La pollution, un danger pour les coureurs ?
Nous nous sommes penchés sur la question de la pratique du running à long terme dans un environnement urbain.
- Publié le 18-05-2019 à 19h16
- Mis à jour le 18-05-2019 à 19h17
Nous nous sommes penchés sur la question de la pratique du running à long terme dans un environnement urbain.
Jeudi 16 mai, 19h30, Quai des Péniches. Un musée, un bar, de la musique, des verres bien remplis. Au premier abord ce n’est pas un lieu pour courir.Pourtant, c’est bien ici que le BXL Run Crew, groupe de runners bruxellois, se retrouve. Les coureurs arrivent au compte-gouttes. Ils sont une vingtaine à prolonger leur journée avec une boucle de 10 km autour du Quai des Péniches. Ils s’élancent à 19h30 sous un beau soleil. Ce jour-là, la qualité de l’air est plutôt bonne.
Mais si l’air était très pollué, ces adeptes de la course à pied ne le verraient pas. Car la pollution atmosphérique est invisible. D’ailleurs, Thomas, ambulancier de 28 ans “n’y songe pas un instant quand il court”.
En revanche, ce Bruxellois au physique élancé est préoccupé par le sujet. “Parfois, j’ai du mal à respirer et là, je me dis que ce n’est peut-être pas si bon pour la santé de courir en ville.”
Les membres du BXL run crew courent dans les rues de Bruxelles un jeudi sur deux. Mais tous préfèrent se défouler dans les espaces verts et doivent s’éloigner du centre-ville.
Thomas “cherche les endroits les moins pollués comme les nombreux parcs à l’est de Bruxelles”. Christina, 41 ans, “va le plus souvent possible au Bois de la Cambre”. Cette Irlandaise vit à Bruxelles depuis un an après avoir vécu à Dublin, Francfort et Londres. Pour elle, la pollution est un vrai problème mais elle n’a connu “aucun souci de santé depuis qu’elle court à Bruxelles”.
Pas étonnant. Car la pollution n’a pas de conséquences immédiates sur les runners. “Le souci, ce sont les nanoparticules”, explique le docteur Thiebauld, médecin du sport. “Elles font un millième de millimètre de dimension et notre corps ne les détecte pas. Elles se fixent sur les bronches. C’est au bout de plusieurs années, qu’il peut y avoir des lésions comme des fibroses pulmonaires.” Un sportif sensible des bronches pourrait ainsi avoir des ennuis de santé “10-15 ans après avoir respiré des nanoparticules en grande quantité”.
Peu d’études ont été réalisées autour de l’impact de la pollution atmosphérique sur les sportifs. Mais, les microparticules, de plus en plus nombreuses à Bruxelles, inquiètent le docteur Thiebauld. “Il y en a plus d’un million par cm³, ce qui est beaucoup”, analyse le médecin basé à Uccle.
Il met en cause le trafic routier et en particulier les véhicules diesel.
Le sport permet de se maintenir en bonne santé. Et la course à pied est une discipline accessible à tous. Mais alors, que faire pour courir dans un environnement plus sain ?
Courir à la campagne ?
C’est un lieu plus sûr mais certaines forêts sont parfois plus polluées que des villes, contaminées par les microparticules de ces dernières.
Pour le docteur Thiebault, il faut quand même relativiser. Courir en ville n’est pas nocif pour la santé mais bénéfique. Les runners doivent seulement “éviter les zones les plus polluées pour s’entraîner”.
Voilà les coureurs quelque peu rassurés avant les 20 Km de Bruxelles.
Bruxelles, mauvais élève
Des avertissements de la Commission Européenne, des plaintes déposées par des citoyens bruxellois en 2016, la capitale belge est pointée du doigt depuis plusieurs mois en ce qui concerne la pollution atmosphérique.
Le manque de mesures est souvent reproché à la ville. C’est d’ailleurs pour cela que le mouvement Les Chercheurs d’air a été créé en février dernier.
L’association fournit des capteurs aux particuliers qui les placent chez eux. L’objectif est de mieux comprendre et visualiser la pollution de l’air.
Mais les autorités commencent aussi à réagir. La Région bruxelloise est devenue une Zone de basses émissions en janvier 2018. Principe : interdire petit à petit les véhicules les plus polluants de circuler.
Ce vendredi, l’administration Bruxelles Environnement a d’ailleurs tiré un bilan positif de cette mesure. Les émissions de particules fines de type PM2.5. ont ainsi été réduites de 6,4 % entre juin et décembre 2018.