Les confidences de Koen Naert: "Rassurez-vous, il m’arrive aussi de ne pas avoir envie de courir"
Le récent champion d’Europe du marathon nous explique sa vision du running, de la compétition et de sa préparation. Le Flandrien, révélation de l’Euro de Berlin, est la preuve vivante qu’il est possible de réaliser des exploits sur la distance reine de la course de fond tout en bossant à temps plein.
- Publié le 19-03-2019 à 14h30
- Mis à jour le 19-03-2019 à 17h10
Le récent champion d’Europe du marathon nous explique sa vision du running, de la compétition et de sa préparation. Le Flandrien, révélation de l’Euro de Berlin, est la preuve vivante qu’il est possible de réaliser des exploits sur la distance reine de la course de fond tout en bossant à temps plein.
On passe devant la maison de Koen Naert, à Oostkamp, en voiture. Il répond machinalement à notre signe de la main sans même savoir qui nous sommes. Un réflexe. "Dans le coin, je finis par avoir mal au bras quand je cours tellement je salue des gens." Il se marre mais depuis qu’il est champion d’Europe du marathon, sa vie a changé. Dans le bon sens, rassure-t-il. Ce titre, il le chérira toute sa vie. Il pourra éternellement se targuer d’avoir été l’homme le plus rapide du continent en 2018. Pas mal quand on sait que près de 740 millions de personnes vivent en Europe.
Ce titre est plus qu’un simple exploit de sportif de haut niveau. Koen Naert s’est érigé en symbole de la course de longue distance en Belgique. "J’espère devenir un ambassadeur de notre sport, pousser les gens à courir."
Koen Naert, c’est aussi un exemple, une histoire d’abnégation, de motivation, de travail qui prouve que tout le monde, à son niveau, peut atteindre ses objectifs. Une interview-fleuve sous le signe d’une leçon de vie.
Passer de 2h13 à moins de 2h10 sur marathon, c’est un pas de géant. Pour un amateur, c’est comme passer de 4h à 3h30. Qu’avez-vous changé pour ne cesser de vous améliorer ?
"L’expérience et le passage au professionnalisme grâce à mon contrat Adeps expliquent cela. En 2015, pour mon premier marathon, j’étais encore infirmier à l’hôpital militaire Reine Astrid. J’ai dû trouver mes marques quand j’ai arrêté de bosser en 2016. Je manquais de repères, de structure dans ma vie sans mon job. J’ai repris des études et j’ai davantage cadré mon travail avec mon staff. Tout est désormais ultra-pro. Grâce à cela, j’ai évolué mentalement. Je ne suis plus un outsider dans la tête. J’ai pris confiance."
Vous avez aussi drastiquement changé votre alimentation…
"Je travaille avec Stéphanie Scheirlynck, la diététicienne de Nafi Thiam, Greg Van Avermaet, etc. Ses méthodes fonctionnent très bien. J’ai aussi renforcé mon équipe de soin. Mon kiné me comprend parfaitement et sait ce dont j’ai besoin."
Vous ne pouvez plus manger de frites alors ?
"Bien sûr que si ! Quand je passe à la friterie, les gens me disent : ‘Mais que fais-tu là ? Arrête, tu ne peux pas !’ Tout dépend de la période et de mes besoins. J’ai passé un examen pour vérifier mon taux de graisse en décembre et j’étais trop maigre pour l’hiver. Stéphanie m’a dit que je devais passer à la friterie chaque semaine. Vous n’imaginez pas à quel point j’étais content." (rires)
Quand devez-vous stopper ?
"À l’approche d’un marathon, je rentre dans un mode de préparation. Je ne touche plus au chocolat et aux trucs du genre. Je ne mange plus que des choses saines. Je démarre dix ou douze semaines avant le jour J. Je ne fais pas ça toute l’année. Sinon je deviens fou et trop maigre."
On dit souvent qu’on a tendance à beaucoup manger quand on court souvent. Est-ce vrai dans votre cas?
"Je mange beaucoup ! Beaucoup plus que la plupart des gens. Mais je fais tellement de kilomètres que je peux me le permettre. C’est mon avantage. Si je fais 25 kilomètres, je dois compenser et recharger mes batteries avec de la nourriture."
Après un marathon, la tradition chez les amateurs est de s’enfiler un repas bien crapuleux en guise de récompense. Êtes-vous aussi adepte de cela ?
