Le Louviérois Duville est entraineur à Dudelange, qualifié pour l'Europe League: "On nous prend pour une équipe de café"
Luc Duville, l’entraîneur de gardiens de but louviérois de Dudelange, est en train de vivre un sacré rêve éveillé. Rencontre
- Publié le 04-09-2018 à 13h27
- Mis à jour le 04-09-2018 à 15h06
Luc Duville, l’entraîneur de gardiens de but louviérois de Dudelange, est en train de vivre un sacré rêve éveillé Tout comme Enzo Scifo, Luc Duville est né à Jolimont, à un jet de ballon du Tivoli.
Cinquante-neuf ans le 15 de ce mois, notre keeper de poche se rappelle avoir chaussé ses premiers gants à la RAAL et sans jamais avoir eu la prétention d’aller bien loin pour vivre sa passion. L’US Centre, Houdeng, Ressaix, Péronnes et Saint-Vaast furent ainsi autant d’escales régionales, avant que sa route ne croise par hasard celle de D. Bargibant.
"Nous étions voisins à La Hestre et un jour que Didier promenait son chien en face de chez moi, nous avons fait plus ample connaissance. Le courant est passé immédiatement."
Un binôme rapidement performant tant à Lembeek qu’à La Louvière et après une courte parenthèse commune à Deinze, Luc Duville accomplira alors un autre bout de chemin avec Casimir Jagiello, à l’Union et puis aux Francs-Borains avec, à la clé, une notoriété grandissante.
À telle enseigne que Freddy Smets songea à lui pour remplacer Éric Deleu au RWDM. En phase terminale, le club molenbeekois allait cependant se trouver une nouvelle vie grâce à Johan Vermeersch, l’opportunité pour Luc de conserver son job, avant qu’un bail longue durée (huit ans) ne l’attende au FC Malinois : "J’y ai travaillé tour à tour avec Peter Maes, Marc Brys, Harm van Veldhoven et Franky Vercauteren." Parmi ses élèves derrière les Casernes, citons Werner, Renard, Biebauw.
Arrivé au terme de son aventure au KV, Luc fut même sollicité par Preud’homme pour l’accompagner dans le Golfe, par Mons aussi : "Aucune de ces propositions ne m’agréait vraiment jusqu’au jour où Yassine Benajiba, qui avait passé un test à Malines avant d’atterrir bien plus tard à Dudelange, me recommande chaudement auprès du président Flavio Becca. On ne dit que du bien de toi me dira-t-il…"
Le contrat proposé allant au-delà de ses espérances, Luc Duville s’empressa de le signer. En place depuis juillet 2014, il vient d’entamer sa cinquième saison au Grand-Duché, la tête dans les étoiles.
Dudelange vient en effet de défrayer la chronique en étant le premier club luxembourgeois à rejoindre la phase de poules : "Même les journalistes étrangers ne nous prennent pas au sérieux mais plutôt pour une équipe de café (rires) ."
Un cuisinier en jet privé
Après avoir été éliminé en phase préliminaire de la C1, et ce, de toute justesse, par les Hongrois du FC Vidi (lire aussi Videoton), Dudelange a magistralement rebondi en C3, jetant tour à tour dans le fossé Drita (un club kosovar), le Legia Varsovie et enfin les Roumains de Cluj. Autant de plongeons dans l’inconnu, parfois hostile. Luc Duville raconte : “Varsovie, c’était en période de canicule intense et le chauffeur du car qui nous conduisait au terrain d’entraînement la veille du match n’entendait pas enclencher l’airco
alors qu’il faisait 35 degrés dans le bus. Je n’ai pas hésité à téléphoner à Casimir Jagiello qui, dans sa langue natale, a pu intercéder en notre faveur mais au prix d’une belle engueulade.” À Cluj au tour suivant, un cuisinier accompagna la délégation luxembourgeoise, à la demande du président Becca. Ce dernier fit le voyage en jet privé pour rentrer plus vite au pays…
“Vivre trois belles soirées au Josy-Barthel”
Dans 16 jours, Dudelange accueillera l’AC Milan au Stade Josy-Barthel à Luxembourg-Ville : “Notre stade ne pouvant accueillir que cinq mille personnes à peine, nous émigrerons le temps de trois soirées que j’espère inoubliables, commente Luc qui est coach professionnel depuis deux décennies. Mon job a évidemment évolué avec le temps. Je me recycle constamment, en observant ce qui se fait de mieux en Europe. Quand j’ai pris en charge les gardiens de Dudelange en 2014, ces derniers n’avaient pas l’habitude de s’entraîner durement. Aujourd’hui, ils sont tous contents du changement de méthode car ils sont intimement persuadés d’avoir progressé.” Victime d’une fracture du tibia contre Cluj à l’aller, le gardien n° 1 Joubert (39 ans) est sur le flanc. Joe Frising (23 ans) assure l’intérim : “Il a juste quelques kilos à perdre”, estime Luc qui appréciera son voyage en Lombardie le 29 novembre prochain.