Rassie Erasmus: "Le rugby doit créer l’espoir"
Rassie Erasmus, le coach des Springboks, croit en un avenir meilleur pour l’Afrique du Sud.
- Publié le 04-11-2019 à 17h00
- Mis à jour le 04-11-2019 à 17h01
Rassie Erasmus, le coach des Springboks, croit en un avenir meilleur pour l’Afrique du Sud. La neuvième Coupe du Monde a consacré l’Afrique du Sud pour la troisième fois. Le triomphe d’un groupe qui a su en revenir à ses fondamentaux. Les Springboks ont piétiné ce qu’il restait d’arguments aux prêcheurs du jeu total, à ceux qui voulaient nous faire croire que la nature profonde de ce sport de combat était en train de changer. Sur les six semaines de compétition, les envolées ne furent pas légion mais pour les affrontements, derrière et devant, les amateurs et les professionnels auront été servis, même si un supplément d’air et d’espace n’aurait pas dénaturé l’essence même du rugby.
Au-delà de la vérité du terrain, le succès des Springboks survient à point nommé pour une Afrique du Sud en pleines turbulences économiques et sociales. Présent à Yokohama pour la finale, l’ancien capitaine des Boks, François Pienaar, champion du monde en 1995, estime que la victoire de ses successeurs, emmenés par Siya Kolisi, premier capitaine noir de l’histoire des Boks, était plus forte encore pour la cohésion du pays.
"Quelle formidable réussite, Siya Kolisi et tous les joueurs, vous avez fait beaucoup plus que remporter la Coupe du Monde. Vous avez restauré la foi d’une nation qui doute d’elle-même, a résumé Desmond Tutu, prix Nobel de la paix. Si on croit en soi, ses rêves peuvent devenir réalité. Notre père, Nelson Mandela, sourit depuis le paradis."
Au coup de sifflet final, Siya Kolisi, le gamin du township devenu héros, n’a pas dit autre chose, sortant, fait rarissime, de son discours purement sportif. "Nous avons tellement de problèmes dans notre pays, mais nous avons une telle équipe. Nous venons d’origines différentes, de races différentes mais nous nous sommes rassemblés avec un but unique et nous voulions l’atteindre", a-t-il déclaré.
"En Afrique du Sud, a expliqué le mentor des Boks Rassie Erasmus, la pression, c’est de ne pas avoir de boulot, c’est d’avoir un proche qui se fait tuer. Le rugby ne devrait pas créer de pression mais plutôt de l’espoir." Et de l’espoir, le rugby en a suscité beaucoup depuis ce week-end. Notamment avec le fabuleux destin de Siya Kolisi. "Quand j’étais enfant, la seule chose à laquelle je pensais était de savoir quand j’aurais mon prochain repas", a expliqué le capitaine tout juste couronné. " C’est incroyable de voir une histoire comme celle de Siya, a souligné l’ancienne star Bryan Habana. Et voir un gars galvaniser une équipe qui ne semblait pas pouvoir gagner il y a dix-huit mois, c’est extraordinaire !"