Fabian Magnée, le jour où tout aurait pu s’arrêter
Le résident de Chevron est de retour parmi les meilleurs traileurs belges. Début 2017, le Liégeois a pourtant dû ranger ses runnings pour soigner une tumeur osseuse à un orteil
- Publié le 08-05-2018 à 11h11
- Mis à jour le 08-05-2018 à 11h13
Le résident de Chevron est de retour parmi les meilleurs traileurs belges. Début 2017, le Liégeois a pourtant dû ranger ses runnings pour soigner une tumeur osseuse à un orteil
Instructeur physique au sein de la caserne des sapeurs pompiers de Liège depuis plus de 20 ans, Fabian Magnée est un des meilleurs traileurs belges. Absent des courses pendant presque une année complète suite à la découverte d’une tumeur osseuse à un orteil, le résident de Chevron (Stoumont) est, à 44 printemps, de retour en haut de l’affiche.
Une tête de course que celui qui a notamment Olne-Spa-Olne, l’Ohm Trail ou encore un podium au championnat de Belgique longue distance à son palmarès a longtemps monopolisée. "Ce sont les résultats dont je suis le plus fier", explique ce licencié en éducation physique. "C’est ma 11e saison dans le trail et, progressivement, je me dirige vers de plus longues distances."
Coureur longiligne, le récent 7e du 50 km de la Bouillonnante se décrit comme un coureur avec une bonne technicité en descente tandis que ses points faibles sont son manque de puissance musculaire et de vitesse. Des points qui lui tiennent à cœur de travailler même si sa progression aurait pu être stoppée nette en 2017.
"On m’a diagnostiqué un enchondrome à mon gros orteil, c’est une petite tumeur cartilagineuse bénigne mais je ne l’ai su qu’après l’opération."
Alors qu’il s’était préparé tout l’hiver pour réaliser une saison complète, Fabian Mangée fut contraint de passer sur la table d’opération. "Il a fallu vider mon gros orteil de la tumeur et remplacer le volume béant par de l’os sain qu’on a été prendre dans un de mes bras."
Un risque important de récidive
Une opération réussie mais le risque de récidive est important. "Même si la greffe d’os a fonctionné, il y a 80 % de chances que j’aie à nouveau ce problème à l’avenir. Même si cela restera de nouveau bénin, il faudra sûrement amputer mon orteil à ce moment. Pour cette fois, nous avons tenté la greffe, surtout que j’ai besoin de toutes mes capacités dans mon travail au quotidien", souligne l’instructeur.
S’il n’a aucun handicap, le Liégeois a pourtant perdu une certaine mobilité. "Mes deux phalanges sont soudées, je ne sais donc plus plier mon orteil. Mais cela ne me pose aucun problème pour la course à pied."
Tout au long de sa convalescence, il n’a jamais perdu l’espoir de pouvoir rechausser ses baskets. "Ce n’était pas un stress pour moi, je ne suis pas une personne sédentaire et je savais que j’allais pouvoir retrouver de la mobilité. Quand bien même il n’y aurait plus eu moyen de courir, je me serais lancé dans un autre sport pour rester toujours en mouvement."
Un sage vers la Diagonale des fous
Un choix qu’il n’a pas dû faire car, fin août 2017, il a pu reprendre un dossard sur un trail. Qu’il a remporté d’emblée. Depuis, il enchaîne les courses et a repris sa première longue distance lors de la récente Bouillonnante. "J’ai eu quelques douleurs car c’est la première fois que je recourais 5 heures mais je fais 5e Belge et premier vétéran, j’étais amplement satisfait car mon but était de me réconcilier avec le long. Je suis parti calmement, j’ai réussi à garder mon rythme."
Maintenant, qu’il est de retour sur de bons rails, place à de nouveaux objectifs. "Je vais participer au Restonica Trail en Corse sur 70 kilomètres puis j’irai au Trail du Hérou sur 80 kilomètres."
Un retour sur des longues distances afin de préparer une course qui le fait rêver depuis des années. "J’aimerais participer à la Diagonale des Fous, à la Réunion. C’est un objectif à long terme que je planifie avec mon entraîneur. Je ne me prends pas pour un professionnel mais j’essaye de travailler de manière intelligente et j’aimerais y arriver avant 2020."
Le Team Salomon, une expérience unique
Fabian Magnée fait partie du Team Salomon, qui regroupe quelques-uns des meilleurs traileurs et traileuses belges, depuis sa création. Et il est conscient de la chance qu’il a d’être si bien encadré. "C’est une belle surprise à chaque fin de saison d’être repris dans ce team où le niveau est de plus en plus élevé." Une place qui lui tient à cœur, avec un double rôle de vétéran et de capitaine de route. "Même s’ils tentent de rajeunir l’équipe chaque année, ils me font confiance pour épauler les plus jeunes et pour transmettre mon expérience. Et pas seulement sur le plan sportif mais aussi, par exemple, sur l’aspect médiatique."
Faire partie d’une telle écurie demande une certaine rigueur. "On est invité à certains événements Salomon. C’est le côté très agréable. On est aussi, et c’est le plus important pour un sportif, très soutenu. En retour, il faut pouvoir donner une image irréprochable." Une expérience qu’il espère prolonger de douze mois. "La saison prochaine se profile déjà. Le Team m’a soutenu pendant mes problèmes de santé. Je donne donc aujourd’hui le meilleur de moi pour arriver à les convaincre encore."
À l’école du triathlon
Le trail, Fabian Magnée n’y est pas venu par hasard. Sportif dans l’âme, c’est par le triathlon qu’il a commencé sa carrière sportive. À l’instar d’un Xavier Diépart par exemple. “J’étais spécialiste du triple effort. J’ai même fait 8 Ironman”, s’exclame-t-il.
Jusqu’à ce que la lassitude commence à s’installer. “Moralement, après plusieurs années de compétition, cela devenait dur de trouver les ressources pour faire un entraînement bi-quotidien. Et ce, 5 jours par semaine. D’autant que la vie avançait. Entre le boulot et l’achat de ma maison, j’avais besoin de souffler.”
Après avoir participé à quelques trails, il a décidé de se lancer sur une première longue distance. “En fin de saison de triathlon, je me suis lancé sur un 60 kilomètres et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Cela a été un déclic pour moi. J’avais trouvé là une reconversion sportive. Toujours autant de compétition mais avec beaucoup moins d’entraînement à réaliser.”