Ruddy Walem et Vincent Rousseau, une complicité inchangée
Rivaux durant leur carrière, Vincent Rousseau et Ruddy Walem ont pourtant toujours nourri une amitié sans faille
- Publié le 14-06-2017 à 10h12
- Mis à jour le 14-06-2017 à 20h26
Rivaux durant leur carrière, Vincent Rousseau et Ruddy Walem ont pourtant toujours nourri une amitié sans faille Convaincre Vincent Rousseau et Ruddy Walem de se retrouver pour savoir ce qu’ils sont devenus à quelques jours de la deuxième édition du jogging Ruddy Walem à Maurage n’a pas été très compliqué. Les deux hommes ont certes été rivaux durant leur carrière, mais leur amitié, née alors que le Louviérois se frayait un chemin dans la sphère du cross-country en Belgique derrière le Montois dont le nom ornait déjà les trophées de belles compétitions, a surmonté les épreuves et les circonstances de la vie pour les voir toujours aussi complices à 54 et 49 ans.
Entre les deux anciens champions, on détecte plus qu’une simple relation d’amitié. Le respect, l’admiration et la reconnaissance mutuelle s’entendent lorsqu’on leur demande de regarder dans le rétro. "En fait, j’aurai dû commencer plus tôt, 3 ou 4 ans avant, le marathon et te laisser tranquille plus vite. Cela t’aurait donné plus de chance d’étoffer ton palmarès" , souffle Vincent Rousseau. " Le semi et le marathon étaient mes vraies forces. À un moment, pendant 39 km, j’ai même été sur les bases du record du monde. Mais je n’ai pas pu réaliser beaucoup de tentatives. Peut-être un petit regret."
Ruddy, dont le papa aurait rêvé de le voir jouer au foot, et Vincent se retrouvent régulièrement. Et le Montois se prête même au rôle de parrain du jogging Ruddy Walem du samedi 24 juin prochain. Les deux se taquinent souvent mais, entre eux, la compétition n’a jamais véritablement stoppé. D’ailleurs, la pluie et le vent n’ont pas empêché nos deux compères de se lancer dans une rando VTT après notre entretien tant ils n’ont toujours pas réussi à se passer de cette drogue qu’est le sport. "La course à pied, c’est de l’endorphine ! C’est pour cela que cela plaît tant et que c’est en plein boom. De plus, on vit dans une société de stress" , explique Vincent.
"Le poids, c’était obsessionnel"
Cette sortie VTT a malheureusement ravivé de mauvais souvenirs au Louviérois. "Les blessures… Durant ma carrière, je pense que chaque année, je devais m’arrêter 3-4 mois" , se souvient Walem qui se remémore avec bonheur son arrivée dans la cour des grands, dans le sillage du "gros" , comme il aime souvent appeler son ami. "Le poids, c’était obsessionnel. On avait toujours un pèse-personne avec nous. Quand j’étais jeune champion en scolaire, Vincent n’hésitait pas à me donner des conseils alors que lui avait déjà une belle carrière. Mon rêve en fait, à ce moment-là, n’était pas de le battre, mais déjà de courir avec lui ! Il est vrai tout de même que terminer devant lui lors de la CrossCup 89-90 m’a un peu lancé. Entre nous, il y avait une émulation. Je crois aussi que sans moi derrière qui le poussait, il n’aurait peut-être pas fait tout cela."
Leur carrière a connu des courbes identiques en cross. Les deux amis ne se sont que très rarement quitté lors des grands événements internationaux dans lesquels ils ont tenté de rivaliser avec la concurrence pour y décrocher de superbes résultats.
Une attitude professionnelle qui ne les a jamais quittés. Et bavarder avec eux, c’est aussi l’assurance de jongler avec les chronos d’avant et d’aujourd’hui. S’ils ont fait une croix sur leur volonté de courir la course à pied, c’est toujours leur dada. D’une manière ou d’une autre, ils veulent mettre leur expérience et leur savoir-faire au profit de la jeune génération. "J’avais lancé en premier la course à jeun il y a des années et cela n’avait pas vraiment marché. Pourtant maintenant, c’est exploité dans tous les domaines" , soutient Vincent. "Je planche aussi sur une application d’entraînement."
Si Vincent est dans l’aspect technique, c’est le coaching qui plaît au Louviérois qui prodigue notamment ses conseils au team Vertigo. Le cousin de Johan Walem a, en outre, repris Nicolas Mulpas (champion du Hainaut du 5.000 m) et aimerait tant disposer d’infrastructures pour élargir sa palette. "J’avais l’accord du président du Moha pour entraîner Nicolas à Obourg, mais il s’est finalement ravisé parce que l’entraîneur là-bas a menacé de partir avec Elise Vanderelst alors que c’est la nouvelle perle. Pourtant, je pense que l’on aurait pu se partager les heures sans marcher sur ses plates-bandes. C’est dommage, vraiment. C’est comme si on ne voulait pas de nouvelles têtes. Vous savez, Roger Lespagnard, il était déjà là de notre temps."
D’ailleurs, l’entraîneur de Nafissatou Thiam, laquelle impressionne nos deux retraités, semble avoir une place toute trouvée dans leur carrière. "Quand elle a gagné, j’étais surtout content pour Roger ! Et je crois que cette émotion, je n’étais pas le seul à l’avoir" , s’émerveille le Montois.
Des records par décennie
La fin de carrière de nos deux retraités, et spécialement celle de Ruddy Walem, a été émaillée par l’arrivée du dopage. Et cela, ils ne l’oublient pas ! "L’arrivée de l’EPO a tout bousculé", lance Vincent alors que Ruddy devenait plus amer. Alors qu’il pensait son tour arrivé, "la Belgique allait me chercher le champion Mourhit ! (NdlR : convaincu de dopage) C’était flagrant, mais on m’a demandé de me taire. Je me souviens qu’en Belgique, je terminais au sprint avec lui et ensuite, arrivé à l’Euro ou autre événement pareil, rien qu’à l’échauffement, on ne voyait aucune trace de souffrance et il nous mettait ensuite 50 secondes - 1 minute dans la vue !" Ce dopage, il a d’ailleurs fait parler de lui lors des derniers Jeux avec l’exclusion de la Russie ! Mais la décision de faire table rase des records n’a pas trouvé grâce à leurs yeux. "Pourquoi ? Ceux d’Edwards, de Radcliffe, de Powell sont propres" , soutient Rousseau. "Pour moi, la meilleure idée serait de faire des records all-time et à côté, ceux par décennie. Peu de records sont encore accessibles et cela permettrait de garder une certaine émulation et motivation pour la jeune génération."
"M'investir d'avantage pour le jogging
" Il avait d’abord été sollicité pour son expérience de la course et de par son palmarès. Mais Ruddy Walem prend son statut de parrain du Jogging Ruddy Walem, dans son village à Maurage, très à cœur. Le Louviérois, qui devrait quitter l’armée en raison des blessures, aimerait faire de ce rendez-vous estival un événement incontournable pour les coureurs. "J’aimerais m’investir davantage dans l’organisation, voire même la reprendre carrément. Par exemple, nous ne faisons pas partie du Challenge du Hainaut, mais cela pourrait nous amener directement un nombre de coureurs importants et bénéficier de l’expérience d’Yvon Doyen, le responsable du challenge."