Marathon des Sables: 250 km dans le désert sur une jambe
L’Américaine Amy Palmiero-Winters, 47 ans, est devenue la première athlète amputée à boucler la terrible épreuve du Sahara marocain.
- Publié le 16-04-2019 à 12h23
- Mis à jour le 18-04-2019 à 09h27
L’Américaine Amy Palmiero-Winters, 47 ans, est devenue la première athlète amputée à boucler la terrible épreuve du Sahara marocain.
250 kilomètres en six étapes, dont une de 76 kilomètres. Le menu de la 34e édition du Marathon des Sables qui vient de se boucler mais aussi l’immense défi que s’était lancé l’Américaine Amy Palmiero-Winters, une maman de deux enfants qui fait des pieds de nez continuels à la fatalité qui lui est tombée dessus voici plus de 25 ans.
À 22 ans, cette sportive accomplie (natation et sprint durant ses études) fut en effet victime d’un terrible accident de moto. Pendant près de trois ans et une vingtaine d’opérations, les médecins ont tenté de sauver sa jambe. Las, à un moment, il a fallu se rendre à l’évidence et l’amputer juste en dessous du genou.
Adaptation du corps. Acceptation de la réalité. Ce n’est que trois ans plus tard, en 2000, qu’Amy reprend la course à pied. Elle revient sur marathon en 2004, termine le triathlon de New York l’année suivante, établit sa meilleure marque sur le marathon de Chicago (3h04’), puis grimpe dans les distances et les exigences. En 2009, elle réalise ainsi une incroyable performance avec quelque 210 kilomètres courus sur un "24 heures". Il s’agissait de la première victoire d’une athlète amputée sur une course de ce type.
De la Western States 100 à un ultra triathlon
Depuis, d’autres accomplissements sont tombés. D’autres premières. On la voit ainsi sur la Western States endurance run, un 100 miles bouclé en 27 : 43 : 10. Un chrono juste dingue. La Badwater en 41 : 26 : 42 en 2011. Ou encore, en 2014, la réussite de l’Ultraman, un ultra-triathlon disputé sur trois jours (10 km de natation + 90 km à vélo le premier, 273 km à vélo le deuxième et 84 km de course à pied le troisième).
Cette dame est donc venue sur le Marathon des Sables pour découvrir quelque chose de nouveau. Pas besoin de faire un dessin : la nature de l’effort et du terrain était quelque chose de nouveau, et de périlleux, pour elle. "Porter tout le matériel obligatoire n’était pas nouveau pour moi", expliquait-elle au final. "Mais faire chaque jour tous un arrêt à la fin de l’étape l’était. Cela aurait été plus facile que je puisse continuer et aller au bout sans arrêter…"
"Inspirer et donner de l’espoir"
La petite histoire retiendra qu’elle terminera finalement 633e en 52h23’ (temps de la lauréate dame, la Néerlandaise Ragna Debaets, championne du monde de trail 2018 : 23h21’).
On lui tire encore plus son chapeau lorsque l’on apprend qu’Amy a créé sa propre association (Amy’s One Step Ahead Foundation) qui cherche à lever des fonds pour les sportifs handicapés aux États-Unis. Pourquoi ? "Pour inspirer les jeunes et les moins jeunes. Donner de l’espoir. Et puis pour montrer à ceux qui aiment l’ultra-endurance qu’ils peuvent utiliser leur sport pour aider les autres."
Un Belge dans le Top 20
En fin de périple désertique, le Marocain Rachid El-Morabity (37 ans) a inscrit pour la sixième fois son nom au palmarès du Marathon des Sables (NdlR : sans oublier une victoire lors de l’édition péruvienne de 2017). Cinq étapes sur six enlevées, un chrono final de 18h31.24 : l’affaire était pliée, avec plus de 8 minutes d’avance sur son frère Mohamed.
Derrière, 18 des 21 Belges engagés se retrouvent dans les 752 finishers, parmi lesquels deux top 100 (Kenneth Vanthuyne et Thomas Van Woensel, respectivement 20e en 24h07 et 46e en 27h24). Vanthuyne, citoyen de Gentbrugge de 35 ans, employé sur Bruxelles par BNPP Fortis, n’est pas ce que l’on appelle un baroudeur de l’ultra trail ayant déjà usé ses godasses sur une multitude de courses au long cours. Vraiment pas puisqu’il s’agissait ici de son premier ultra…
"J’ai commencé par faire un peu de marathon voici une dizaine d’années avant de me diriger quelques années plus tard sur le triathlon", nous expliquait-il dimanche, en pleine phase de récupération après son effort. "Là, j’ai commencé à me lancer sur des double-ironman, avec quelques podiums à la clé comme des troisièmes places en Hongrie et en Allemagne, ainsi qu’une victoire l’an dernier en Autriche après 20h25 d’effort. Pour ce Marathon des sables, je n’avais aucune attente particulière puisque je n’avais aucune expérience en ultra-trail. Tout s’est très bien déroulé, sauf peut-être lors de la fin de course à cause de problèmes d’estomac…"
Un chien... finisher
Cactus fut l’une des attractions du MDS 2019. Il est tout simplement devenu le premier… chien finisher du Marathon des Sables.
Il a suivi la caravane dès le départ et est arrivé au bout, devenant la mascotte des participants.
Les organisateurs lui ont même attaché un "tracker", comme aux autres participants. Bon, maintenant, faut rentrer à la maison Cactus…