Voile: Emma Plasschaert, de l’ombre à la lumière
À l’autre bout du monde, sur les plages australes, Emma Plasschaert savoure, depuis quelques jours, un repos salvateur après son titre décroché au Mondial de voile à Aarhus, au Danemark, en Laser Radial.
- Publié le 04-09-2018 à 14h13
- Mis à jour le 14-09-2018 à 20h48
À l’autre bout du monde, sur les plages australes, Emma Plasschaert savoure, depuis quelques jours, un repos salvateur après son titre décroché au Mondial de voile à Aarhus, au Danemark, en Laser Radial.
De rares moments de détente avant de s’envoler vers le Pays du Soleil levant pour reprendre les entraînements à Tokyo et un retour furtif en Belgique pour quelques jours de relaxation avec la famille. Championne du monde à 24 ans, l’Ostendaise est née les pieds dans l’eau. "Depuis mon enfance, j’ai été subjuguée par la beauté des mers et des océans. Je n’avais qu’une seule envie, fendre les flots."
À 17 ans, Emma Plasschaert était intégrée au groupe de jeunes talents en Laser de la Fédération néerlandophone de Voile qui gravitait dans le sillage d’Evi Van Acker. Le cheminement idéal pour goûter au niveau international et gravir les échelons où la concurrence est rude, d’autant que la jeune navigatrice entamait dans le même temps des études d’ingénieur industriel à l’Université de Gand. En octobre 2014, elle s’immisçait officiellement dans le team olympique.
Flash back. Le petit poisson d’eau douce n’était, il est vrai, pas tombé bien loin des flots puisque son père présidait aux destinées du club ostendais. "Il n’a pas fallu une éternité pour que je reçoive mon premier Optimist comme tous les férus de voile qui se respectent. Je pouvais commencer à vivre ma passion. Une passion qui s’est décuplée quand j’ai eu la chance de rencontrer Evi Van Acker en 2011. C’est à cette période que le rêve olympique à commencer à germer dans ma tête."
Le titre glané, il y a trois semaines, et une première place au ranking mondial après une saison exceptionnelle lors des manches de Coupe du Monde à Gamagori, au Japon, et Miami, aux États-Unis, avec deux deuxièmes places. Des résultats qui furent le fruit d’un dur labeur et d’une constance nouvellement maîtrisée. "Tout au long de l’année, je ne cesse de m’entraîner pour viser les sommets avec, in fine, la cerise sur le gâteau au Danemark. À Aar-hus, j’ai vraiment tout donné. C’était fantastique ; c’est ma première grande victoire. Dans des conditions difficiles, j’ai assuré ma place lors de la Medal Race sans trop commencer à lutter avec les autres bateaux, je ne suis pas encore très forte à ce jeu-là."
Sur les plans d’eau du globe, Emma Plasschaert souligne aussi l’importance au quotidien de ses coaches Wil van Bladel et Jakub Kuzelsky. "Sans eux, je ne pourrais atteindre un tel degré d’excellence. Leur travail est précieux en amont pour recueillir un maximum d’informations sur les courants et les vents des lieux de compétition. Nous partageons la vie au quotidien pendant plusieurs semaines et planifions les stratégies à adopter au fil des conversations. Ce sont aussi les premières personnes qui décèlent en aval les changements qu’il faut adopter en fonction des prochaines régates. Leur apport est précieux. C’est la clé de la réussite."
Sur une semaine de régates lors des compétitions, il faut aussi savoir gérer ses temps forts et ses temps faibles. Une manche ratée peut suivre un résultat probant. "Sur cinq ou six jours de course, c’est le stress qui est ma principale source de difficultés. Maîtriser ses émotions en toutes circonstances et se dire que, si on vient de remporter une manche, ça ne signifiera pas automatiquement que la suivante sera tout aussi bénéfique. Il faut sans cesse se remettre en question."
Compétitions, entraînements, voyages aux quatre coins du monde. Cela ne s’improvise pas et demande une logistique conséquente. "Bien sûr, nous ne jouons pas dans la même pièce que les professionnels du football ou du tennis, mais je ne me plains pas. Sport Vlaanderen prend en charge la majorité des frais. Pour ce qui est des coaches et de la logistique, la fédération nationale de voile et Team Belgium apportent une part non négligeable."
Avec un caractère bien trempé et une confiance en soi accrue ces derniers mois, nul doute que les plus belles années d’Emma Plasschaert sont encore à venir comme elle se plaît à le répéter. "Je suis consciente que je peux encore améliorer mes performances dans de nombreux domaines et notamment être plus réactive lors des départs des manches. Cela dit, je ne vais certainement pas commencer à cogiter en me demandant si je n’ai pas décroché le titre un an trop tôt. Ce qui est pris n’est plus à prendre selon l’adage. La guigne peut nous donner rendez-vous sur tous les plans d’eau du monde. Lors d’un prochain championnat, je peux très bien finir cinquième ou dixième. Dès lors, personne ne pourra m’empêcher de savourer le moment présent." Et, dorénavant, la concurrence n’ignore plus le fabuleux talent d’Emma Plasschaert. "Il faudra bien qu’ils me prennent au sérieux maintenant. C’est parfait." conclut Emma Plasschaert de manière autoritaire…