Fabrice Focant, entraîneur de Gosselies et spotter pour la cellule foot: "Si j’accorde ma confiance aux supporters, ils doivent me la rendre"
Le mentor de Gosselies, récent promu en D3 amateurs, est aussi inspecteur de police
- Publié le 05-06-2019 à 10h10
- Mis à jour le 05-06-2019 à 10h27
Le mentor de Gosselies, récent promu en D3 amateurs, est aussi inspecteur de police
Fabrice Focant ne compte pas ses heures, dans la vie, pour ses différentes passions. Quand il n’aide pas Gosselies à rejoindre la D3 amateurs, l’homme accomplit son devoir d’inspecteur de police. Après la semaine, il est également spotter pour le compte de la cellule de football de Charleroi. Entretien avec un bourreau de travail.
Fabrice Focant, c’est quoi un spotter ?
"Ce sont des policiers spécialisés qui se trouvent dans les stades de football. Leur rôle oscille entre la prévention et la répression. En civil, l’agent veille au bon déroulement des rencontres, avec un binôme."
Vous accomplissez cette tâche depuis longtemps ?
"Je le fais depuis trois ans. Au départ, je n’étais pas chaud. Comme je suis dans le monde du football, je me posais des questions sur la réaction des gens. Mais le responsable a eu besoin de moi, à la mi-saison. J’ai accepté de faire le test. Au final, je n’ai pas été déçu. Cela s’est très bien passé. J’y ai même pris goût."
Comment voyez-vous votre rôle ?
"C’est une approche avec les supporters. Le spotter est un relais. Le plus important est le préventif. Il faut instaurer un dialogue, notamment avec les noyaux durs. Il faut expliquer les lois du football. Le but est que la rencontre se déroule sans le moindre encombre."
Un lien de confiance ?
"Si j’accorde ma confiance aux supporters, ils doivent me la rendre. En trois ans, tout s’est toujours très bien passé."
Le fait d’être dans le milieu du football est un avantage ?
"Au final, oui. J’avais peur de l’inverse. Mais c’est une force. Les gens savent que je connais le ballon rond, les tribunes et les réactions. Je parle football. Je connais et maîtrise le sujet. Cela facilite le dialogue. J’ai un certain feeling."
Cela vous permet de relativiser votre rôle d’entraîneur ?
"Je suis calme. Je respecte les arbitres, même si parfois certaines décisions sont frustrantes. Je peux crier, mais je reste dans le respect."
Dans quels cas intervenez-vous ?
"Je travaille surtout au Sporting de Charleroi, à domicile et à l’extérieur. Il nous arrive également d’aller à l’Olympic et parfois à Châtelet pour des renforts. Pour les divisions inférieures, on est là quand il y a des matchs avec des risques, avec certains groupes de supporters comme la Raal, le Lierse…"
Un spotter peut-il regarder le match ?
"Je ne vais pas être plus catholique que le Pape. Oui, il m’arrive de suivre une partie dans la rencontre, sans pour autant négliger mon métier. Je suis professionnel. Parfois, vous pouvez suivre 30 minutes, d’autres fois seulement cinq…"
Quels sont les matchs les plus compliqués ?
"Il n’y en a aucun. Le groupe est bien rodé. Mais il est certain que les matchs à l’extérieur, face au Standard par exemple, sont spéciaux. Ce sont les rencontres où on découvre de nouveaux supporters que l’on ne voit pratiquement pas de la saison."
“Être au service du citoyen”
Fabrice Focant occupe diverses fonctions au sein de la police. Inspecteur à Charleroi, il évoque sa passion pour ce métier. “Après mes humanités, je suis devenu éducateur à l’Ipsma”, explique l’entraîneur de Gosselies. “Mais, rapidement, j’ai passé mes examens afin de rejoindre la police. C’était une vocation, une envie.”
C’est à Charleroi que l’agent a effectué ses premières interventions. “J’ai toujours aimé être au service des citoyens. J’aime le dialogue avec les gens. Quand tu es à la police, tu rencontres tous les types de population, des plus fortunées aux plus pauvres. Tout le monde est logé à la même enseigne.”
À 46 ans, l’homme est heureux de pouvoir pratiquer un métier qu’il aime, au quotidien. “Cela fait 23 ans que je suis à la police. J’ai la chance de travailler avec des collègues que j’apprécie. Même si tout évolue, je garde cette passion pour mon métier.”
Il y a quelques mois, Fabrice Focant a été très touché par les émeutes et les relations entre la population et la police.
“Je suis un homme, avant tout. Les gens doivent comprendre qu’un policier est un être humain. Son rôle dans la vie est de protéger les plus faibles, tout en essayant de faire respecter l’ordre. Il ne faut pas se tromper de cible.”
Inspecteur de police, spotter au Sporting de Charleroi et entraîneur de Gosselies (D3 amateurs), les semaines sont longues pour ce passionné.
“Je n’ai pas une minute à moi. Mais cela me plaît. J’ai la chance d’avoir une femme conciliante. Je fais un métier que j’aime et je peux également vivre ma passion pour le football.”