Bertrand Demarez a dit au revoir à Houdeng: "C’est un livre qui se ferme"
Il y a dix jours, Bertrand Demarez a quitté Houdeng après près de 40 ans chez les Spirous.
- Publié le 15-05-2019 à 13h15
- Mis à jour le 15-05-2019 à 13h47
Il y a dix jours, Bertrand Demarez a quitté Houdeng après près de 40 ans chez les Spirous. Au RFC Houdinois, la fin de saison et le 2-2 contre Belœil ont ouvert le temps d’une nouvelle ère avec la nomination de Giuseppe Farese mais ont donc mis fin à celle de Bertrand Demarez.
Au courant de sa non-prolongation depuis début février, le Houdinois a voulu terminer la saison, soutenu par ses joueurs. "C’est un groupe exceptionnel", a-t-il insisté. "Je le souhaite à tous les entraîneurs."
Depuis dix jours et ce match contre Belœil où il fut mis à l’honneur avec notamment la présence de son épouse au stade, celui qui avait succédé à David Marani en 2014 à la tête de la P1 en venant de la P3 a donc rangé son sac et ses crampons. Entre dignité, fierté, émotion et perspectives.
Bertrand, racontez-nous l’émotion de ce dernier match ?
"C’est vrai que je ne m’y attendais pas. J’étais étonné de voir mon épouse lors de l’échauffement accompagnée de mon frère. D’ordinaire, elle n’a pas l’occasion de venir souvent. J’étais aussi content qu’on salue Gael Huysman qui mettait un terme à sa carrière. Ce match, au final, c’était un gros pincement au cœur. J’avoue que du comité actuel, je n’attendais rien. Mais j’ai reçu du respect de l’ancienne génération."
Vous en voulez au comité pour sa décision ?
"Je savais qu’on jouait gros cette saison. On m’avait demandé de jouer le titre. On avait fait des transferts dans ce sens même si offensivement, malgré la présence de Hubaut, ce fut un peu faible. Mais alors que la reprise en janvier se passe, on est encore 3e à cinq points du leader. Alors quand le président Yves Drugmand m’annonce qu’ils ne poursuivront pas avec moi, j’avoue avoir été un peu stupéfait. Ils s’interrogeaient si j’étais l’homme de la situation alors qu’ils envisageaient de jouer la carte jeune… Pourtant, c’est ma marque de fabrique. J’ai tout de même fait monter pas mal de jeunes. Il n’y avait pas de signes avant-coureurs. Ils veulent une nouvelle ère. D’accord. Mais j’ai eu du mal à encaisser la manière dont ça a été fait. Je ne demandais pas de merci mais du respect."
Votre bilan à la tête de l’équipe une est en effet très positif.
"Quand j’ai repris la succession de David Marani, on est malheureusement descendu en P2 avec 40 points… Mais on est remonté et j’ai tout de même deux tours finals à mon actif. Cette saison, on l’aurait mérité aussi."
Que vous a-t-il manqué ?
"Même si les joueurs ont été exceptionnels et m’ont soutenu en continuant la saison, ça a commencé à parler évidemment dans le vestiaire. De matchs en matchs, ils voulaient connaître les intentions du comité à leur encontre. Les discussions sont venues trop tard. La réaction des joueurs était humaine."
Houdeng et Bertrand Demarez : on vous croyait inséparables.
"C’est vrai que j’ai 40 ans de présence dans le club. J’ai commencé ici à 7 ans et malgré deux parenthèses d’un an, une en jeunes et une en seniors, j’ai toujours été Houdinois. En fait, ce n’est pas une page qui se tourne, c’est carrément le livre qui se ferme."
Un nouveau Houdeng est-il en train de se mettre en place?
"Je n’irai pas jusque-là même si on entend parler de projets et de collaborations avec un grand club. Je souhaite en tout cas tout le bien à ce club et à Giuseppe Farese. Il vient avec son staff, il y a eu des transferts. On sent qu’il y a de l’ambition."
Finalement, vous allez faire quoi maintenant ?
"J’ai été contacté par des clubs de P2. J’avoue que ça m’a fait plaisir parce que cela prouve le travail que j’ai réalisé. Surtout que ce sont des clubs qui voulaient construire avec des jeunes et c’est un peu mon dada. Mais sur la fin, j’ai connu un certain dégoût. Alors je préfère prendre du recul, profiter de ma fille. On verra dans quelques mois comment la situation évolue."
“Pas mal de souvenirs”
Évidemment, en 40 ans à Houdeng, Bertrand Demarez en a emmagasiné des souvenirs. Bons ou mauvais. Que ce soit en tant que joueur ou entraîneur (dès les Scolaires B dans les années 2000). “ Les années en juniors ont été exceptionnelles. La montée de P2 en P1, les tours finals… En fait, c’est difficile d’en ressortir un” , explique ce chef d’équipe à Thermibel. “C’est vrai que j’ai été 17 ans capitaine en seniors. Mais, même en minimes, j’avais le brassard.” Le ton de la voix se veut enjoué à force de ressasser ces moments. “Mais malheureusement il y a aussi eu ma fracture ouverte en 2004. Cela a stoppé ma carrière. Mais ensuite de beaux souvenirs reviennent : je reviens l’année suivante pour six matchs et on en gagne cinq sur les six ! Je remercie aussi David Marani, avec qui j’ai une superbe relation d’amitié, de m’avoir fait monter lors de deux matchs en Promotion. J’aurai au moins connu ça” , se souvient cet ancien demi-défensif qui ne connaîtra malheureusement pas les nouvelles installations du club, encore en chantier. “D’un autre côté, on avait tout de même le meilleur terrain de la P1. Quant à la buvette, pour moi une roulotte fait bien l’affaire. Quant à la salle omnisports qui va se dresser à la place de l’ancienne piscine derrière le terrain, certains vous diront que je suis responsable de sa démolition. J’avais une grosse frappe et le ballon est souvent allé se loger là.”
“Je ne reviendrai pas”
Bertrand Demarez l’a affirmé : il préfère prendre du recul et ne pas tout de suite se lancer dans un nouveau projet. Pourtant, si on parcourt son C.V., on se rend compte qu’il est très lié au Stade Henri Rochefort. Mis à part deux ans (une en jeunes et une en seniors), sur les 40 dernières années, Demarez n’a connu que les Spirous. Si on suit la logique, il devrait donc revenir à Houdeng la saison suivante. “Non, je ne le ferai pas”, rigole-t-il. “Là, j’ai vraiment tourné la page. Je viendrai à nouveau voir Houdeng jouer quand ils évolueront à l’extérieur. Je leur souhaite le meilleur. Je ne ferai pas marche arrière. Je suivrai aussi la carrière des Michez, Vanbelle ou encore Hubaut. Là, j’irai surtout encourager mes filleuls à Bracquegnies qui jouaient le tour final.” Fini donc, pour l’instant, les préparations de match avec Eva, sa fille de 7 ans, sa plus grande fierté. “C’est vrai qu’elle commentait mes compositions. Elle connaissait tous leur nom à force. Elle faisait même sa propre feuille de match”, rigole ce papa comblé.“Mais je pense qu’elle est quand même contente que j’arrête.”