Le sport au service de l’environnement
Né en Suède, le plogging consiste à ramasser des déchets en courant. L’application Run Eco Team regroupe des adeptes des quatre coins du monde.
- Publié le 27-01-2019 à 17h22
- Mis à jour le 27-01-2019 à 17h30
Né en Suède, le plogging consiste à ramasser des déchets en courant. L’application Run Eco Team regroupe des adeptes des quatre coins du monde. Cannettes de soda, bouteilles en plastique ou en verre, mégots de cigarettes et autres déchets en tous genres, tel est le décor quotidien qui pollue les sorties de nombre de coureurs. Lassé d’être confronté à ce tableau tout sauf idyllique, un runner suédois, Erik Ahlström, a trouvé le moyen de joindre l’utile au désagréable et à l’agréable en développant, en 2016 déjà, une nouvelle activité : le plogging. Son nom résulte d’une contraction et d’une combinaison des mots jogging et plocka upp, qui signifie ramasser en suédois.
Son initiative n’a pas traîné à faire tache tuile. En France par exemple, Nicolas Lemonnier, un ostéopathe de Nantes, a créé la Run Eco Team, au travers d’une page Facebook et d’une application du même nom. Un run, un déchet, c’est le défi que lance la Run Eco Team à chaque runner.
"Un jour, j’ai posté sur Facebook les déchets que j’avais ramassés", explique Nicolas Lemmonier. "Beaucoup de personnes ont réagi positivement. C’est ainsi que m’est venue l’idée créer le groupe Run Eco Team. Ramasser des déchets, c’est un geste simple. Mon plus grand rêve est que tous les runners du monde ramassent un déchet lors de chacune de leurs sorties. Non seulement ils font du sport, mais en même temps ils ramassent un déchet et posent un geste pour les autres."
Alors certes, le rêve que chaque coureur s’adonne au plogging est utopique, même si 99 % d’entre eux sont des amoureux de leur environnement. Néanmoins, le mouvement de la Run Eco Team a rapidement pris la couleur de tous les continents de la planète. Et des milliers de runners y ont déjà adhéré, et entassé des tonnes et des tonnes de détritus. Que leur terre de jogging soit européenne, asiatique, africaine ou encore américaine, ils sont très nombreux à publier une photo du butin de leur collecte, parfois aussi avec une note d’humour, en remplissant parfois jusqu’à plusieurs sachets au cours d’un seul entraînement.
Pour adhérer au mouvement, vous savez ce qu’il vous reste à faire : vous penchez ne fût-ce qu’une seule fois lors de votre galop d’entraînement. Pas chère l’adhésion, non ?
Du plogging aux sorties trail guidées
Mathieu Galerin n’en est pas à sa première initiative en faveur d’un environnement meilleur. Organisateur de courses et coureur, ce Gaumais a aussi créé il y a peu Guide Rando Trail, concept sous lequel, comme son nom l’indique, il organise des sorties trail, dans la région d’Orval et au-delà.
"Je propose des randonnées classiques, mais aussi thématiques, comme par exemple un trail kayak, un trail gourmand ou un trail visite d’une brasserie artisanale", précise Mathieu Galerin. "Je ramasse moi-même autant que faire se peut les déchets lors de mes entraînements, et sur les courses aussi. Cette année, je vais aussi proposer l’une ou l’autre sortie plogging. Faire du plogging avec Guide Rando Trail me paraît logique, puisque le but est de proposer une activité simple dans un esprit écologique, en harmonie avec la nature. Par contre, qui dit trail dit chemins et nature. Or, la grande majorité des détritus jonche les routes. Il faudra donc intégrer cet aspect aux itinéraires du plogging."
