"Capell restera dans l’histoire de l’UTMB"
Xavier Thévenard, 2e à Chamonix derrière l’Espagnol, avait les mots justes dans la "défaite".
- Publié le 02-09-2019 à 16h04
- Mis à jour le 03-09-2019 à 09h24
Xavier Thévenard, 2e à Chamonix derrière l’Espagnol, avait les mots justes dans la "défaite". Il visait une 4e victoire sur l’UTMB. Raté. Pour une place. Pour 48 minutes. Mais la foule de Chamonix, compacte, colorée et enthousiaste, lui a réservé l’accueil dévolu aux rois. Xavier Thévenard, surnommé souvent " le petit prince du trail" , a reçu la chaleur intense du peuple courant de la montagne.
Quand il revient là-dessus, sur son périple de 170 bornes enquillées en 21 h1 7 par monts et par vaux (10 000 mètres de D +), le Français parle direct et franc. Pas d’amertume. La satisfaction d’avoir "tout donné" surpasse largement la déception d’avoir "un peu perdu"…
Xavier Thévenard, l’attente du public était énorme. Peut-être est-il déçu de cette 2e place. Et vous ?
"Non. Je ne suis pas déçu. D’abord, il ne faut jamais minimiser le fait de parvenir à franchir la ligne d’arrivée d’un ultra. Je m’étais fixé 21 h 10 comme chrono, en parlant avec l’équipe. Je fais 21 h07. Je ne vois pas ce que je peux regretter. Pau (Capell, l’Espagnol vainqueur en 20 h 19), sur cette course, a été énorme. Très très fort. Moi, je voulais exploiter au maximum mes possibilités. Je l’ai fait. Je pensais plus à cela qu’à une 4e victoire, dont tout le monde parlait. Cette 2e place vaut de l’or pour moi."
Comment c’était de courir quasi en permanence derrière le premier ?
"Tout le monde peut avoir des défaillances en ultra. Pour avoir été tout le temps derrière lui, je n’ai pas l’impression qu’il y en a eu beaucoup. Je suis resté dans mon tempo. Je lui ai repris un moment un peu de temps, mais je n’étais pas assez fort pour que cela soit plus. Respect vraiment à lui. Mener de bout en bout une course pareille, cela restera historique dans l’histoire de l’UTMB."
Votre schéma, c’était quoi en fait ?
"J’avais repris mes temps de passage de ma victoire en 2015, sur le même parcours. À l’époque, j’avais quand même mis 48 minutes sur le deuxième, Luis Alberto. C’était pas mal. Quand je suis arrivé aux Chapieux (km 50), je me suis dit que Pau allait à un moment donné craqué. Mais non. J’ai repris 5 minutes vers La Fouly, j’aurais peut-être dû pousser plus fort, mais je savais qu’après il y avait trois très grosses montées. Je suis resté sur mon schéma de course, j’ai juste ralenti vers la Tête aux Vents, sur la fin, parce que la demi-heure d’écart était impossible à refaire…"
On vous a vu courir assez longuement au début avec votre frère Jean-Marie ?
"Oui, c’était quelque chose qui était convenu. Nous sommes restés ensemble jusqu’à Saint Gervais, au km 21, dans un petit groupe qui est passé là aux alentours de la 30e position (NdlR : 9 minutes de retard à ce moment sur Capell). Là, il m’a dit qu’il allait calmer le jeu. Il a continué de son côté, avant de s’arrêter au lac Combal, après un peu moins de 9 heures. Il souffrait d’une contracture."
Au final, êtes-vous satisfait de votre saison jusqu’ici ?
"Pleinement. Il s’agit sans doute de la meilleure (NdlR : cette année, il avait déjà remporté des gros morceaux comme l’Ultra-trail du mont Fuji et les 90 Km du mont Blanc). Il n’est d’ailleurs pas impossible que je dispute encore une dernière course avant la fin de l’année."
Vous reverra-t-on sur cet UTMB ?
"Je vais sans doute revenir. Sur une année, il y a Noël, mon anniversaire et l’UTMB. J’adore. Surtout que cette année, ce fut une édition +++. Les conditions météo étaient vraiment idéales."
Vous restez le chouchou du public à Chamonix…
"À l’arrivée, et même pendant la course, l’ambiance était incroyable. Comme mes dernières courses disputées à Chamonix se sont bien passées, je ressens quelque chose. À l’applaudimètre, j’étais bien noté. Ces dernières heures, c’était génial. J’ai entendu souvent mon prénom…"
Un message justement pour ce public ?
"Une nouvelle fois, j’ai pu voir que notre terrain de jeu était fabuleux. Oui, s’il vous plaît, il faut préserver ces montagnes qui sont si belles pour que les générations futures puissent en profiter…"