"Je me fais toujours plaisir. Les fast-foods ? Très peu pour moi ! Je n’ai pas l’habitude d’y manger, alors mon estomac ne supporte pas bien. Après un tel effort, ton corps demande des glucides car il n’a plus d’énergie. Si tu le remplis de graisse, ce n’est pas idéal. Donc après Berlin, je me suis mangé une belle pizza. C’était magnifique !"
Avec une bonne bière ou une flûte de champagne pour célébrer ?
"Je ne bois jamais d’alcool. Même après un titre. Je n’aime pas le goût. Parfois, je me prends un soda mais je me rends compte que je préfère l’eau…"
Au quotidien, quel régime suivez-vous ?
"Je mange beaucoup de pâtes et d’autres féculents car j’ai besoin d’énergie pour enchaîner les séances. Je consomme également beaucoup de viande blanche mais ça ne me suffit pas. J’étais un mangeur de viande rouge mais Stéphanie m’avait conseillé de diminuer les doses. Après quelques semaines sans, mon masseur m’a fait remarquer que mes muscles étaient plus raides qu’avant. Je ne comprenais pas. On a beaucoup cherché et finalement j’ai à nouveau mangé un steak une fois par semaine et mis du rosbif dans mes tartines. Mes muscles ont retrouvé leur souplesse."
On nous a dit qu’en compétition, vous preniez toute votre nourriture avec vous…
"C’est juste. Je ne prends aucun risque et n’autorise aucune nouveauté. Je note tout ce qui fonctionne pour moi et je les utilise sur chaque marathon. Même si je sais que c’est en partie psychologique."
Vous êtes également très à cheval sur votre équipement…
"À Berlin, j’étais le seul à courir en blanc. J’avais vraiment insisté pour ne pas courir en noir. Il y avait du soleil, donc je voulais un maillot qui ne chope pas trop la chaleur. Ce sont des détails qui me font évoluer. Mes maillots, mes boissons, j’y pense à chaque run d’entraînement. C’est banal mais quand tu additionnes toutes ces petites choses, ça fait des secondes, voire plus, sur un marathon."
Avez-vous un rituel avant chaque course ?
"Je porte toujours le même caleçon. C’est mon truc, ma superstition. Tout mon planning pré-course est noté de mon réveil jusqu’au départ. Je me lève 4 heures avant la course et, à partir de là, tout est minuté."
Même votre passage aux toilettes ?
"Ça, c’est la seule chose qui ne l’est pas. (rires) Je sais à quelle heure je commence à manger, à quelle heure j’ai fini, quand je bois le premier bidon, puis le deuxième. J’ai besoin de cette structure pour me sentir bien dans la tête et être certain de ne rien avoir oublié. Si tout est impeccable, je pars en me disant que je vais bien courir."
Qu’avez-vous en tête lorsque vous courez ?
"Je réfléchis beaucoup. Parfois trop. J’étudie encore et j’ai des idées pour mes cours. Aussi pour mes réseaux sociaux. Je m’imagine beaucoup de choses. Je pense aux changements à effectuer dans mes entraînements pour être meilleur. J’ai le cerveau en ébullition quand je cours."
On dit souvent que les meilleures idées viennent en courant…
"Je pense que le running aide à la créativité dans le milieu professionnel. Ma femme, par exemple, a beaucoup de pression au travail et elle se rend compte que c’est important d’avoir un équilibre grâce au sport. Courir, c’est facile; tu fais ça quand tu veux. Même en 30 minutes, tu t’es vidé la tête. Ça ne coûte pas cher. Il n’y a pas d’abonnement, pas de matériel onéreux, à part les chaussures."
Courez-vous toujours sans musique ?
"Oui. Pour penser, justement."
Comment restez-vous motivé tout au long d’une course ?
"J’écoute ma foulée, mon rythme. Je suis ultra-concentré durant ma course. Je pense à mes boissons, au chrono. J’analyse aussi beaucoup les autres coureurs. Je vois ceux qui ont mené l’allure ou celui qui est bien resté caché. Comme dans un gruppetto en cyclisme. C’est important car il faut connaître ceux qui sont avec toi. C’est comme ça aussi que j’ai gagné Berlin. Je sens bien la tactique. Il n’y a que durant les dernières 20 secondes que je ne suis pas concentré. Si je ne suis pas concentré et que je perds mon rythme, mon marathon est loupé. Courir une telle distance, c’est aussi un apprentissage de la connaissance de soi. Les Kenyans commencent toujours leur course sur les bases du record du monde avant d’être dans le dur sur la fin. Je préfère travailler avec un schéma basé sur mes sensations."
