Kenneth Van Gansbeke: "Un déclic en or…"
- Publié le 04-06-2018 à 13h53
Kenneth Van Gansbeke a retrouvé le chemin du podium, à 28 ans. Kenneth Van Gansbeke ne s’est pas attardé à Madrid. Médaille d’or dans la valise, le Brugeois est rentré en Belgique, ce dimanche, trop heureux de partager son bonheur avec sa compagne, mais aussi avec sa famille et ses amis, qui l’ont toujours soutenu. "Je leur dois beaucoup, tout comme à la Fédé et à l’armée, parce qu’ils croient en moi. J’ai traversé une longue période de doute. C’est pourquoi cette médaille d’or est un immense bonheur."
Quarante-deux secondes ! Tel est le temps qu’a duré la finale des moins de 66 kg opposant Kenneth Van Gansbeke à l’Espagnol Ramirez. Pour son retour à la compétition après un début de saison catastrophique, marqué par une non-sélection pour les Championnats d’Europe, Kenneth n’y a pas été par quatre chemins, même si ce dernier combat contrastait avec les précédents. Bondissant de joie, Van Gansbeke a, enfin, retrouvé le chemin d’un podium qui se refusait à lui depuis trois ans et une troisième place lors d’un long voyage en… Australie.
Après une fin de saison 2017 déjà délicate qui l’avait vu conserver de justesse son statut de sportif élite défense, Kenneth était entré dans une spirale négative dès le mois de janvier avec une accumulation de revers, poussant ses entraîneurs à le mettre au vert pendant quelque temps. "Cette non-sélection pour l’ Euro , ce fut très dur à admettre, même si je comprenais la position du staff fédéral. J’étais dans une spirale négative en compétition, ne parvenant plus à gagner un combat alors que je rivalisais avec les meilleurs en stage. J’étais le champion du monde de l’entraînement ! Mais, en compet , je n’étais que l’ombre du judoka affichant toutes ses qualités."
Ce samedi, Kenneth est monté en puissance tout au long d’une journée dont il se souviendra, ne fût-ce que pour se persuader à l’avenir qu’il est capable du meilleur. Mais attention : si ce 2 juin 2018 lui servira de déclic, il n’a pas encore effacé toute trace d’un manque de confiance en lui et de stress négatif provoquant une certaine crispation. "Mes premiers combats furent délicats. C’est comme si j’avais besoin d’être mené pour me lâcher. Ce qui fut le cas par trois fois, face à l’Espagnol Aranda et au Français Ward, puis encore face à l’Espagnol Cases Roca. J’ai renversé la situation dans les dernières secondes en me libérant."
Et comme Kenneth avait bénéficié d’un brin de chance avec le forfait de l’Espagnol Labrado, blessé, la finale devait être l’apothéose. "Je me suis dit que je n’avais rien à perdre. Et c’était le cas puisque j’étais déjà assuré de la médaille d’argent. Mais je suis fier de la manière dont j’ai décroché l’or. Je me suis déjà repassé la vidéo de ce balayage sur l’Espagnol Ramirez plusieurs fois."
Une victoire indiscutable pour un judoka dont le professionnalisme est exemplaire.
"Ma tête ne leur revenait pas !"
Joachim Bottieau frustré par les arbitres dans son combat pour le bronze.
"Je ne sais vraiment pas pourquoi, mais j’ai l’impression que ma tête ne leur revenait pas !" lance Joachim Bottieau en parlant des arbitres sévissant, ce dimanche, sur le tatami n° 2 où se disputait la catégorie des moins de 90 kg.
De fait… Après l’or en moins de 66 kg de Kenneth Van Gansbeke, samedi, le Hennuyer espérait, lui aussi, décrocher une médaille. Et s’il est parvenu en finale pour le bronze, face à l’Espagnol Nacimiento, Joachim a été littéralement écarté du podium par l’arbitre, celui-ci utilisant toute la panoplie du règlement pour lui infliger trois pénalités en moins de trois minutes. "Je suis, bien sûr, frustré par le déroulement de cette journée parce que je ne comprends pas pourquoi j’ai été autant sanctionné, et ce, dès mon premier combat. Mais je ne vais pas me poser trop de questions. J’ai quand même pu tirer des enseignements de cette compet , notamment de mon combat face au Dominicain Florentino. Je savais qu’il se débrouillait bien et je suis content de l’avoir pris , même si j’ai perdu."
