"Faire du Marathon de Namur un événement phare"
- Publié le 15-03-2018 à 11h07
- Mis à jour le 06-09-2018 à 13h16
La Wallonie n’est pas une terre de marathons. Du moins pas encore. Il y a bien, depuis 20 ans, le Maasmarathon qui réunit chaque année quelque 700 coureurs sur la distance au départ de Visé. Mais l’arrivée d’un 42,195 km à Namur le 22 avril, qui se déclinera également sous la forme d’un semi, s’apprête à chambouler l’ordre établi en matière de running. Nombreux sont les néophytes sur la distance qui se sont jurés de profiter de l’arrivée d’un tel événement dans la capitale wallonne pour se frotter pour la première fois à la distance mythique. Ou tous ceux qui, après avoir essayé Bruxelles ou un marathon dans un pays limitrophe, veulent vivre cette expérience à deux pas de chez eux.
Depuis l’annonce de la création de ce premier rendez-vous du genre, les organisateurs, l’Asbl Namur Events, reçoivent énormément de témoignages de soutien. Si la Ville est évidemment ravie de cette nouvelle vitrine sportive, autre événement international après le désormais bien établi triathlon X-Terra Belgium, c’est tout le milieu de la course à pied namurois qui semble se mobiliser autour de son marathon.
Nicolas Bonomi, président de Namur Events et triathlète au sein du Triathlon Namur Team, nous en dit plus.
Comment est né ce projet du Marathon de Namur, qui verra le jour le dimanche 22 avril ?
"Tout simplement, en fait. Au sein de l’Asbl Namur Events (NdlR : organisatrice notamment des Apéros Namurois, Namur Beer Tour, Namur capitale… de la bière et du terroir) , nous sommes plusieurs à faire des marathons, ou du triathlon en ce qui me concerne. Nous sommes allés à plusieurs reprises sur des compétitions et, à chaque fois, on se disait qu’un tel événement apportait quelque chose à la ville. Du monde, de l’ambiance et une opportunité de découvrir une ville différemment. De là, voici 2-3 ans, est née l’idée de faire également un marathon à Namur. D’une boutade entre nous, le projet a grandi pour, voici dix-huit mois, prendre forme. Car nous sommes convaincus qu’il y a la place pour un tel événement au cœur de la Wallonie."
Vous avez choisi de directement rentrer dans la cour des grands, en construisant un événement au gros potentiel, pour 2018 mais aussi pour les années à venir…
"L’idée était effectivement de marquer le coup directement, pour tenter d’attirer 4.000 à 4.500 coureurs sur les deux distances proposées dès la première édition (NdlR : dont près de 60 pour cent sur le semi-marathon) . Et par la suite d’atteindre une vitesse de croisière avec chaque année 5 à 6.000 coureurs et de devenir comparable à des marathons comme ceux de Bruges, Cologne voire Rotterdam, qui parviennent à attirer de nombreux étrangers sur leur ligne de départ. On veut aussi proposer plus qu’un marathon. Venir à Namur, ce ne sera pas simplement acheter un dossard et courir. Nous faisons tout pour que ce soit un vrai événement, au sens large. Nous ne pouvions pas non plus nous permettre de voir petit. Car cela représente énormément d’investissement et d’organisation. Si nous sommes tous bénévoles au sein de l’Asbl organisatrice, il y a un budget global de quelque 150.000 € auquel il faut faire face et nous devions donc mettre sur pied un événement en conséquence. D’autant que l’objectif n’est pas de ne le faire qu’une seule fois mais plutôt de pérenniser ce marathon afin qu’il devienne un événement phare de l’année à Namur, en Wallonie mais aussi de la saison des marathons. Avec, in fine, l’objectif dans les 5 à 6 ans de l’inscrire dans le calendrier international. Mais réalisons d’abord une bonne première édition, à tous niveaux, avant de penser à grandir."
Quel public visez-vous pour cette première ?
