A 65 et 70 ans, Léa et Daniel continuent la course: "On est conscient de notre chance"
A respectivement 65 ans et 70 ans, Léa Walravens et Daniel Tinck continuent à courir en couple.
- Publié le 02-12-2018 à 16h28
- Mis à jour le 03-12-2018 à 09h39
A respectivement 65 ans et 70 ans, Léa Walravens et Daniel Tinck continuent à courir en couple.
Des couples partageant la même passion pour la course à pied, on en croise de temps à autre dans les pelotons ou sur les chemins d’entraînement. Mais des couples qui continuent à courir ensemble au-delà de 60 ans, c’est bien plus rare. Et pourtant, c’est ce qui unit Daniel Tinck (70 ans) et Léa Walravens (65 ans).
Deux amateurs de course à pied aux parcours bien différents. "J’ai couru 4-5 ans après mon service militaire et puis, en 1971, je me suis inscrit au CABW où Noël Lévêque était déjà présent. À l’époque, je faisais du 800 m et du 1500 m, avant de tout arrêter pour diverses raisons. Et puis, à l’âge de 60 ans, à la suite d’un pari avec des collègues de bureau, j’ai repris le chemin de la course à pied, avec les 20 Km de Bruxelles comme objectif. Comme j’ai battu les plus jeunes, j’ai décidé de reprendre les entraînements et les courses avec le Nac. Depuis, j’ai participé à cinq marathons, dont celui de Paris", débute Daniel Tinck.
C’est ce jour-là qu’il a transmis le virus de la course à pied à sa compagne, Léa Walravens. "Pour ses 60 ans, elle a accepté de relever le challenge et courir avec moi un marathon alors qu’elle ne courait pas depuis très longtemps."
Inscrite au CABW mais aussi au programme Start to Run à Dilbeek, Léa Walravens a petit à petit pris goût au running. "Lorsque j’ai commencé à courir, mon seul objectif était de tenir 5 km. Je me suis alors prise au jeu et l’envie de progresser était là. Et puis, moi qui n’avais jamais couru auparavant, j’avais envie de découvrir pourquoi la course motivait autant Daniel. Avant, je me demandais pourquoi il avait besoin de courir autant. Aujourd’hui, je sais pourquoi."
Depuis, les deux amoureux partagent ensemble cette passion pour la course à pied. "On a participé ensemble au Challenge du Hainaut et à plusieurs autres courses. On fait pratiquement tous les entraînements ensemble et, le jour de la course, on essaie de se suivre, de s’adapter au rythme de l’autre. C’est quelque chose qui nous tient à cœur, un moment que l’on veut partager ensemble. On sait que c’est assez rare de voir un couple de notre âge courir ensemble, on est conscient de notre chance et c’est peut-être ça notre plus belle source de motivation."
Et malgré leur âge, Daniel et Léa continuent à enchaîner les courses. Même s’ils nous confient qu’ils vont commencer à diminuer le rythme, ils continueront à courir. Ensemble. "Daniel est bien plus addict que moi. Je pense que je pourrais arrêter plus facilement car je ne ressens pas le même plaisir."
Pourtant, comme ils l’ont fait à Eindhoven (lire ci-contre), les deux amoureux devraient retenter ensemble l’expérience d’un marathon. "Après cette aventure, on avait dit : plus jamais de marathon. Mais aujourd’hui, Daniel en reparle. Je pense que je vais le suivre..."
"La course m'a sauvé la vie"
En courant à 70 et 65 ans, Daniel et Léa savent qu’ils doivent aussi penser à leur santé. Les deux ont réalisé un test à l’effort avant de se lancer alors que Daniel passe régulièrement chez le cardiologue pour effectuer une série de tests préventifs. "Nous conseillons à tous ceux qui peuvent encore le faire de pratiquer la course à pied. C’est bon pour la santé, ça nous permet de rester actifs et puis c’est bon pour la confiance en soi. Mais attention, à notre âge, il est important d’aborder ça sans l’esprit de compétition, pour éviter de se mettre dans le rouge."
Une pratique qui a sauvé la vie de Daniel Tinck. "Il y a un an et demi, je sentais régulièrement une gêne abdominale et il m’arrivait parfois d’être rapidement épuisé lors d’une course. Et puis un jour, après un footing à Jette, j’étais totalement épuisé. Je suis allé aux urgences pour passer une série d’examens. Le soir, ils ont décidé de m’opérer, pensant à l’appendicite. Finalement, il s’est avéré qu’il s’agissait d’un cancer du côlon qui avait déjà touché la vessie et les muscles de l’abdomen. Les médecins m’ont alors dit que si je n’avais pas couru, on ne l’aurait probablement jamais décelé. La course à pied m’a sauvé la vie."
L’enfer à Eindhoven
Il y a peu, pour leurs 70 et 65 ans, Daniel et Léa se sont lancé un nouveau défi : participer ensemble au marathon d’Eindhoven. Une expérience dont il ne garde pas un excellent souvenir. “On s’est entraîné pendant 2-3 mois avec Fernand Brasseur, l’un des entraîneurs du CABW. On abordait donc ce marathon avec optimisme mais le jour de la course, je souffrais d’un neurone à la plante de pied, ce qui m’a fait vivre un marathon d’enfer à partir du 20e km. Au final, moi qui espérais le boucler en 3 h 50, j’ai mis 4 h 40”, précise Daniel alors que Léa a également souffert. “Je visais 4 h 10, j’ai terminé en 4 h 24 mais des problèmes intestinaux et la chaleur ont rendu ma course difficile sur le plan mental.”
Seul lot de consolation, Daniel et Léa ont tout de même été récompensés puisque ce marathon d’Eindhoven servait de championnats de Belgique de la discipline. “Comme j’étais la seule Belge de ma catégorie d’âge, j’ai été sacrée championne de Belgique. Daniel, lui, est devenu vice-champion de Belgique. Malgré tout, ça reste une belle aventure.”
La preuve, 15 jours plus tard, les deux étaient à nouveau au départ des championnats de Belgique de semi-marathon. “J’ai pris ma revanche en terminant 3e de ma catégorie mais surtout dans un temps de 1 h 52”, se félicite Léa.