Joachim Bottieau : "Mon corps m’a dit stop !"

Ce fut sans nul doute la décision la plus délicate de sa carrière et même de sa vie quand Joachim Bottieau a adressé son message à Koen Sleeckx, DT néerlandophone, lui expliquant qu’il mettait un terme à sa carrière.

"Mon corps m’a dit stop !" lance le Hennuyer. "Je ne pouvais plus m’entraîner et encore moins combattre sans douleurs aux cervicales. Alors, à quoi bon ? J’avais pourtant réussi un début de saison prometteur avec de beaux parcours à Paris et à Düsseldorf, même si j’avais quitté l’Allemagne sans médaille et avec une blessure à la cuisse."

Une déchirure aux ischios qui tint Joachim à l’écart des tatamis jusque début juin quand il décrocha l’argent à Cluj.

"Cette médaille m’a rassuré mais, ensuite, j’ai perdu d’emblée à l’Euro face au Russe Khalmurzaev. En rentrant de Minsk, je pensais que ces fameuses douleurs à la nuque, apparues à Cluj, disparaitraient avec le repos. Mais ce ne fut pas le cas ! J’ai donc décidé de passer un scanner qui a détecté une usure précoce au niveau cervical..."

Incapable de s’entraîner de manière intensive, Joachim a commencé à mûrir sa réflexion jusqu’à ce début de semaine où sa décision est tombé.

"Je ne me retire pas de gaieté de coeur. Au contraire ! Je trouve absolument désolant d’arrêter comme ça, d’autant que cette décision a aussi un impact familial. Tout le monde sait les liens qui m’unissent à mes frères et à mon père qui m’ont accompagné tout au long de ma carrière. Alors, pour eux, c’est un choc, aussi. Mais je le répète : mon corps ne me laisse vraiment pas le choix."

Du parcours, en dents de scie, de Joachim Bottieau, on ne retiendra que les hauts, à savoir : ses deux médailles de bronze européennes, en 2012 et 2013, ses deux médailles d’or en Grand Prix, à Düsseldorf, en 2015 et 2016, alors qu’il évoluait encore en -81 kg, mais aussi sa médaille d’argent au Masters 2016, à Guadalajara !

Fin tacticien, le Hennuyer de 30 ans a disputé la bagatelle de 299 combats sur la scène internationale depuis son apparition en 2007, à Prague, lors de l’Euro juniors. Pas de 300e donc pour lui qui fut très affecté par sa défaite face à l’Italien Marconcini lors des Jeux de Rio. Un terrible échec dont Joachim peina à se relever, partant seul en stage au Japon et en Corée pour se ressourcer.

"Rio 2016 fut un échec, mais mon pire souvenir fut quand même l’Euro 2014, à Montpellier, où j’ai été battu par le Biélorusse Stsiashenka en douze secondes. Même pas le temps d’entrer dans le combat que j’étais déjà sorti ! Heureusement, je peux m’appuyer sur de beaux moments comme ma deuxième médaille d'or, la plus belle, à Düsseldorf, en 2016, assurant ma qualification pour les Jeux."

De Jo, on retient un gars énormément attachant en dehors des tatamis où nul doute qu’il réussira également. Employé à mi-temps, pour le moment, comme accompagnateur scolaire à Leuze-en-Hainaut, il aura à coeur de partager avec les jeunes son immense expérience de sportif de haut niveau...