"Au départ, nous avions pour ambition, via ce marathon, de dynamiser la ville de Namur et, plus largement, la province. Avec, à moyen terme, l’envie de nous étendre, pour toucher un public de coureurs venant de plus en plus loin, qu’ils soient débutants sur la distance, qu’ils aient envie de performer ou de découvrir la ville sous un autre angle. A terme, cela doit devenir un événement fort pour Namur mais aussi pour la Wallonie et à l’étranger. Nous avons pas mal communiqué avec la France et les Pays-Bas, même si cela est plus difficile au nord car nous avons la concurrence le même week-end du marathon d’Anvers. Cette année, nous devrions avoir près de la moitié des participants qui viennent de la ville de Namur ou de sa province. Dont pas mal de néophytes sur la distance, ce qui fait plaisir à voir. Mais dans les années à venir, je suis persuadé que nous attirerons de plus en plus de monde venant de plus loin. C’est l’objectif en tout cas. En 2018, près de dix pour cent de coureurs viendront aussi de France. Ce qui est déjà pas mal pour une première édition."
On sent derrière votre projet un réel attachement à la ville de Namur !
"Clairement. On ne débarque pas à Namur car on a estimé que c’était le lieu où l’on pourrait faire du profit. Ce n’est pas du tout notre démarche. Nous voulons faire du marathon une véritable fête pour tous les Namurois, coureurs ou non. Au sein de Namur Events, on est d’ailleurs tous très attaché à la ville, on habite tous ici et tous les quartiers nous sont familiers. L’Asbl est d’ailleurs née voici près de dix ans avec la seule et unique optique de dynamiser Namur. À l’époque, il fallait casser cette image de ville morte. Je pense que, depuis, ça a pas mal évolué, avec quelques événements de renom."
Quand on évoque Namur, on pense notamment à sa citadelle et à son dénivelé. Pas nécessairement à des routes propices à la tenue d’un marathon. Comment avez-vous fait pour proposer un parcours qui, au final, ne présente que 110 mètres de dénivelé positif sur ses 42,195 km ?
"Les participants à un marathon cherchant avant tout du plat, histoire de pouvoir faire un temps de référence, on a évidemment tenté de limiter au maximum le dénivelé. Ceci aussi dans le but de pouvoir être reconnu au niveau du calendrier international dans les années à venir. Donc, on a oublié la Citadelle, qui aurait repoussé pas mal de candidats. Le départ se fera depuis Jambes, près du gouvernement wallon et à proximité du centre névralgique du marathon qui trouvera place au centre Adeps La Mosane. Il y aura quelques kilomètres à effectuer vers Andenne, le long des quais avant de revenir pour une boucle dans le centre-ville. Ensuite, les coureurs repartiront vers Wépion et traverseront même la Meuse sur un large pont flottant à hauteur de la Capitainerie avant de venir boucler leur parcours au même endroit que le départ. Nous avons voulu un parcours varié, avec des animations et non un enchaînement de longues lignes droites monotones."
Le potentiel du Marathon de Namur, vous l’aviez saisi directement ou vous êtes surpris de l’engouement rencontré ?
"Agréablement surpris, oui. Nous nous attendions à un accueil positif mais l’engouement est plus fort qu’escompté, notamment sur la province de Namur. Tant mieux ! Pour les années suivantes, le plus dur sera de recapter ce public qui l’aura déjà fait une fois ou de convaincre encore un public pour large, notamment en dehors des frontières de la Belgique, pour pouvoir exister sur la durée."
Tout profit pour l'image de la ville
La ville de Namur voit l’arrivée de son premier marathon comme une superbe opportunité. Tant pour l’engouement que l’événement suscite chez les Namurois que pour l’image dynamique de la ville que le rendez-vous renvoie, en Belgique mais aussi à l’étranger.
Les difficultés pour organiser un tel événement pour une petite Asbl n’en restent pas moins nombreuses.
"Les portes s’ouvrent néanmoins plus facilement pour les événements sportifs que pour les événements bibitifs", rigole Nicolas Bonomi qui, comme beaucoup de sportifs namurois, a l’habitude de jongler entre les deux milieux. "Les plus grosses difficultés pour mettre sur pied un tel événement sont financières. Nous avons beaucoup de soutiens publics, avec l’aide de la police et de la ville notamment. Mais trouver des partenaires privés est une autre paire de manches. Comme il s’agit d’une première, il y a toujours une certaine frilosité de la part de nos interlocuteurs. Sur le plan logistique, il y a aussi beaucoup de travail en amont. Il faut sécuriser le parcours, placer des barrières Nadar, beaucoup de signalétique. Il faut penser à tout et surtout que tout soit prêt le Jour J."