Le coach de Toma Nikiforov appelle au calme: “Une reprise, pas un objectif”
Six mois, jour pour jour, après une délicate opération au genou en raison d’une déchirure des ligaments, Toma Nikiforov prend la route, ce samedi, à destination de Düsseldorf pour son retour à la compétition, dimanche.
- Publié le 22-02-2019 à 18h16
- Mis à jour le 22-02-2019 à 20h06
Six mois, jour pour jour, après une délicate opération au genou en raison d’une déchirure des ligaments, Toma Nikiforov prend la route, ce samedi, à destination de Düsseldorf pour son retour à la compétition, dimanche.
Avec lui, Damiano Martinuzzi, entraîneur fédéral devenu coach personnel suite à son licenciement par la Fédération francophone. Deux sérieux contretemps n’ayant en rien altéré les liens unissant notre champion d’Europe -100 kg avec son mentor. Que du contraire… Damiano a suivi Toma tout au long de sa convalescence et, surtout, de sa reprise des entraînements, début janvier, à Mittersill, jusqu’à mercredi soir, à Schaerbeek, lors d’une séance qui a achevé de la rassurer sur l’état physique et mental de son poulain.
Damiano, comment sentez-vous Toma à la veille de ce retour à la compétition tant attendu ? “Tendu ! Il est prêt, impatient. Mais il est tendu parce que ces derniers jours sont ceux de la perte de poids. Enfin, de la perte des trois ou quatre derniers kilos, souvent les plus durs… Toma est monté jusqu’à 112 kg alors qu’il devra en peser 100, ce samedi soir, sur la balance. Mais, pour l’essentiel, il s’y est pris à l’avance. Entre le stage à Mittersill et l’entraînement à Schaerbeek, il a perdu entre huit et neuf kilos de graisse et, aussi, de masse musculaire. Ces derniers jours, ce fut plus de la déshydratation. Et puis, il n’a pas beaucoup mangé non plus. Mais ce n’est pas inhabituel ! La plupart des judokas sont confrontés à ce problème…”
Oserait-on l’image en disant qu’il a… faim de combats ?
“Euh… Oui ! Six mois de convalescence, ce fut long, très long, mentalement. Sans parler de la douleur physique parce qu’une déchirure des ligaments du genou, ce n’est pas une blessure bénigne. Après six mois sans compétition, je peux vous confirmer qu’il brûle d’impatience. C’est logique. Mais il faut garder son calme ! Même s’il s’agit d’un Grand Chelem, Düsseldorf est une reprise, pas un objectif… Le judo est un sport tactique qui ne tolère pas la précipitation. Donc, je le répète : du calme !”
Qu’attend-il et qu’attendez-vous de cette compétition ?
“Lui ? La médaille d’or, comme d’habitude ! Vous savez, une blessure, même grave, ne change pas le bonhomme… Et avec Toma, tout est possible ! Pour ma part, j’espère d’abord qu’il ne se blesse pas, mais aussi qu’il retrouve ses sensations. La compétition n’a rien à voir avec l’entraînement, même si on peut y simuler des combats. Après Düsseldorf, il a deux autres rendez-vous à son agenda avec le Maroc, le 10 mars, et la Russie, le 17. Dans son cas, il est idéal d’enchaîner ces compétitions pour retrouver le rythme et ne pas reprendre de poids…”
Vous l’avez accompagné en stage à Mittersill, à Papendal, à Herstal et à Paris. On imagine qu’il a bien progressé au niveau des sensations…
“Il y a été à son rythme, à l’écoute constante des réactions de son genou par rapport aux entraînements. Mais, entre Mittersill et Paris, il a constaté une fameuse différence en ce sens qu’en Autriche, il devait décliner certains randoris (simulation de combat) alors qu’en France, il devait insister auprès de sparring-partners pour combattre avec lui ! Mais il a pris le Français Maret, le Sud-Coréen Cho et bien d’autres. Sans problème… Vous savez, tous ces gars se connaissent. Ses adversaires savent que Toma n’est pas là pour rigoler !”
Est-ce que, lors de ces stages, il cache son jeu comme Teddy Riner quand il est au Japon ?
“Pas vraiment ! Mais bon, un sparring, il le prend une ou deux fois. S’il le jette, pas besoin de le reprendre par après sinon il finit par savoir comment le contrer…” Les dés sont jetés ! Pour son retour à la compétition, Toma Nikiforov, toujours n°12 mondial (!) défiera le Suisse Imala, 21 ans, n°70 et tout récent médaillé de bronze à Rome.
Dilyan Nikiforov : “Une source d’inspiration”
Sur un tatami, à l’entraînement comme en compétition, Toma et Dilyan Nikiforov sont toujours là l’un pour l’autre. La blessure au genou et le passage à la VJF n’ont rien changé au lien fraternel fort qui unit l’aîné au cadet.
Et vice-versa… “La blessure de Toma nous a même encore rapprochés. Les premiers jours après l’opération, j’ai vu comme il a souffert. Physiquement. Et je l’ai aidé comme j’ai pu. Mais j’ai simplement rempli mon rôle de frère… Par après, c’est mentalement qu’il en a bavé en voyant tous les autres combattre, prendre des médailles, sans lui… Mais, là, il est de retour ! Et, croyez-moi, ça va chauffer ! Je ne voudrais pas être à la place de son premier adversaire.”
Mercredi, à l’entraînement national, Dilyan (19 ans), champion de Belgique juniors en -90 kg, a pu s’en rendre compte. “Je le sens fort ! Peut-être plus fort que jamais… Aucun doute : en judo, Toma est pour moi une source d’inspiration, et ce, à la fois techniquement et mentalement.”
Dilyan a également vécu de près le changement d’encadrement autour de son frère. “Je ne m’en mêle pas. J’espère qu’il a opéré le bon choix. De toute façon, même en étant plus éloignés sur le tatami, il parvient à me glisser un conseil à l’oreille quand il l’estime nécessaire.”
Vraiment sympa, cette osmose entre deux frères, dont la maman dit qu’ils n’ont pas du tout le même caractère…