Ultra Trail du Mont Blanc: le rêve américain de Jim Walmsley
- Publié le 30-08-2018 à 10h34
- Mis à jour le 03-09-2018 à 12h44
L’ultra-traileur américain de 28 ans rêve toujours de battre les Européens sur les sentiers entourant le mont Blanc. Dès cette année ?
Après avoir dominé ses adversaires sur les ovales avec des titres mondiaux et deux médailles d’or olympiques, Geraint Thomas a levé les bras, paré de jaune, au sommet de l’Alpe d’Huez. Si le cyclisme et l’ultra-trail sont deux disciplines bien différentes ne permettant pas toutes les mues, le parcours du pistard gallois devenu grimpeur pourrait inspirer, à quelques jours de l’UTMB, un doux rêveur nommé Jim Walmsley.
Flagstaff, où il réside, est une ville de 120.000 habitants, perdue dans le désert entre Phoenix et le Grand Canyon. Elle offre un décor bien différent de celui du Mont Blanc où il y a bientôt un an, Walmsley était couché sur un banc, en quête d’un second souffle, sur l’un des ravitos de l’UTMB. Pour sa première à la grand-messe de l’ultra, l’Arizonien avait décidé de regarder François D’Haene et Kilian Jornet dans le blanc des yeux.
Le courant d’air d’un premier UTMB
Il multipliait les accélérations en début de course et se permettait d’attendre ses deux rivaux aux ravitaillements. Une tactique à la limite de l’arrogance qu’il paya dans le Grand Col Ferret en se prenant un courant d’air de la part du vigneron français dans une descente rendue glaciale par les bourrasques et l’obscurité.
L’Américain voyait filer D’Haene et Jornet avant de se faire dépasser par Tollefson et Thevenard et de sauver in extremis son Top 5 du retour en force de Pau Capell. Arrivé avec beaucoup d’ambitions dans les Alpes, Walmsley repartait avec une petite gifle mais terminait enfin une épreuve de plus de 100 km, lui qui était devenu un running-gag sur ces longues distances avec des abandons, des chutes ou des égarements qui suscitaient les sarcasmes de ses détracteurs.
À fond de balle et sans modération
Walmsley a développé sa foulée aérienne et peu économe sur la piste où il a effectué ses premières armes en parallèle d’études en balistique à l’US Air Force Academy. Il aligne de bons chronos (29’08" sur 10.000 m ou 1 h 08 sur semi-marathon) qui ne lui permettent pas d’intégrer les sélections nationales. Il se tourne alors vers le trail en 2014 en disputant un 50 miles, qu’il gagne bien évidemment.
Jim ne refuse jamais une petite mousse, même à quelques jours d’une grande épreuve. Mais une bière de trop lui vaut d’être accusé de conduite en état d’ivresse en 2015. Contraint d’abandonner ses rêves militaires à cause de cela, il tombe dans la dépression mais s’en sort grâce à sa passion pour le trail, qui lui redonne une autre ivresse, celle des sommets. Mais sa manière de courir reste sans modération.
Un grand fou à la tête dure
S’il faut être fou pour se lancer sur la Diagonale de la Réunion (surtout après un UTMB), il faut l’être complètement pour partir à une cadence infernale. Au km 95, Walmsley compte environ 30 minutes d’avance sur Girondel avant d’exploser en vol dans un secteur qui résume sa manière de courir : Maïdo Tête dure et Sans Souci.
Des débuts sans souci où il ne se… soucie pas des autres et impose son rythme effréné peu importe la distance et la difficulté du terrain. Malgré les échecs et comme il a la tête dure, l’Arizonien, qui n’a pas de coach, n’entend pas changer radicalement son ambitieuse manière de courir. Car selon lui, c’est en voulant se calquer sur D’Haene et Jornet qu’il s’est planté à l’UTMB.
La Western States de la maturité ?
En juin dernier, Walmsley prend le départ d’une Western States où il s’est perdu en 2016 avant d’abandonner en 2017. Cette fois, il s’offre la course en devançant D’Haene et en pulvérisant de 16 minutes le record de l’épreuve. "Je voulais partir sur un rythme raisonnable, pour me préserver. J’avais un plan de course en tête, des temps de passage, particulièrement dans les 70 premiers kilomètres. Je me suis attaché à les respecter à la lettre pour finir cette course proprement, en restant fort jusqu’au bout", déclare l’Arizonien à l’arrivée, bien conscient que le dénivelé moins important qu’à l’UTMB ne lui permet pas de clamer trop fort ses ambitions, avant une préparation UTMB à Silverton, fief de la Hardrock, plutôt que dans les Alpes.
Cette année, la légende Kilian Jornet espère prendre sa revanche à Chamonix en l’absence de D’Haene. Mais il lui faudra contrôler ce rêveur venu d’Arizona, ce sale gosse aussi attachant que secret qui essaiera quoi qu’il arrive de devenir le premier américain à triompher à Chamonix.