Christophe Kinet: "Je me suis battu et accroché
Victime d’un grave accident de la route, le coach de Tilleur nous narre ses moments de souffrance et évoque sereinement l’avenir
- Publié le 09-07-2018 à 15h13
- Mis à jour le 09-07-2018 à 15h16
Victime d’un grave accident de la route, le coach de Tilleur nous narre ses moments de souffrance et évoque sereinement l’avenir
Le 24 mai dernier, sur l’autoroute E42 à hauteur de Couthuin, Christophe Kinet, entraîneur de Tilleur, était victime d’un accident d’une grande violence. Kiki, après près de six semaines à l’hôpital, est en maison de revalidation à Esneux depuis mercredi. "Je remercie tout le personnel pour ses compétences ainsi que Gaêtan Dell’Aera, qui m’a aidé au quotidien." L’Amaytois revient sur ce terrible choc.
Christophe, tout d’abord, comment allez-vous aujourd’hui ?
"Mon moral est au top, j’ai un mental de lion. J’ai toujours été un battant durant ma carrière. Ayant subi quatre opérations lorsque j’étais footballeur, je sais ce que travailler dur pour revenir veut dire."
Là, il s’agit d’un combat de plus grande ampleur, non ?
"Bien sûr. Ici, tout était cassé. Il s’agit d’un autre type de revalidation."
C’est surtout la partie inférieure de votre corps qui a été touchée.
"J’ai le fémur gauche cassé, on m’a mis une hanche artificielle la semaine dernière car le bassin était également fracturé. Avec le choc, j’avais une jambe de plusieurs centimètres plus courte, il a fallu rééquilibrer. Sans compter deux rotules explosées, une fracture ouverte du tibia et une greffe de peau. Plusieurs opérations ont été réalisées durant mon coma."
Vous souvenez-vous de votre accident ?
"Je suis resté conscient une heure après le crash. Je me suis battu et accroché, c’est une des clés du fait que je sois encore en vie aujourd’hui. Je me souviens avoir pris la main d’une dame alors que seules ma main droite et ma tête bougeaient ! Tout était renfoncé jusqu’aux côtes. J’ai aussi eu un flash : à un moment où je sentais que je partais, j’ai crié un coup et décidé de me battre."
Cette heure de souffrance intense a dû vous sembler une éternité.
"Un mal inimaginable m’avait envahi. Dans ces moments-là, un des moteurs auxquels on se raccroche, c’est la famille. Les secours ont mis un quart d’heure pour arriver et il a fallu 40 minutes pour me désincarcérer. J’ai tenu jusqu’au moment où j’ai demandé à l’ambulancier si je pouvais me relâcher. Il m’a dit oui et je suis alors resté six jours dans le coma. La probabilité de sortir d’un tel accident, m’a-t-on dit, est extrêmement minime. Aujourd’hui, quand j’ai un coup de mou, je relativise. Je suis déjà tellement heureux d’être encore vivant."
“Des messages reçus de partout”
Depuis l’annonce de l’accident, les messages de soutien se sont multipliés. “J’ai été très étonné, c’est de la folie”, note Christophe, la voix claire. “J’ai reçu des messages de partout : de France, d’Angleterre et de Milwall en particulier, d’anciens équipiers, de la RTBF… Tous ces soutiens sont essentiels lorsque l’on se trouve dans ma situation. Ma famille m’a aussi bien aidé à gérer les visites. Je pense que l’on pourrait établir un planning sur la prochaine année concernant les gens qui veulent venir me témoigner leur soutien.”
“Je suis en mode machine”
“Si je dois entraîner ou coacher en chaise roulante, cela ne me posera aucun problème”
Après des semaines pénibles, Christophe Kinet peut repenser positivement à l’avenir. “Je viens de franchir une étape importante cette semaine : j’ai quitté le CHU pour rejoindre le centre de revalidation d’Esneux. Je délaisse un lieu où j’étais totalement passif et où j’ai subi plusieurs interventions chirurgicales pour atterrir dans un endroit où les choses vont aussi dépendre de moi. Je le sais, les étapes vers mon retour seront multiples. Mais vous connaissez mon caractère, et mon envie est de revenir le plus vite possible.”
Les délais ne sont pas clairement définis, l’évidence étant cependant que Kiki devra s’armer de patience, de courage et de volonté. “Là, je suis en chaise roulante pour huit à douze semaines. La bonne nouvelle est que je récupère très rapidement. Ainsi, je n’ai pas eu de période de convalescence à l’hôpital avant celle de la rééducation. Aujourd’hui, j’ai déjà beaucoup plus de cartes en main.”
Comme pour tout sportif qui se respecte, l’envie de Christophe est son retour dès que possible en bord de terrain. De donner ses consignes et de guider son équipe.
“Après l’abandon de la chaise roulante, il y aura le soutien avec les béquilles. Pour marcher, on ne fait pas encore de pronostics. Mais je suis en mode machine afin d’accélérer au maximum mon retour.”
Car revenir entraîner constitue un autre moteur qui booste l’ancien sang et marine. “Le premier est de retrouver la vie de famille à la maison. L’autre, c’est de sentir l’odeur de l’herbe, de fouler les terrains…”
Du côté de Tilleur, Alphonse Zicari, Yves Lagamme et Quentin Falcione se sont mis au travail. “On est une équipe soudée. Mon retour ? Il arrivera quand il devra arriver.”
Mais Kiki ne tient pas à attendre d’être à 100 % rétabli pour retrouver Buraufosse. “Si je dois venir entraîner et coacher un moment en chaise roulante, cela ne me posera aucun problème.”
Puisse cela arriver rapidement. En attendant, la rédaction de La Dernière Heure souhaite un prompt rétablissement à Christophe.