À la découverte du kettlebell sport: "Une discipline qui me déglingue"
A 24 ans, Nicolas Genotte est le meilleur représentant belge du kettlebell sport
- Publié le 17-08-2018 à 10h28
- Mis à jour le 17-08-2018 à 12h26
A 24 ans, Nicolas Genotte est le meilleur représentant belge du kettlebell sport
Durbuysien exilé à Bruxelles pour les études, Nicolas Genotte est un sportif accompli. Mais là où certains privilégieraient des sports d’équipe ou plus populaires, lui, sa passion, c’est le kettlebell sport.
Le 29 juillet dernier, il est même devenu le premier Belge à se qualifier pour le Championnat du Monde de la discipline.
Ce sport, il ressemble à de l’haltérophilie "mais c’est différent", commence ce coach sportif de 24 ans.
"Le but est de soulever des poids, une espèce de boule avec une poignée, mais contrairement à l’haltérophilie, ce n’est pas la charge la plus lourde sur un mouvement que l’on prend en compte. Dans mon cas, on attribue des charges et un certain laps de temps. En fonction des fédérations (voir par ailleurs) , le but est d’aller chercher le plus de répétitions avec une charge donnée. Une répétition vaut un point et si on change de bras, évidemment on perd du temps, des répétitions."
Un poids à soulever le plus de fois possible
Dans le cas de Nicolas , il s’agit de soulever la kettlebell (de 16, 24 ou 32 kg, que l’on retrouve aussi dans le crossfit) et de répéter le plus souvent l’opération durant 30 minutes (certains peuvent aller jusqu’à 3 h !). "Ça paraît peu mais je peux vous assurer que ça ne l’est pas", rigole-t-il.
Ce sport traditionnel en Russie, Pologne ou dans les pays de l’Est tente de se frayer un passage parmi la palette énorme de disciplines. Avant d’en arriver à devenir le meilleur représentant belge, Nicolas avait testé un peu de tout.
"Je suis un sportif accompli, mon père était actif durant de longues années dans le judo. J’ai pratiqué ce sport, le water-polo, l’athlétisme ou encore le basket sans vraiment trouver ce que je voulais. Un jour, passé mes 20 ans, un ami m’a suggéré le cross training et j’ai adoré tout de suite. Ça me déglingue, ce sport me met K.-O. sans que je puisse tout maîtriser. Il faut le découvrir et j’ai adoré. Pour y arriver, il faut au préalable une bonne condition physique, de la coordination, de la force, de l’explosivité, de la souplesse mais aussi du mental, pouvoir gérer ses émotions, le rythme. Il faut se dire ‘ je ne peux pas lâcher’ même si on n’en peut plus, si les bras ou les doigts souffrent. Pour les supporters présents, c’est beau à voir parce qu’on peut voir les émotions que ressent l’athlète. C’est vraiment un très beau sport", sourit celui qui a fait les 20 km de Bruxelles.
Il a alors eu l’envie d’approfondir cette relation d’amour. Une envie qui date de seulement quelques semaines. "Ma carrière n’est vraiment boostée que depuis cette année alors que j’ai découvert ce sport il y a trois ans. Lors d’un open international avec les pros mais ouvert aux amateurs, j’ai ramené la médaille d’argent. En voyant les affiches, je me suis dit qu’il fallait que moi aussi je passe pro. Et le 29 juillet, j’ai passé les épreuves en décrochant le titre de champion de Belgique et en battant un record par la même occasion. Résultat, je suis le premier Belge à défendre mes chances lors d’un Championnat du Monde. Ce sera en novembre, à Malaga."
Le kettlebell sport pour les nuls
Méconnue, la discipline se réserve un lexique bien spécifique. Tout d’abord, deux fédérations internationales cohabitent : IKMF et WKSF. “En WKSF, on appelle ça les formats traditionnels. Un changement de main est possible mais le but est d’aller chercher aussi le plus de répétitions. On retrouve le long cycle ou alors le biathlon qui regroupe deux épreuves avec une heure d’espace. Moi, j’ai percé en IKMF. Ici, on peut changer autant de fois de main qu’on veut mais il faut absolument aller au bout du chrono imposé. Si on dépose, alors on est éliminé.”
Ensuite, il existe notamment plusieurs mouvements possibles. “Le jerk, c’est un mouvement, une propulsion pour finir en extension, bras tendu, jambes tendues. Le half-snatch est un mouvement ondulatoire entre les jambes pour la monter et glisser en dessous. Ensuite, nous avons le snatch. La différence avec le 2e est qu’on doit ici se stabiliser et repartir directement. Pour finir, le long cycle est un mouvement ressemblant au snatch et est plus complet que le jerk. Imaginez que certains le font avec deux outils ! Ce sont des fous !”
“Je ne vais pas juste pour participer”
Sportif dans l’âme depuis toujours, Nicolas Genotte est un ambitieux. Devenu professionnel (sans pour autant en vivre à 100 %), le Bruxellois qui possède sa propre salle de sport à quelques mètres de la Commission entend bien défendre ses chances jusqu’au bout au Mondial, en Espagne. Il ne lésine d’ailleurs pas sur les entraînements. “Ce sont des sessions plus volumineuses en fonction du calendrier. Ça peut aller de 6 h à 12 h par semaine”, explique-t-il. “En Espagne, j’y vais pour ne pas juste participer à l’événement. Je veux le podium, la première place. J’ai vu qu’il y avait un Français qui était très fort. Moi, avant tout, je pense à la première place. Si pas, je ne me surpasserai pas. En visant le sommet, je sais que je ferai plus que ce que j’attends de base. Mais bon, je sais aussi qu’il ne faut pas chômer.”
Entre son boulot à temps plein et sa passion, ce n’est pas simple. “J’exerce mon activité de façon indépendante, ce qui me donne plus de souplesse. Si je ne peux pas encore vivre en tant qu’athlète, cette nouvelle image m’a déjà ouvert des portes. Donc, d’un autre côté, je gagne un peu.”