À Berlin, vous avez couru en negative split [NdlR : en courant le second semi-marathon plus vite que le premier]…
" Pour la première fois de ma vie. Le contexte est différent. C’est un championnat, le départ était plus lent vu qu’on vise plus la médaille que le chrono. Je préfère courir à un rythme constant car je suis souvent bien jusqu’au 35e kilomètre. J’ai peur qu’en étant trop lent sur le premier semi, je doive trop cravacher sur la fin. À Rotterdam, je vais viser la constance. J’espère ne pas être trop cuit à la fin." (rires)
À votre niveau, s’amuse-t-on sur un marathon ?
"Sur la fin, c’est dur car tout fait mal. Le corps, la tête. Mais j’adore courir des marathons. Au début, tu es vraiment frais, tu ne vas pas trop vite, tu te fais plaisir. Après 35 km, c’est une autre histoire."
Comment gérez-vous ce mal ?
"Je me parle beaucoup et je me dis que je n’ai pas mal, que je ne sens rien. Je répète ‘Push push push.’ Non-stop. J’y pense tellement que je n’ai pas le temps de penser à la douleur. Si elle revient, je dis ‘Non non non, push push push.’ Franchement, ça marche bien." (rires)
Que conseilleriez-vous à un amateur qui veut débuter ou s’améliorer sur marathon ?
"Prenez le temps. Ne commencez pas à vouloir aller trop vite ou à faire trop de kilomètres. Je vois souvent des gars motivés qui commencent direct avec 20 kilomètres et, bam, ils se blessent. J’ai des séances hebdomadaires chez le masseur, le kiné… Les amateurs n’ont pas ce luxe. Il faut être d’autant plus prudent et à l’écoute de son corps. Quand tu commences sans expérience, il faut y aller doucement. Et pousser progressivement. Tout le monde dit ‘Je ne suis pas fatigué après 5 km.’ Et bien, il faut que ça reste comme ça. Il n’est pas nécessaire d’être rouge et en sueur pour avoir bien bossé. Mon beau-père est le pire exemple pour ça. Quand il court, il revient en transpirant comme un dingue. Chaque fois, ça me fait rire."
Se préparer comme un pro est-il nécessaire pour des runners du dimanche ?
“C’est chouette de le faire, non ? Je trouve que ça fait partie du plaisir. J’adore tout analyser. C’est comme ça qu’on vit l’événement à fond. Amateurs et professionnels courent sur le même parcours alors pourquoi ne pas se préparer comme un pro ? Je pousserais même le bouchon plus loin en adaptant totalement ou partiellement ma vie avant la course pour mettre toutes les chances de mon côté.”
Quand vous parlez d’analyse, que voulez-vous dire ?
“Internet permet de voir le dénivelé, le parcours, etc. Ça aide déjà à visualiser. S’il y a des virages, des côtes, cela doit être pris en compte à l’entraînement. Puis, il faut aller chercher quels sont les sponsors de l’événement. Rotterdam utilise des boissons AA drink. Eh bien, je vais m’entraîner avec cette boisson pour m’y habituer. Imagine que tu n’as jamais testé AA Drink et qu’elle te pèse sur l’estomac, ça peut foutre ta course et ta prépaen l’air. Pour une bête boisson qui aurait pu être testée ! Il faut aussi goûter les gels, porter le short, le t-shirt, etc. Si ça fonctionne, garde; sinon, jette.”
Quel regard portez-vous sur le phénomène running en Belgique ?
“On dit que personne ne s’intéresse à la course de fond mais quel événement rassemble 40.000 sportifs ? La course ! Les 20 Km de Bruxelles, les 10 Miles d’Anvers. Ce sont plus que de simples événements. Les sports d’endurance revivent. De plus en plus de gens se fixent l’objectif de terminer un marathon. Et je ne comprends pas que les sponsors ne s’y intéressent pas davantage. Le running cadre parfaitement avec la tendance actuelle : c’est social, écolo et bon pour la santé.”
Le trail est le nouveau phénomène de mode. Pensez-vous vous y mettre un jour ?