Mathieu Galerin milite par ailleurs pour l’utilisation des gobelets recyclables sur les courses, non seulement sur les ravitaillements mais également au bar. "La problématique des déchets doit être pensée à la base, j’ai récemment tenté l’expérience lors de la Jingle Run à Florenville", avance-t-il."On avait loué 5 000 gobelets pour 40 euros, on en a utilisé 2500 et 16 ont été perdus. On en a eu pour 56 euros. Ce n’est pas plus cher que des gobelets en plastique. On va d’ailleurs se réunir avec quelques organisateurs du Challenge des Allures libres de Gaume, pour réfléchir notamment à une solution dans ce sens sur nos courses, en espérant servir d’exemples pour d’autres."
Un parcours, un nettoyage hebdomadaire
Thomas Dubois s’adonne au plogging depuis 2016. Il est même ambassadeur propreté de sa région.
C’est l’histoire d’une cannette dans un arbre. "J’avais publié sa photo sur Facebook", explique Thomas Dubois, passionné de course à pied. "En réaction, une personne m’a demandé si je l’avais ramassée. Je me suis senti bête, parce que non alors que j’aurais pu. Un an plus tard, en 2016, je cherchais un moyen de freiner ma cadence. La plupart des coureurs courent trop vite. Or, l’endurance fondamentale doit représenter 70 % du kilométrage hebdomadaire. J’ai repensé à cet épisode et ai eu l’idée de me mettre au plogging."
Depuis lors, plus aucune cannette, au même titre que plus aucun autre déchet bien sûr, ne reste derrière ce citoyen de Bande, dans la commune de Nassogne. "J’ai contacté la commune, qui m’a donné des sacs et m’a proposé que des ouvriers communaux viennent les chercher à mon domicile une fois remplis", souligne Thomas Dubois. "Puis j’ai découvert la plateforme www.walloniepluspropre.be. Je me suis inscrit comme ambassadeur, en mentionnant un périmètre dans mon village et à ses alentours. J’ai reçu une pince longue, des gants, une veste fluo, des sacs… Je fais 75 % de mes sorties en mode plogging, J’ai mon parcours de 10 km sur lequel je ramasse les déchets une fois par semaine environ."
Et les foulées environnementales de notre monsieur propre sportif ne sont jamais de trop. "Je ramasse minimum 30 déchets par entraînement, et en fin d’année, ce chiffre était même de 80 ou 90", ajoute-t-il. "Et encore, j’ai la chance d’être en zone rurale où il y a beaucoup moins de trafic. Les déchets ne se renouvellent pas aussi vite que sur des plus grands axes routiers. J’ai un sac à dos de 60 litres, dans lequel je mets le sachet bleu pour les PMC, c’est-à-dire les canettes ou les bouteilles en plastique, et un sachet transparent pour les autres déchets. Évidemment, je ne sais pas tout nettoyer. Lorsque je tombe sur une roue avec une jante ou un dépôt clandestin par exemple, je contacte la commune de Nassogne, et celle-ci fait nécessaire."
Thomas Dubois nous parlait des bénéfices pour son endurance fondamentale, mais il en tire aussi d’autres au niveau sportif. "C’est aussi une manière de faire du fractionné, avec mes accélérations et arrêts répétés, ou plutôt du fartlek, pour bien dire les choses, vu que ces efforts ne sont pas réguliers mais bien des variations d’allure."
Et de conclure. "J’ai un emploi du temps fort chargé, et je n’ai pas le temps de me battre pour les causes environnementales", clame ce père de trois enfants. "Le plogging, c’est donc ma manière d’apporter ma contribution à l’environnement."
Le Can-guru, le sac pour le ploggeur
Prenez cannettes et kangourou, contractez les deux mots, et vous obtenez Can-Guru. Coureur et adepte du plogging, Lionel Van Eldom, de Malmedy, a conçu un sac pour les sportifs, et notamment les coureurs ploggeurs. Sac ventral très léger et respirant, le Can-Guru est fabriqué par l’entreprise de travail adapté Alteria, de Colfontaine. Alteria emploie cinq équivalents temps plein actifs au sein de sa section confection. Et conçoit ses Can-Guru à base de produits recyclés, tels des bâches publicitaires, des drapeaux, des toiles de parachutes ou encore des ceintures de sécurité.