Van Snick: "Je sais qui sont mes amis"
La Liégeoise revient à la compétition, 382 jours après son contrôle positif.
- Publié le 11-09-2014 à 18h17
- Mis à jour le 11-09-2014 à 19h03
La Liégeoise revient à la compétition, 382 jours après son contrôle positif. Charline Van Snick revient donc de loin, de très loin. Réhabilitée, le vendredi 4 juillet, par le Tribunal arbitral du sport, la judoka liégeoise est de retour sur les tatamis de compétition, ce vendredi, à Zagreb.
Sans doute encore sous le coup de l’émotion, elle s’était trompée de date en annonçant la nouvelle sur les réseaux sociaux, évoquant le 13 septembre et non le 12. Mais, au fond, Charline n’était pas à un jour près.
L’essentiel est, en effet, qu’elle retrouve enfin sa place pour, dit-elle, "prendre ma revanche sportive".
Après autant de mois sans combattre, la jeune femme de 24 ans part quand même dans l’inconnu, d’autant que le tirage au sort lui a réservé, au premier tour, une adversaire qu’elle n’a jamais rencontrée, l’Américaine Ashlyn White, n°97 mondial.
Elle-même retombée à la 35e place, Van Snick n’a vraiment cure de celle qui lui sera opposée. "Peu importe mon adversaire ! Je suis animée d’une telle envie face à ce nouveau défi… Avant ou après, mon objectif est simplement la médaille d’or."
Non, la terrible épreuve qu’elle a endurée n’a pas entamé sa faim de combats, sa soif de victoires. Et sans doute s’est-elle déjà projetée plus loin dans cette compétition en découvrant le tableau où, si elle bat l’Américaine, elle retrouvera la Turque Akkus. Puis, en cas de nouvelle victoire, la Russe Rumyantseva. Deux judokas contre lesquelles notre compatriote est toujours invaincue…
Si elle a profité de sa suspension pour soigner une blessure latente, Charline Van Snick s’est minutieusement préparée pour cette rentrée, partant en stage en Slovénie, "où l’accueil fut excellent", et alternant les séjours en France et en Belgique. À Paris, elle a trouvé un nouveau coach. "Il s’appelle Baptiste Leroy. Il est devenu mon coach personnel pendant ma suspension. Il est pointilleux. Il adore l’analyse vidéo et le débriefing tactique. Il est perfectionniste, tout comme moi."
Et espérons psychologue quand on connaît le tempérament de feu de Charline qui, en revanche, ne s’est pas intéressée aux Championnats du Monde, à Tchelyabinsk. "Je sais que la Japonaise Kondo s’est imposée, c’est tout ! Mais je ne me pose pas trop de questions. Pour le moment, seule l’adversaire qui sera face à moi m’intéresse…"
Quand on évoque sa Belgitude ou sa catégorie, Charline balaie les "rumeurs" d’un revers de la main. "Je combats pour mon pays, la Belgique ! Et je n’envisage pas de monter en -52 kg... Point barre !"
Si son avenir tout proche passe, ce vendredi, par Zagreb, la Liégeoise envisage l’avenir à moyen et à long terme, se fixant des objectifs. "Mon programme de compétitions en 2014 dépendra, bien entendu, de mon résultat en Croatie. À moyen terme, je vise les Championnats d’Europe, en 2015, et à long terme, les Jeux Olympiques, en 2016. Pour le reste, je participerai au stage olympique, en novembre, à Lanzarote."
Présente en décembre dernier lors de la soirée des Sportifs de l’Année et, plus récemment, au Mémorial Van Damme (dont elle a en commun le sponsor…), Charline ne s’est jamais cachée du monde sportif, malgré l’accusation dont elle était l’objet.
À raison puisqu’elle a été blanchie par le Tribunal arbitral du sport et qu’elle peut à nouveau enchanter ceux qui ont toujours cru en elle. "Vous savez, après une telle épreuve, je sais désormais qui sont mes amis, sur qui je peux compter."
Et ceux-là comptent, bien entendu, sur elle… Hajime !
Taymans : "Elle m’a déjà surpris"
Cédric Taymans n’est pas à Zagreb pour le retour de Charline Van Snick. "Il faut bien que quelqu’un garde la maison…" sourit le DT francophone qui a délégué Fabrice Flamand auprès de la Liégeoise. "Je suivrai ses combats sur Internet et j’aurai, bien entendu, un contact avec elle ou avec Fabrice, voire les deux, en fin de journée. Même si elle n’a plus combattu en compétition depuis un an, Charline sait comment aborder ce rendez-vous !"
