Le Ohm Trail n’a pas trahi sa réputation
On le dit le plus difficile de Belgique, et ceux qui ont souffert sur les tracés ne diront pas le contraire. Témoignages
- Publié le 05-06-2018 à 18h11
- Mis à jour le 05-06-2018 à 18h12
On le dit le plus difficile de Belgique, et ceux qui ont souffert sur les tracés ne diront pas le contraire. Témoignages
Il faisait très chaud ce dimanche matin et les organismes ont souffert dans les collines qui encerclent la charmante localité d’Aywaille. Le Ohm Trail, c’est tout sauf du plat et du roulant (voir notre supplément Belgium Running) : ce n’est qu’une succession serrée de sentes techniques, à monter et à descendre. Les bâtons sont bien utiles et parfois, c’est même à quatre pattes que les coureurs se retrouvent, tant la déclivité est forte. Que ce soit sur 10, 20, 35 ou 50 km, il faut être au top pour s’engager sur cette épreuve.
Les Liégeois ont brillé, comme Julien Charlier qui s’est imposé sur le 35 km. "J’avais déjà gagné les 20 km il y a trois ans je pense. Mais cette fois, je voulais une distance encore plus prestigieuse, et c’est le 35 km que j’ai choisi. Il y avait du très beau monde au départ et j’ai su que ce ne serait pas une promenade de santé. Jerôme Vanderschaeghe est parti seul au dixième kilomètre et nous sommes restés derrière, avec un petit groupe. Au treizième, je me suis détaché et j’ai tenté de me rapprocher de Jérôme. Je n’y suis arrivé que 5 km avant la fin, du côté de la Redoute. Il avait un petit coup de mou et moi, j’ai réussi à garder ma cadence. Je savais que c’était en côte que je devais faire la différence. Je peux vous dire que franchir la ligne d’arrivée en vainqueur sur ce type de course, c’est vraiment émouvant !"
Sur le 50 km, victoire quasi au sprint pour Stijn Van Lokeren (4’41’51) devant Julien Ponsard (4’42’43).
Un grand bravo à Janick Delva qui remporte la distance chez les dames. Elle était dans son jardin mais sa performance n’en demeure pas moins époustouflante (6’08’29).
"Courir sur ses chemins d’entraînement permet de savoir vers quelle difficulté on va, mais ce n’est pas pour autant que les côtes se montent plus vite… Ici, j’ai couru à mon rythme dès le 17e km. J’étais derrière Juliette Champion qui s’est trompée et qui été disqualifiée. Elle a reconnu directement son erreur avec un beau fair-play ! Prochain objectif pour moi ? Le Trail des Passerelles, dans le Trièves (France). 65 km et 3.500 de D +. "
Le plus dur de Belgique?
Avec des D + de 1.800 m sur 35 km et 2.400 m sur 50 km, L’Ohm Trail se dit être le plus dur du pays. Nous avons demandé aux participants leur avis
Souffrir avec le sourire, telle est la devise de l’Ohm Trail, dont le nom fait référence à l’unité de résistance. Le chiffre 13, du nombre de ses éditions, aura porté chance à Julien Charlier et Stijn Van Lokeren, vainqueurs du 35 km (distance classique) et du 50 km (distance XL). Ils ont su dompter les côtes et la chaleur pesant sur la région d’Aywaille ce dimanche.
L’Ohm se veut le trail le plus dur du pays en raison de son ratio D +/nombre de kilomètres. Mais est-ce pour cela que les participants partagent cet avis ? La réponse est partagée mais le rendez-vous s’affirme en tout cas comme un incontournable du calendrier belge avant d’aller se défier aux montagnes à l’étranger.
Les côtes ont la cote
Dauphin de Julien Charlier, Jérôme Vanderschaeghe, qui venait se préparer en vue du marathon Mont-Blanc, estime que le parcours est "très costaud, surtout avec des montées bien raides". Même son de cloche chez Andrea Braga, 5e du 50 km et venu préparer des courses en France de plus en plus longues et cabossées qui devront le faire monter en puissance pour la Swiss Peak et ses terribles 360 km. "Les côtes sont vraiment très sèches sur ce parcours."
Les deux hommes ne pensent cependant pas que l’Ohm est le trail le plus difficile du royaume, mais chacun avec des arguments différents. "Pour moi, la Bouillonnante est plus dure car il n’y a aucun répit. Les parties plates sont aussi beaucoup plus techniques alors que quelques portions de faux plat montants et descendants de l’Ohm sont plus reposantes", explique Jérôme. Pour Andrea, Ohm arrive derrière le HADT à Durbuy mais devant la Bouillonnante. "Il y a beaucoup plus de cailloux à Durbuy, les chemins sont moins larges car on passe à travers tout."
Au sein du peloton, Antoine Collard, 60e ce dimanche sur les 35, n’est pas sûr non plus que l’Ohm soit le plus difficile. "Je ne sais pas si c’est le plus dur, mais en tout cas je souffre quand même pas mal…"
Frédéric Coopman, coureur gantois qui a terminé 20e du 35 km, revenait d’une semaine de préparation à Gran Canaria. Il a donc mieux digéré le dénivelé mais a "trouvé dur l’Ohm, notamment à cause des chemins assez boueux. Maintenant de là à dire que c’est le plus dur… C’est toujours difficile de se prononcer."
Une région spectaculaire et des paysages variés
Nos quatre athlètes se sont en revanche montrés enthousiastes quant aux paysages traversés. Avec ses bois, ses ruisseaux et ses plaines, la palette visuelle est variée. Même si Antoine rajoute un petit bémol. "C’est assez spectaculaire, c’est une région qui en vaut la peine mais qui a un peu moins de charme que certains coins d’Ardenne car beaucoup plus touristique. Et dommage qu’on passe aussi souvent près de l’autoroute." Andrea Braga est plutôt d’accord sur ce dernier point, même s’il précise que les organisateurs n’ont peut-être pas totalement le choix.
Julien Libert, du blog des sentiers du Phoenix, avait écrit que les paysages de l’Ohm lui faisaient penser à l’Auvergne et aux Vosges. Un avis plutôt partagé par Jérôme Vanderschaeghe et Andrea Braga. "C’est toujours difficile de comparer. Mais c’est vrai que l’Ohm présente des similitudes avec ce que l’on retrouve dans les Vosges, avec le même type de décors mais des montées un peu plus longues que chez nous", pense Jérôme, premier belge lors de l’OCC 2017.
Parfum d’Alsace
"Ça se rapproche du Trail des Marcaires (72 km) que j’ai fait dans les Vosges, mais ça reste en dessous", renchérit Andrea. "Ce qui change beaucoup par rapport à nos parcours, c’est l’absence de passage à gué. En France, vous n’avez pas ça. Ici, j’ai dû mettre des chaussures avec de plus gros crampons. Mais la présence de ruisseaux permet de se rafraîchir aussi quand il fait aussi chaud que dimanche. Mais on n’a jamais les pieds au sec".
Enfin, Antoine Collard, qui a déjà terminé le Grand Trail des Templiers (73 km) et l’Infernal des Vosges (120 km), ne tente pas de comparaison. "À l’Ohm, vous avez de belles montées assez longues, ce qui n’est pas toujours facile à trouver en Belgique. C’est intéressant pour s’entraîner à un trail en montagne."