulgurante, de l’ordre de 35 à 40 %, surtout depuis que la discipline est olympique chez les femmes aussi. La Sérésienne Dorianne Holsbeek est d’ailleurs championne de Belgique.
Le club de Verviers a retrouvé l’âme des années ‘60
Verviers a toujours été un bastion de l’haltérophilie. En 1960, le père de Marcel Bebronne a ouvert sa salle dans les catacombes de la piscine de Verviers. Elle est toujours là. Son fils l’a reprise à son compte avant de tomber malade et de la céder pendant quelque temps. Puis, à sa grande surprise, ses deux fils ont voulu la reprendre. Aujourd’hui, il est heureux de leur donner un coup de main.
"Il y a eu des champions ici", dit-il. "Jean Fumagali, Paul Houters et Charly Vasbinder . Nous avons aussi eu des stars comme Joël Robert et Gaston Rahier. C’était une époque où même les gens qui travaillaient dur en journée venaient pour soulever de la fonte. À partir de la fin des années ‘70, tout ça a périclité."
La salle a conservé son caractère ancien. "La vraie haltérophilie, ce n’est pas le Club Med", dit Marcel Bebronne.
"Depuis deux ans et demi, mon frère et moi avons attiré une petite trentaine de jeunes", dit Bastian Bebronne. "Il y a de nouveau une âme dans cette salle."
"Du crossfit pour éviter de se spécialiser"
Le crossfit a donné un fameux coup de pouce à l’haltérophilie. Au point que chez Ember, à Liège, on s’est affilié à la ligue francophone des poids et haltères. "Parce que nous avons deux ou trois membres qui font de la compétition et que nous voulons leur permettre d’accéder aux différents championnats mais ça reste un niveau de débutants", dit Émilie Boufflette, la responsable de la salle. Pour elle, il est donc évident qu’un crossfitter ne sera jamais aussi performant qu’un haltérophile. Elle ne pense pas non plus qu’il prendra goût à cette discipline au point de s’y spécialiser. "En général, nos pratiquants viennent justement ici parce qu’ils recherchent la diversité."