Le Mondial de l’ovale se lève au Japon
La Nouvelle-Zélande est candidate à sa succession mais les prétendants au sacre se bousculent dans son sillage.
- Publié le 20-09-2019 à 06h45
- Mis à jour le 20-09-2019 à 18h01
La Nouvelle-Zélande est candidate à sa succession mais les prétendants au sacre se bousculent dans son sillage. À quelques heures du coup d’envoi de la neuvième Coupe du monde, le Japon fourbit ses armes… Désigné en 2009, le pays du Soleil levant accueille à partir de ce vendredi et jusqu’au 2 novembre le grand rendez-vous de l’ovale, comme une ultime répétition avant les Jeux olympiques de Tokyo en 2020. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le rugby ne date pas d’hier au Japon puisque l’on retrouve trace d’un match en 1863, quatre décennies à peine après que William Webb Ellis, étudiant de la prestigieuse école anglaise de rugby, a posé les bases modernes de ce sport.
Ce premier Mondial en Asie, loin de ses racines européennes ou océaniques, offre au rugby une opportunité de conquérir de nouveaux territoires, avant, peut-être, de s’ouvrir un jour davantage vers les deux Amériques. Avec une compétition repoussée vers de nouvelles frontières : le rugby teste ses limites au Japon, où il doit bien négocier son virage pour poursuivre sa croissance.
Succès économique
Il y a quatre ans en Angleterre, ce fut déjà un immense succès tant économiquement que sur le plan du spectacle (5e événement sportif de l’histoire avec des recettes et des audiences record).
Quatre ans plus tard, World Rugby espère tirer encore plus de revenus commerciaux de l’édition japonaise. Et compte compenser une audience télé moindre sur le Vieux Continent eu égard aux horaires matinaux par l’explosion du nombre de ses téléspectateurs asiatiques, génératrice de juteux contrats publicitaires.
Le Mondial en soi ne générera pas le chiffre d’affaires enregistré en 2015 ou dans quatre ans en France mais il est vital pour le développement de la pratique et d’attractivité pour les partenaires. "World Rugby avait émis le souhait de sortir des nations traditionnellement organisatrices pour tendre vers une zone géographique ciblée comme une terre de rugby de demain", estime Christophe Lepetit, économiste du sport.
Depuis la professionnalisation il y a 25 ans, World Rugby désespère de voir de nouvelles nations émergentes et a dû abandonner son projet de Championnat des nations, faute de consensus, qui aurait renfloué les caisses des Fédérations nationales, laissant seule sur son île la Coupe du monde, heureusement unique et rentable.
Paradoxalement, les principaux clubs japonais, détenus par de grandes entreprises, peuvent s’offrir des stars internationales en fin de carrière mais l’affluence aux matchs reste désespérément faible et devrait conduire sous peu, succès aidant du Mondial, à une prochaine réforme du championnat pour tendre vers une compétition 100 % professionnelle.
Rarement une telle pléthore de favoris
Place au sport. Confrontées a des défenses de plus en plus hermétiques, les équipes doivent miser sur la vitesse et user du jeu au pied offensif, rasant ou aérien. Ce n’est pas un hasard si l’on retrouve au sommet du ranking mondial des nations comme la Nouvelle-Zélande, le pays de Galles, l’Irlande ou plus récemment l’Angleterre qui ont vraiment fait le pari du jeu au pied et qui seront les favoris désignés de la compétition au même titre que l’Australie, l’Afrique du Sud ou même l’Argentine.
Et la France, nous direz-vous? Avec un bilan plus que mitigé depuis plus de cinq ans, l’équipe tricolore à deux têtes devra sortir d’une poule de la mort avec les Anglais et les Argentins pour se hisser en quart.
Stars, révélations, absences
Pour enchanter le public japonais et les téléspectateurs de la planète ovale, on attend les envolées des vedettes mondiales que devraient être le All Black Beauden Barrett, ouvreur de formation et converti depuis quelque mois à l’arrière ou son compère Rieko Ioane, la nouvelle machine à marquer des Blacks ; l’Anglais Owen Farrel, sale gosse de son état qui a tout renversé sur son passage depuis l’humiliation du XV de la Rose au premier tour en 2015 ; le Springbok Siya Kolisi, premier capitaine noir depuis la fin de l’Apatheid lui qui n’hésita pas à déclarer : "Je ne voudrais pas être sélectionné pour ma couleur de peau" ; le Gallois Alun Wyn Jones, le déménageur et licencié en droit au grand cœur…, l’Irlandais Jonathan Sexton pour une dernière symphonie.
Une liste non exhaustive pour faire oublier les absences de Folau (propos homophobes), McKenzie, Hartley, Faletau (blessures) ou Bastaraud et Franks (critères de performance)… On suivra aussi avec intérêt les premiers pas en Coupe du monde des pépites en devenir que sont le Français Damian Penaud, le Néo-Zélandais Sevu Reece ou l’Irlandais Jacob Stockdale…
Plus aucun typhon à l’horizon
Alors que l’une des principales compagnies d’électricité japonaise avait admis cette semaine avoir été dépassée par les dégâts du récent typhon Faxai près de Tokyo, certains se sont inquiétés d’un manque d’anticipation qui ne rassure pas pour l’avenir et ces affirmations ont hanté les organisateurs du Mondial. Les organisateurs ont intégré la possibilité d’annuler certains matchs de la phase de poules, s’ils ne peuvent être disputés le jour même avec un règlement spécifique qui serait d’application. Mais l’inquiétude s’atténue depuis quelques jours puisque la menace des typhons n’est plus à l’ordre du jour…