“Pas pour l’instant. C’est trop dangereux et différent de ce que je fais. On me demande parfois de courir une manche de CrossCup mais je sais que je vais me blesser. J’arrêterai ma carrière de marathonien quand je ne serai plus assez bon pour figurer dans le top mondial. Et je me dis : ‘Pourquoi ne pas tenter le trail ?’ Mais vraiment pour le plaisir. Sans pression. Juste pour découvrir.”
En 2015, la fédération flamande vous a lâché car elle considérait que vous n’aviez pas un assez gros moteur pour faire carrière. Et pourtant, vous vous êtes battu pour réussir. Votre parcours doit-il servir d’exemple à tout un chacun et prouver que quand on veut, on peut?
“Je veux faire de mon histoire un message pour tous les jeunes : il faut croire en soi. Je dis toujours aux jeunes que je croise qu’il faut rêver et travailler. Même si le soutien n’est pas celui escompté, je leur conseille de foncer pour réaliser leur rêve. C’est ce que j’ai fait. J’ai voulu y croire et finalement mes efforts m’ont amené l’encadrement nécessaire pour réussir à haut niveau.”
Comment ne pas se dire ‘J’arrête tout’ quand on est jeté par sa fédération ?
“Tu peux vite être un peu down. Il y a beaucoup d’athlètes qui pourraient se décourager. Mais c’est la mauvaise solution. Après cette décision, j’ai fait le choix de m’en servir pour grandir. C’était une source de motivation. J’ai pu compter sur une famille en or qui m’a permis de mener mes projets à bien. J’avais besoin d’eux mais la base du processus, c’était dans ma tête.”
Vous êtes aussi un modèle de combinaison travail-sport. Vous avez claqué 2h13 à Hambourg en travaillant comme infirmier…
“Je travaillais parfois 60 ou 65 heures par semaine avec des shifts de nuit à l’hôpital des grands brûlés. Il n’est pas impossible de faire des choses folles en travaillant à temps plein. Ça demande juste du soutien et beaucoup de discipline.”
Vous avez justement eu la chance d’avoir des collègues compréhensifs !
“Mes collègues et mon chef étaient des militaires, et donc des sportifs. Ils me comprenaient. Quand j’ai été demander 10 jours de congé supplémentaires pour aller en stage aux États-Unis, mon chef n’a pas hésité. Et hop, j’étais dans l’avion et, au retour, j’ai fait un super chrono qui m’emmenait aux Jeux olympiques de Rio. C’est aussi grâce au personnel de l’hôpital que ma carrière s’est lancée.”
Quand caliez-vous vos entraînements ?
“Finn (NdlR : son fils de deux ans) n’était pas encore né et ma femme était étudiante à Louvain. Notre vie n’était pas fixe et je m’adaptais donc à nos horaires pour planifier mes entraînements. Je travaillais souvent dès 6 heures, donc j’y allais après ma journée. Ça paraît fou mais ce n’est pas un souci si tu es fort mentalement. J’ai encore cette manière de penser.”
N’étiez-vous pas exténué ?
“J’ai justement appris à connaître mon corps grâce à ça. Si je bossais de nuit, je me reposais bien ensuite, sinon je tombais malade ou je me blessais. Beaucoup d’athlètes se lèvent à 5 heures pour aller s’entraîner puis filer au boulot mais je ne concevais pas d’arriver fatigué à l’hôpital. Je ne vois pas la plus-value car tu entres dans une spirale négative de fatigue. Je préfère parfois faire l’impasse sur une séance que de prendre le risque d’être mal ensuite.”
Vous ne vous fixez donc pas un planning strict ?
“Ça m’arrive de ne pas aller courir alors que je dois le faire. Je contrôle mon rythme cardiaque et travaille en fonction de ça. Si je suis trop haut, j’évite les entraînements de vitesse. Je reporte juste la séance. Et si, le lendemain, je ne suis pas mieux, je reporte encore. Suivre un programme à la lettre n’est pas la bonne solution. C’est une base mais il faut être à l‘écoute de sa santé. Mon coach est à 100 % d’accord avec moi là-dessus. Il me dit que si j’ai très mal dormi, ou s’il y a un problème avec mon fils, je peux sans souci annuler une session. Louper un entraînement ne veut pas dire tout perdre.”
Pouvez-vous comprendre que des gens qui bossent aient parfois du mal à enfiler leurs baskets ?
“Je les rassure : j’ai aussi des jours où je ne veux pas commencer mon entraînement. Parfois, c’est juste un moment sans, un mauvais feeling ou une triste météo. Ce n’est pas parce qu’on est pro qu’on n’a pas de baisses de motivation.”