Réputé pour son calme en toutes circonstances, Cédric n’en a pas moins été marqué par les événements ayant émaillé l’année écoulée. Il est vrai que les médias ont beaucoup plus évoqué l’affaire Van Snick que son projet sportif, dont il recueille les fruits avec l’éclosion de judokas comme Toma Nikiforov, Sami Chouchi ou Lola Mansour, sans évoquer les nombreux Espoirs comme Loïs Petit, vice-championne d’Europe -18 ans, en juillet, alors qu’elle n’a que 15 ans et peut-être la… Charline Van Snick de demain.
Pour en revenir à la Liégeoise, Cédric Taymans l’a trouvée "bien", le week-end dernier, à Loverval. "J’ai été agréablement surpris. Après tout le remue-ménage autour d’elle, nous avons essayé de retrouver la sérénité. L’objectif est de tout mettre en œuvre pour monter un projet cohérent autour de Charline qui, ce n’est pas un secret, souhaite s’entraîner à Paris avec Baptiste Leroy comme coach personnel. Il n’en demeure pas moins que moi, j’ai toujours été partisan d’une structure fédérale. Chacun doit donc consentir un petit effort…"
Comme rien ne lui échappe, Cédric Taymans s’est inquiété du poids de Charline après ces longs mois sans la moindre compétition. "Et là aussi, j’ai été bluffé. Elle pesait 49,7 kg, ce qui n’est pas mal à une semaine de sa compétition."
Pour le reste, le DT francophone espère, bien entendu, retrouver la Charline d’avant-Rio 2013. "Ce ne sera pas facile, mais je ne doute pas que Charline a assez de talent et de volonté pour revenir. Il faut tout simplement lui laisser un peu de temps."
Celui qui la sépare de… Rio 2016 et des Jeux Olympiques où elle visera une nouvelle médaille, d’or si possible !
La chronologie de l’affaire
Entre le 26/08/2013 et le 12/09/2014, histoire d’un long combat…
26/08/2013 Charline est contrôlée à la suite de sa médaille de bronze au Mondial brésilien.
04/09/2013 Le laboratoire de Montréal reçoit l’échantillon et en pratique l’analyse.
29/09/2013 Le résultat est connu : analyse anormale. En cause : métabolite de cocaïne.
01/10/2013 La Fédé internationale notifie l’information, par… e-mail, à la Fédé belge.
07/10/2013 La Fédé belge prévient Charline Van Snick.
10/10/2013 La judoka liégeoise se soumet à l’analyse de quelques cheveux à la KUL.
14/10/2013 La bombe éclate à la radio. Et puis, dans la presse.
15/10/2013 Charline Van Snick est (réglementairement) suspendue à titre provisoire.
28/10/2013 Le Professeur Tytgat rédige le rapport de l’analyse capillaire et le détaille à la presse.
30/11/2013 La positivité de la contre-expertise est avérée.
14/12/2013 Charline est auditionnée par la Commission médicale de la Fédé internationale.
03/01/2014 L’IJF suspend Van Snick pour deux ans.
29/01/2014 La judoka liégeoise introduit une procédure auprès du Tribunal arbitral du sport.
16/05/2014 Accompagnée par Maître Flagothier ainsi que le Professeur Tytgat, Charline est entendue par le Tas.
04/07/2014 Le Tas rend, enfin, son verdict et annule la suspension de Charline Van Snick.
12/09/2014 La Liégeoise revient à la compétition, à Zagreb. Sa première adversaire est l’Américaine White, actuellement 97e au ranking mondial.
Tourner la page: un commentaire de Guy Beauclercq
Un peu plus d’un an pour le commun des mortels. 382 jours, exactement, pour elle. 382 jours après avoir décroché la médaille de bronze au Mondial de Rio de Janeiro et, dans la foulée du podium, avoir été contrôlée positive à la cocaïne, Charline Van Snick revient à la compétition. Suspendue pour deux ans par la Fédé internationale, la Liégeoise a été réhabilitée, le 4 juillet, par le Tribunal du sport, auprès duquel elle avait indroduit une procédure le 29 janvier. Ce vendredi, à Zagreb, Charline tourne donc la page la plus noire de sa carrière, voire de sa vie, elle qui vient de fêter ses 24 ans. De commissions en prétoires, la judoka a gagné un long combat afin d’être blanchie non seulement sur le plan sportif mais, surtout, aux yeux du grand public. Libérée d’un poids bien trop lourd à porter pour une jeune femme d’1,58 m pour 48 kg, elle entame désormais un autre combat, sur le tatami. Car ses adversaires ne l’ont, bien sûr, pas attendue. Pointant au 35e rang mondial, Charline Van Snick s’attaque à un chemin de croix qui doit la mener (ou plutôt la ramener…) à Rio de Janeiro où auront lieu les prochains Jeux Olympiques, son objectif à terme.