Exempté du premier tour, Joachim avait, auparavant, éliminé l’Autrichien Pacher et le Slovène Kukovica, tous deux sur waza-ari. Plus vif que ces deux adversaires, Florentino a plaqué le Hennuyer au sol après environ trois minutes de combat.
Malgré tous ses efforts, Joachim n’est pas parvenu à renverser la situation face à ce judoka de 21 ans, vice-champion du monde juniors l’an dernier et déjà n° 39 mondial.
Renvoyé dans le combat pour le bronze, face à l’Espagnol Nacimiento, qu’il connaît de longue date, Jo n’a pu développer son judo. "Il était prenable, mais il a aussi du métier. Il était à domicile... Au vu de l’attitude de l’arbitre, j’aurais sans doute dû me montrer plus entreprenant, prendre plus de risques. Mais c’est facile à dire après coup. Finalement, ce n’est pas encore trop grave de perdre, même de cette manière."
Une expérience de plus pour Joachim Bottieau qui se sent de mieux en mieux dans cette catégorie des moins de 90 kg où il est monté à l’aube de cette saison avec l’espoir d’y décrocher sa qualification olympique…
Sans nos deux médaillés européens
Toma Nikiforov ainsi que Sami Chouchi ne se sont pas alignés dans la capitale espagnole. Toma souffre de problèmes digestifs… Notre champion d’Europe croyait pourtant pouvoir combattre, mais il s’est ravisé en dernière minute. La décision de Sami est tombée plus tôt puisqu’il est, lui, victime de la récidive d’un zona.
En -60 kg, Jorre Verstraeten s’est classé septième après avoir battu Koffijberg et Monticone, mais il est tombé sur Jafy et, en repêchages, sur Gomis.
En -73 kg, Denis Caro a bien battu l’Espagnol Sotillo avant de s’incliner contre Langlois.
En -48 kg, Anne-Sophie Jura s’est inclinée pour le bronze face à la Kazakhe Galbadrakh. "Pas un cadeau, mais Anne-So n’était pas dans un bon jour…"
En -70 kg, Gabriella Willems a battu Paredes, mais elle est tombée sur Jager et, en repêchages, sur Bernabeu.
En -78 kg, Sophie Berger s’est inclinée d’emblée, des œuvres de l’expérimentée Lucassen…
Commentaire : Au meilleur moment
Après des mois, voire des années de doute, de stress, Kenneth Van Gansbeke a peut-être connu le déclic avec cette médaille d’or, ce samedi, à Madrid. Trois ans après son dernier podium, fin 2015, à… Wollongong, en Australie, quatre ans après sa dernière médaille d’or, la seule jusqu’ici à son palmarès, début 2014, à Casablanca, cinq ans après le dernier bronze sur la scène européenne, fin 2013, à Glasgow, le Brugeois de 28 ans s’est hissé sur la plus haute marche d’une compétition. Après un début de saison catastrophique, Kenneth traversait une mauvaise période, marquée par sa non-sélection pour les Championnats d’Europe, fin avril, à Tel-Aviv.
Mais, jamais, il ne s’est découragé. Apprécié pour son professionnalisme, il n’a pas perdu la confiance du staff fédéral qui s’employa, ces derniers temps, à trouver les solutions à ses problèmes, dont le manque de confiance et la gestion du stress. Avec l’aide de Philippe Godin, psychologue du sport, Kenneth Van Gansbeke a travaillé sur lui-même. Cette médaille d’or vient donc récompenser un sportif entier. Et ce, au meilleur moment puisqu’il a, par la même occasion, marqué de précieux points dans la course à la qualification olympique.