Avez-vous encore un peu de temps pour vos amis ?
“Nos voisins sont nos meilleurs amis, ça aide. Je ne peux pas avoir une grosse vie sociale. J’aurai davantage de temps après ma carrière. Je sais que je ne peux pas rentrer d’un resto à une heure du matin. Et avec le petit, c’est encore plus difficile. On aime bien jouer aux cartes avec les voisins. Les gars contre les filles. On dit : ‘Bon, on arrête à 22 heures.’ Et finalement à 23h30, on est encore là à rigoler.”
"Je n’ai pas le salaire d’Eden Hazard. À 35 ans, je devrai bosser"
Pour son équilibre personnel, Koen Naert a décidé de se former. Il suit des cursus d’un an. "L’an passé, j’ai fait une spécialisation sur le traitement des plaies. Je ferai la deuxième année en 2020. Le cours que je suis actuellement se concentre sur le diabète." Pour l’instant, il y voit un hobby mais il sait pertinemment bien que ses compétences lui serviront un jour. "Je n’ai pas le salaire d’Eden Hazard" , plaisante-t-il. "À 35 ans, je devrai aller bosser. Et pour cela, je dois rester au courant des tendances et des méthodes. J’espère vivre neuf ou dix ans chez les pros avant de reprendre une vie normale. Je ne suis pas capable de rester en place donc ça ne me dérange pas de bosser après ma carrière." (rires)
Il est venu prêter main-forte lors des attentats de Bruxelles
Le 22 mars 2016, Koen Naert a fait partie des héros discrets des attentats de Bruxelles. Déjà professionnel, il n’exerçait plus à l’hôpital Reine Astrid à Neder-over-Hembeek. Il a toutefois effectué une pige exceptionnelle pour aider ses anciens collègues. "J’habitais à Bruges et devais aller à Louvain chez le kiné. J’étais en voiture quand j’ai entendu les infos. J’ai directement appelé mes anciens collègues. Je savais que l’hôpital militaire était responsable si quelque chose se passait à l’aéroport de Zaventem. Ma collègue m’a dit que c’était le chaos et que chaque personne compétente était la bienvenue. J’ai appelé mon kiné pour annuler et j’ai fait demi-tour pour aller à l’hôpital." Il a passé la journée à aider ceux qui en avaient le plus besoin. "Plein d’ambulances arrivaient. On s’occupait des premiers soins, du premier bilan. Puis on dispatchait dans les blocs et dans les autres hôpitaux. Pour moi, c’était normal d’agir de la sorte. En Flandre, on en a fait toute une histoire. Je suis infirmier. J’ai les compétences et l’habitude de ce genre de blessures et de brûlures. Je ne suis pas un héros. C’était logique d’aider les autres."
Il médite comme Djoko
La tête et les jambes. Difficile de mieux résumer l’approche de Koen Naert. Sans son mental d’acier, il ne pourrait pas courir aussi vite. On dit de lui qu’il a la tête bien faite. Il le doit en partie à un changement de vie radical depuis 2012. "J’ai commencé à méditer à ce moment-là. Ça a tout bouleversé pour moi. Je fais de la méditation pleine conscience, la seule scientifiquement prouvée. Novak Djokovic utilise la même méthode. C’est populaire dans plusieurs sports, notamment le tennis." Tous les jours, il prend deux fois 20 minutes pour méditer. "Je m’assois, je pense à mon mantra et je me retrouve dans un autre état de conscience. Je suis tellement habitué qu’en deux secondes, je suis parti. Si tu es à côté de moi et que tu cries ou que tu chantes, je n’entends rien. C’est vraiment bizarre mais ça me fait un bien fou."
Le bandeau comme marque de fabrique
Tout le monde a remarqué le bandeau jaune fluo porté par Koen Naert durant les championnats d’Europe. Ce look est devenu une marque de fabrique. "Quand on me demande comment me reconnaître lors d’une course, je réponds que je suis celui avec le bandeau." (rires) Les raisons de cet équipement sont toutefois pratiques. "Je porte des lentilles et j’avais souvent de la sueur dans les yeux. Pour compenser, je frottais beaucoup ma sueur mais ça brûlait mes sourcils. Un jour, on m’a proposé de porter un bandeau. Je n’y croyais pas mais ça a été une révélation."