Lola Mansour revient sur sa commotion cérébrale: "Comme si j’avais mis ma vie sur pause…"
Le mercredi 21 février, Lola Mansour a été victime d’une commotion cérébrale
- Publié le 14-09-2018 à 15h09
- Mis à jour le 14-09-2018 à 15h10
Le mercredi 21 février, Lola Mansour a été victime d’une commotion cérébrale Son sac de sport sur le dos, Lola Mansour arrive au centre sportif du Blocry, à Louvain-la-Neuve, où nos équipes nationales, seniors et juniors, préparent leurs prochains objectifs. Il est 14 heures, mais il n’y a personne dans le dojo !
Et pour cause… Les entraînements sont prévus de 10 heures à 12 heures et de 16 heures à 18 heures. "Je ne me sentais pas bien ce matin !", explique Lola . "Encore une violente migraine… J’ai demandé si je pouvais venir m’entraîner seule avec Nicole Flagothier, entre les deux séances. Je n’avais pas envie de passer encore une journée. J’ai déjà perdu assez de temps comme ça !"
Victime d’une commotion cérébrale le mercredi 21 février, à l’entraînement national, Lola n’a donc toujours pas repris le judo normalement. Et la Bruxelloise commence à trouver le temps long…
Lola, quel souvenir gardez-vous de cet accident ?
"Lors d’un mouvement, je suis mal tombée. J’ai subi un double impact à la tête, avec Gaby (Willems) , ma partenaire, et le tatami. Je me suis relevée assez vite et, comme nous étions en fin de séance, j’ai commencé à m’étirer. C’est à ce moment que j’ai été victime de nausées. On voulait m’emmener à l’hôpital mais, à trois jours d’une compet, j’ai refusé. J’étais dans le déni ! C’est Sophie (Berger) qui a conduit ma voiture pour rentrer à Louvain-la-Neuve. À l’arrivée, mon état ne s’améliorait pas et je me suis rendue aux urgences, à Ottignies, avec comme verdict : commotion cérébrale ! J’ai passé quatre jours dans le noir."
À la sortie, pensiez-vous pouvoir reprendre vos activités et, surtout, l’entraînement ?
"J’ai bien dû me rendre à l’évidence que ce n’était pas possible. Encore moins de combattre en compétition. Dans un premier temps, le médecin m’a parlé de quelques jours ou de plusieurs semaines. Puis, il en est venu à dire entre zéro et douze mois. J’en suis bientôt à sept ! Mais ce fut plus grave que ce que je pensais initialement. Ma vie quotidienne, pas seulement sportive, a été affectée par cet accident. J’étais hyper sensible au bruit, à la luminosité, incapable de me concentrer, sujette à de violentes migraines. Un jour, alors que j’étais en voiture, je me suis retrouvée en pleurs, sur la bande des pneus crevés, obligée d’appeler un ami parce que j’étais incapable de conduire. J’étais sportivement et socialement bloquée. Comme si j’avais mis ma vie sur pause…"
Maintenant, ça va mieux…
"Oui, mais c’est toujours compliqué parce que je connais des hauts et des bas. Et c’est très frustrant… J’ai dû annuler mes examens à l’université parce que j’étais incapable de me concentrer. Je ne me suis d’ailleurs pas réinscrite. Franchement, je ne pensais pas que cet accident, même si l’impact fut violent, aurait de telles conséquences. D’autant que je n’ai pas perdu connaissance… J’avais juste une bosse sur le front. J’aurais préféré me casser une jambe ! Dans ce cas-là, on sait qu’on en a pour six semaines de plâtre. Ici, je ne sais rien. Il n’y a pas de protocole de guérison. Impossible d’émettre un pronostic. Il dépend d’un individu à l’autre. J’espère voir bientôt la fin du tunnel."
Dans votre carrière sportive, avez-vous déjà été aussi longtemps à l’arrêt ?
"Oui, fin 2013 j’ai été opérée de l’épaule. C’était assez grave. Ma rééducation a duré un an. Et jusqu’ici, je pensais que c’était le pire qui puisse m’arriver. Mais non ! Le pire est de ne pas savoir quand on sera guéri et qu’on pourra reprendre normalement."
"Ceinture blanche", signé Lola Mansour
"J’ai écrit ce roman quand j’avais 17 ans. J’en suis très fière !"
Du judo à la littérature.
On le suppose : le judo vous manque…
"Terriblement ! La satisfaction de pouvoir terminer un entraînement. Mais mon envie a décuplé parce que j’aime mon sport par-dessus tout. Je lui donnerai la priorité lors des deux prochaines années en espérant pouvoir participer aux Jeux de Tokyo. Je mettrai toute mon énergie à retrouver mon meilleur niveau."
Malgré les circonstances, vous sortez un roman intitulé Ceinture blanche début octobre ! Racontez-nous…
"En fait, je l’ai écrit quand j’avais 17 ans. Ma mère a remis la main dessus et, sans m’en parler, elle l’a envoyé pour un concours. Sous un pseudonyme ! C’était en juillet… Il a été retenu parmi les seize meilleurs. Mais, pour poursuivre le processus de sélection, elle a bien dû me l’avouer. Je ne sais pas si, au départ, j’aurais accepté. Mais, là, j’ai joué le jeu. Et j’ai gagné ! J’ai reçu le Prix Laure Nobels et mon roman, que j’ai amélioré pendant l’été avec l’éditeur, sera publié. J’en suis très fière !"
Avec un tel titre, il y a du judo là-dessous, non ?
"Seulement en toile de fond. Il s’agit d’une autofiction, d’une jeune fille, Anya, voulant donner un sens à sa vie, à l’aube de ses 12 ans. Et elle s’engage dans une carrière sportive, de sport de combat. Mais j’y tiens : ce n’est pas une autobiographie."
Non, Lola Mansour n’a pas perdu la tête en ce triste 21 février 2018…