Koen Naert avant le (semi) marathon de Bruxelles: "Cachez votre balance trois jours avant la course"

1. En garder sous la pédale

Peu importe la distance, il faut démarrer tranquillement. Voire en sous-régime pour les premiers kilomètres. Une méthode qu’utilisent également les professionnels. "Nous commençons toujours en gardant de la réserve" , explique-t-il. "Si tu fais tes premiers kilomètres à bloc, tu seras mort dans les cinq derniers, c’est assuré. Et surtout à Bruxelles."

C’est dit : Bruxelles n’est pas le parcours le plus simple pour viser un chrono. Notre capitale est vallonnée et le final avec l’avenue de Tervuren au kilomètre 18 peut faire très mal à ceux qui n’ont plus rien sous la pédale. "Je suis du genre à beaucoup analyser le parcours. Je ne dis pas qu’il faut aller faire du scouting sur place mais les sites des courses sont souvent bien faits et permettent de visualiser où se situent les difficultés mais aussi les moments où il est possible d’accélérer."

2. Manger un steak si besoin

La nourriture, c’est la vie. Le credo est trop souvent bafoué par les runners. Ou mal appliqué, du moins. Si la nutrition est une affaire du quotidien pour un professionnel comme Naert, elle est cruciale pour les amateurs dans les derniers jours. "Pour le semi-marathon, il faut de toute façon manger beaucoup de glucides la veille de la course. Ceux qui courent les 42 kilomètres doivent même le faire durant trois voire quatre jours."

Il insiste vraiment sur le fait de manger. "Commencer à se tracasser de son poids juste avant est inutile. C’est trop tard. La dernière semaine doit être celle d’une nourriture saine mais consistante. Il faut juste manger normalement et en quantité suffisante. Si un steak est ce qui fonctionne, mangez un steak. Je peux juste vous dire qu’une salade ne suffit pas." (rires)

Le marathonien a une astuce : ne pas se peser les trois derniers jours avant la course. "Je cache même ma balance. Faites-en en de même car on a souvent tendance à prendre un ou deux kilos après avoir mangé beaucoup de glucides. Ce n’est jamais bon pour le moral."

L’hydratation joue également un rôle crucial. "Et elle débute bien avant le Jour J. Il faut beaucoup boire la semaine précédant la course. Arriver légèrement déshydraté n’est pas une bonne idée car vous allez beaucoup boire en course et sentir des ‘blop blop’ (sic) à cause de l’eau qui est secouée dans l’estomac."

Faut-il encore boire sur la ligne de départ ou s’arrêter deux heures avant ? Naert laisse chacun faire à sa guise. "Certains peuvent encore boire 15 minutes avant le départ. D’autres sont forcés de s’arrêter deux heures avant. Il faut tester cela sur des sorties d’entraînement."

3. Ne pas commencer avec deux pulls

Pareil pour le matériel. Il insiste sur l’importance de tout tester avant de s’élancer pour la course. "Surtout pour les chaussures ! Ce sont de longues distances et le matériel peut causer des soucis au fil de la course. Je conseille, par contre, de se faire plaisir. De courir avec du bon matériel, de faire comme les pros ou de porter un t-shirt qu’on apprécie. Tout ce qui est positif mentalement est bon à prendre avant un tel effort."

L’année passée, le mercure frôlait le zéro sur la ligne de départ du marathon. La météo ne sera logiquement pas aussi polaire mais certains pourraient sortir les manches longues. "Nous courons toujours en singlet. Parfois avec des manchons si les températures sont très basses. Chacun doit sentir ses besoins mais je conseille de ne pas commencer avec deux pulls. Vous aurez chaud assez rapidement."

4. No stress, vous êtes prêt

La clé est la préparation. Une grande partie d’une course de fond se joue bien avant la ligne de départ.

Koen Naert prône donc une approche tranquille. "Il faut se rendre compte du boulot effectué jusque-là. Si vous êtes bien entraîné et qu’un plan a été mis en place, il faut avoir confiance en soi car tout a été fait à merveille."

Il y aura des moments plus compliqués. Naert préconise de chasser la douleur dès qu’elle arrive. "Je pense à autre chose, je me motive. Il faut toujours chercher le positif. Le soleil perce à travers les nuages, je m’en réjouis, je me dis que j’ai de la chance d’avoir un peu de bon temps. Je profite également du paysage. On choisit souvent une course car elle est proche, belle ou qu’elle a une signification spéciale. Il faut donc regarder autour de soi, observer le décor."

5. Se connaître et ne pas dévier du plan

Koen Naert est du genre à tout prévoir et tout vouloir contrôler. Une mentalité qui l’a amené là où il est et qu’il pense utile pour tous les athlètes, même pour les amateurs. "Y aller trop peu préparé n’est pas idéal. Il y a toujours des fous qui font un marathon sans entraînement mais ce ne sont que des exceptions. Il faut se connaître, être conscient de ses capacités mais aussi de ses limites."

Il conseille d’ailleurs de bien se coller au tempo visé et ne pas se croire trop beau, surtout en début de course. "Il faut sentir la course mais sans être au-delà de ses limites. En toute fin de parcours, allez-y à bloc si vous avec encore une cartouche dans le chargeur. Si vous êtes mort, il faudra y aller au mental pour ne rien lâcher."

Romain Van der Pluym