La championne d'Europe de padel en visite à Genval: "Une saison coûte 35 000 euros"
Laura Clergue, championne d’Europe de padel, était de passage à Genval.
- Publié le 19-11-2019 à 14h11
- Mis à jour le 19-11-2019 à 18h26
Laura Clergue, championne d’Europe de padel, était de passage à Genval.
La championne d’Europe est passée dans le Brabant wallon à l’occasion d’un event organisé par Valentin Bertrand, The Padel Experience à Genval. Entre deux cours et un match d’exhibition, elle a levé un coin du voile sur une discipline qui bouge de plus en plus en Belgique depuis 12 mois.
Originaire d’Aix-en-Provence, Laura Clergue a émigré vers Madrid il y a 3 ans pour tenter sa chance comme joueuse professionnelle de padel. Le hasard l’a menée sur cette voie. "Jusqu’en 2014, je jouais en double au tennis avec mon frère, mais il ne pouvait plus continuer. Nous avons dû chercher une autre discipline que nous pouvions pratiquer."
"J’avais limite honte"
Comme elle ne s’estimait pas douée au squash, elle a jeté son dévolu sur un sport qui mixait le tennis et le squash. "La première fois que je suis montée sur un terrain, j’avais limite honte. En deux sessions, j’étais lancée."
Un an après son initiation, elle devenait championne de France et reconduisait son titre en 2016. "Je partageais mon temps entre mes études d’ingénieur des transports et mes entraînements physiques."
Convaincue qu’elle avait sa place chez les pros, elle a franchi le cap en 2017. "En France, on jouait beaucoup au padel à la façon du tennis. J’y ai appris à être agressive et rapide."
Actuellement, la Mecque du padel se situe plus au Sud, en Espagne. "À Madrid, j’ai découvert la patience dans la construction d’un point."
Tous les matins, elle s’entraîne durant 3 h tantôt en salle, tantôt avec sa raquette. Les progrès ont été fulgurants. "Si je devais donner 3 conseils à un pratiquant ? Il faut utiliser le lob comme un coup d’attaque car il permet d’aller au filet. Le joueur doit être agressif au filet et être capable de guider le jeu de fond. Enfin, le padel se joue à deux. La clef, c’est de jouer pour son coéquipier. Tout se décide à deux."
Le caractère mondial du padel n’est pas encore évident. Sur la carte du monde, l’Espagne occupe une position centrale avec l’Argentine. Loin derrière, les pratiquants viennent d’Europe. En Asie, en Océanie et en Afrique, la discipline reste méconnue. Dès lors, il n’est pas étonnant de voir un circuit basé dans le pays de Cervantes.
"Le World Padel Tour recense 17 ou 18 étapes", explique Laura Clergue. "L’Espagne en accueille 80 %, ce qui limite les frais de déplacement. Moi, je les joue toutes."
Le circuit se répartit en 3 catégories : Masters, Open et Challenger. "Il existe des tours qualificatifs pour rejoindre ces tableaux. Figurer dans le grand tableau du Masters (1/16e) est vraiment très dur. Il n’accueille directement que les 24 meilleures paires au monde. Moi, je suis la 70e mondiale."
La débrouille est de rigueur dans ce monde sportif. L’argent ne coule pas à flots. "Le vainqueur d’un Masters touche un prize-money de 3 000 ou 4 000 euros. Passer un tour rapporte 200 euros. Je ne compte d’ailleurs pas les prize-moneys dans mes recettes. Chez les filles, il faut être top 15 pour en vivre."
Une saison lui coûte 35 000 euros. Elle noue les deux bouts grâce à ses sponsors. "Je soigne mon image sur les réseaux sociaux. En France, j’ai une certaine visibilité."
Après 3 ans, cette ingénieur tient le coup dans ce nouveau monde. "J’ai appris à moins l’idéaliser. La compétition prime sur les amitiés. Le sport professionnel n’a rien d’un univers de bisounours", confie encore celle qui espère jouer jusqu’à ses 40 ans.