L'e-patch, une révolution 3.0 dans le monde du running
Le marathon d’Estaimpuis, laboratoire d’essai d’un patch d’entraînement qui transpire l’idée de génie.
- Publié le 18-09-2019 à 16h41
- Mis à jour le 18-09-2019 à 19h50
Le marathon d’Estaimpuis, laboratoire d’essai d’un patch d’entraînement qui transpire l’idée de génie. Un simple patch à poser sur son corps, relié à une application. Mais une révolution pour les coureurs. Comment un si petit pansement adhésif peut-il prétendre révolutionner les méthodes d’entraînement à l’avenir ? Au seul motif de récolter un peu de transpiration sur l’avant-bras. C’est pourtant la promesse que tient, depuis plusieurs mois, le professeur Jean-Philippe Garnier, inventeur du principe, au sein du laboratoire de recherche de Physiologie du Sport à l’Université de Lille.
"Ce n’est pas bien compliqué. Lorsque vous pratiquez une activité sportive, le premier système d’adaptation biologique qui réagit est celui de la thermorégulation", explique très simplement le chercheur. "Votre effort provoque une élévation de la température corporelle. Et pour répondre à cette surchauffe, vous transpirez", poursuit-il.
C’est à ce stade qu’une idée de génie a traversé l’esprit de Jean-Philippe Garnier, il y a 7 ans déjà "Cette sueur, dont l’une des caractéristiques est parfois d’empester les vestiaires des salles de sport, a aussi quelque intérêt pour le scientifique. Elle permet, entre autres, de mesurer les pertes en sodium et d’évaluer les risques liés à la déshydratation", reprend l’inventeur de l’e-patch.
L’importance de l’hydratation…
De nombreuses études scientifiques ont ainsi établi qu’une perte en eau, de l’ordre de 2 % du poids corporel, s’accompagne d’une baisse des performances, à hauteur de 20 %.
"Vous comprenez pourquoi le sportif doit surveiller sa déshydratation à l’entraînement, comme en compétition. Surtout si l’activité physique est réalisée en salle où la régulation de la température est plus délicate encore, en l’absence d’air extérieur", insiste Jean-Philippe Garnier, toujours interloqué à la vue de ces sportifs dégoulinant de transpiration, mais qui négligent leur bidon de boisson.
En outre, une déshydratation peut même avoir des conséquences sur l’intégrité physique, comme l’altération des capacités intellectuelles, les troubles musculaires et tendineux, tels les claquages, les élongations ou les contractures. Mais aussi provoquer des troubles digestifs et cardiaques, suite à un coup de chaleur.
"Cette sueur, si précieuse, est captée par la membrane étanche, encapsulée au centre du patch", reprend alors l’inventeur.
"Et grâce à un procédé d’analyse optique et chromatique, lié à la modification de l’aspect visuel du capteur, une application téléchargée sur votre smartphone rend compte, très précisément, des pertes hydriques. Et, par extrapolation, des calories brûlées durant l’effort", expliquent les collaborateurs de l’Université de Lille auprès de leur testeur sportif.
"Dans quelque temps, enfin peut-être quelques années, nous pourrons aussi mesurer les variations d’acide lactique, sans la moindre prise de sang. Car nous savons qu’il y a une corrélation évidente entre la modification de l’activité chimique du potentiel en hydrogène (pH) et l’élévation du taux de lactates", conclut doctement le professeur Garnier.
En version marathon
Le premier marathon d’Estaimpuis, ce dimanche, est une opportunité sans précédent pour les concepteurs de l’e-patch.
"Pour autant que le bon millier de sportifs au départ du château d’Estaimbourg, dimanche matin, acceptent d’offrir leur sueur à la science, nous bénéficierons d’un échantillon expérimental de taille exceptionnelle pour valider notre technologie", constate le professeur Garnier, en se frottant les mains.
Pour la circonstance, un patch spécial marathon a été fabriqué par l’Université de Lille. Car les versions précédentes ne toléraient pas une absorption suffisante de sueur pour des efforts prolongés de plusieurs heures parfois.
"Sur le marathon d’Estaimpuis, nous utiliserons aussi un patch qui ne nécessite pas l’usage de l’application numérique pour l’analyse des données. Mais qui délivre une mesure instantanée, par remplissage progressif de strates successives ", précise l’inventeur français.
Avec 8 modèles qui correspondent aux différentes morphologies des coureurs, selon leur taille et leur poids.
Plus d’infos: https://e-patch.eu