Le cross international de Hannut, le dernier bastion wallon
La CrossCup fait halte en Hesbaye ce dimanche pour une manche historique.
- Publié le 16-01-2019 à 07h34
- Mis à jour le 16-01-2019 à 14h02
La CrossCup fait halte en Hesbaye ce dimanche pour une manche historique. Depuis l’an dernier, et la disparation de Dour du calendrier belge, le cross international de Hannut constitue la seule manche wallonne de la CrossCup. Un privilège qui a un prix.
"Il fallait avancer 30 000 euros pour assurer le maintien de notre épreuve au sein de la CrossCup, un budget que Dour n’a pas pu réunir", explique Henri Romainville, la cheville ouvrière d’un événement qui fête ses 76 ans cette année. "Fort heureusement pour nous, la Province de Liège et la Ville de Hannut ont consenti à un bel effort financier pour faire passer leur contribution respective de 5 000 à 16 000 euros et de 5 000 à 10 000 euros. C’est une chance de pouvoir compter sur des partenaires solides (NdlR : la députée provinciale Katty Firquet a confirmé ce mardi la reconduction du partenariat de trois ans qui prenait fin en 2019) , sans oublier l’apport de nos partenaires privés. Mais je suis d’accord avec le bourgmestre, M. Emmanuel Douette, lorsqu’il dit qu’il verrait d’un bon œil un petit effort de la Région wallonne…"
Le rendez-vous hesbignon peut bien sûr s’appuyer sur une riche histoire et un défilé de champions renommés (Kenenisa Bekele, Conseslus Kipruto, Matthew Birir, Linet Masai,...) qui en fait sa fierté et où le nom de Gaston Roelants, sept fois vainqueur et citoyen d’honneur de la ville, ne fait assurément pas tache. Mais il a aussi été contraint d’évoluer ces dernières années, quitte à revoir une politique qui a fait ses beaux jours et sa renommée internationale. "Personnellement, je regrette que nous ne puissions plus faire appel aux Africains depuis 2005, poursuit Henri Romainville. Mais c’est Golazo qui décide ! Et force est de constater que le nombre de participants a doublé en dix ans."
Plus populaire que jamais, le cross de Hannut, qui réussit l’exploit de fédérer l’athlétisme sur piste et le jogging (un 5 km et un 10 km sont organisés le même jour) à ses côtés, doit également s’accommoder de la concurrence des épreuves de Kerkrade, de Rovereto (EAA) et de Séville (IAAF), ce qui a poussé l’administrateur délégué de l’organisation à proposer de reculer l’épreuve d’une semaine en 2020. Un contexte qui n’a pas découragé les Hannutois. "Du côté des hommes, nous cherchons encore à attirer l’un ou l’autre grand nom susceptible de donner du fil à retordre à Isaac Kimeli, qui, en sa qualité de vice-champion d’Europe de la spécialité, fait figure de favori, explique Noël Legros, le président du FCHA. Côté féminin, Imana Truyers, Sofie Van Accom et Nina Lauwaert seront concurrencées par Stephanie Barnes notamment."
40 ans après le drame, Hannut se souvient
Quarante ans après le drame, Henri Romainville évoque encore avec beaucoup d’émotion le sinistre épisode du 18 novembre 1979 lorsqu’un militaire de carrière, Odon Renard, bénéficiant d’un congé de la part des responsables de l’établissement psychiatrique où il se trouvait, a ouvert le feu sur la foule avec un fusil de chasse lors du cross de Hannut. Il tua une jeune fille de 16 ans et une femme de 26 ans, blessant également une vingtaine d’autres personnes, avant d’être arrêté. C’est précisément à ceux qui l’ont maîtrisé, dont faisait partie le président du club d’athlétisme de Hannut Noël Legros, et aux victimes qu’un hommage sera rendu ce vendredi, en marge du cross scolaire, puis dimanche dans le cadre de la Cross Cup. Un "devoir de mémoire" auquel le bourgmestre s’est associé.