Charline Van Snick: "En montagne, je me dépasse"
En mars, Charline a passé deux semaines dans le massif des Écrins. Au programme : escalade, randonnée et aussi un bon bol d’air.
- Publié le 25-04-2018 à 06h52
En mars, Charline a passé deux semaines dans le massif des Écrins. Au programme : escalade, randonnée et aussi un bon bol d’air. Loin de la ville, loin de la salle, de judo ou de muscu, c’est à la montagne, dans le massif des Écrins, que Charline Van Snick a préparé les Championnats d’Europe, à Tel Aviv, où elle entrera en lice ce jeudi. Au programme : escalade, randonnée et un fameux bol d’air que la Liégeoise apprécie particulièrement…
"Le cadre naturel permet de se dépasser, à la fois physiquement et mentalement. Début mars, j’y ai passé deux semaines et, croyez-moi, j’en suis rentrée gonflée à bloc. Je vis à Paris par obligation, mais je m’y sens enfermée. Tout comme dans une salle de judo, souvent surchauffée. C’est pourquoi j’apprécie tant cette facette de la préparation. Chaque fois que j’en ai l’opportunité, j’en profite pour m’évader et ainsi joindre l’utile à l’agréable."
Car tout ce que Charline met en œuvre avec ses amis de Hardloop est réfléchi par rapport au judo.
"J’ai toujours apprécié l’escalade, un sport intéressant pour un judoka parce qu’il permet de travailler la souplesse, le gainage et aussi le grip , autrement dit la prise en main . Ou la garde , comme on dit habituellement en judo. C’est la base… Si vous prenez l’ascendant sur votre adversaire à la garde , vous avez toutes les chances de gagner le combat."
À voir les nombreuses photos et vidéos postées sur les réseaux sociaux, Charline Van Snick s’en est donné à cœur joie et n’avait vraiment rien à envier aux meilleurs alpinistes…
"Le premier jour, j’étais épuisée, mais heureuse d’arriver au sommet. Mes bras ont chauffé ! Mais j’étais dans mon élément. L’escalade est un bon mélange de force et d’adresse, d’audace et d’analyse. Ce sport exige de la concentration, de l’équilibre et de l’agilité. Tout ça dans des conditions où l’on sort vraiment de sa zone de confort. Mais c’était absolument génial !"
Ce n’était, bien sûr, pas la première fois que Charline quittait ainsi Paris pour vivre son autre passion, la montagne.
"Oh non ! C’est même devenu une habitude… Et puis, il n’y a pas que l’escalade. Je me suis également initiée au ski de rando dans des paysages exceptionnels. Je suis montée au col de Longet (2.700 m) et au pic de Cornivier (2.800 m) où nous avons été accompagnés, de loin, par un troupeau de chamois. En tout cas, ça m’a permis de concrétiser une maxime qui dit qu’on ne devient pas un champion en dépassant les autres, mais en se dépassant soi-même. Et, pour ma part, j’essaie toujours de repousser mes limites."
Aucun doute : ces deux semaines passées dans un cadre parfois hostile avec le froid, le vent, le brouillard, la neige ont boosté Charline Van Snick avant cet Euro 2018 dont elle attend encore beaucoup…
"Une préparation de six semaines"
La Liégeoise a appris à se connaître et à tirer les leçons du passé.
À 27 ans, dont 20 de judo, Charline a appris à se connaître et à tirer les leçons du passé. C’est pourquoi elle n’a participé qu’à deux compétitions en ce début de saison, Paris et Düsseldorf, disputant sept combats au total, dont deux perdus face à la Française Gneto, une judoka qui ne lui convient pas, mais qui ne s’alignera pas à Tel Aviv. Ouf !
"Une épine hors du pied !" sourit la Liégeoise. "Même si je m’étais préparée à la rencontrer en travaillant sur sa façon de combattre. Gneto pratique un judo statique avec une fausse garde, c’est-à-dire que c’est une droitière qui se présente à gauche. Pas évident à gérer… Mais, surtout, elle ne se découvre jamais. Elle n’attaque presque pas. Et je me suis laissée piéger tant à Paris, pour la médaille de bronze, qu’à Düsseldorf, en quarts de finale."
Il n’en demeure pas moins que Charline a peu combattu par rapport à d’autres.
"Oui ! Mais c’est réfléchi ! L’an dernier, je m’étais blessée, en janvier, lors du stage à Mittersill, ce qui m’avait empêchée de m’aligner à Paris et à Düsseldorf, courant février. Ensuite, j’ai essayé de rattraper le temps perdu en enchaînant trois compétitions, en mars, parce que j’avais besoin de me familiariser avec ma nouvelle catégorie. Et je suis arrivée fatiguée à l’ Euro de Varsovie, où j’ai été sortie d’emblée par la Biélorusse Skrypnik. J’en ai tiré l’enseignement que trois semaines de préparation pour un objectif, c’est trop peu. Alors, cette année, j’ai stoppé les compets après Düsseldorf pour avoir un bloc de six semaines. D’autant que je m’étais blessée au doigt lors du stage à Paris. Une entorse, dont je n’étais pas rétablie lorsque j’ai combattu en Allemagne et dont je souffre encore un peu aujourd’hui."
Préparation physique à la montagne, technique et tactique à Paris avec son coach, Dimitri Dragin, Charline n’a rien laissé au hasard, bien décidée à franchir encore un palier en -52 kg où elle a quand même réussi la gageure d’intégrer le Top 10 mondial en un an.
"Ces derniers jours ont été consacrés à la préparation de mon corps, au régime bien sûr, mais aussi à un travail spécifique de dynamisme et d’explosivité. Rien de neuf à ce niveau-là…"
"Aujourd’hui, j’explose musculairement"
Montée en -52 kg à l’aube de l’année 2017, Charline se félicite vraiment tous les jours de sa décision.
"Pendant des années, j’ai bridé mon corps. Je n’en pouvais plus ! Aujourd’hui, j’ai l’impression d’exploser musculairement et je me sens bien, même si je n’en ai pas fini avec les régimes… Au contraire, je veille toujours à mener une vie bien équilibrée sur le plan alimentaire, sans quoi je pourrais prochainement me retrouver en -57 kg ! (rires) " .
Il est vrai que la Liégeoise ne manque pas d’atouts sur le plan physique depuis qu’elle peut se donner à fond en stage à la montagne et à la muscu.
"Avant, tout était calculé de manière exagérée. Mon poids était devenu une obsession. Mais je le répète : je continue à veiller à mon alimentation et à mon hygiène de vie pour ne pas revivre les affres des régimes."
Sur le tatami, Charline s’est désormais habituée à sa nouvelle catégorie, même si elle n’a pas encore rencontré toutes les judokas de celle-ci.
"Non, mais j’ai déjà une bonne idée de la valeur de chacune, dont je connais les points forts et, surtout, les faiblesses."
Actuellement n°10 mondiale, Charline est tête de série n°5 de ce rendez-vous européen avec 25 inscrites en -52 kg.
"Avec Charline, on s’encourage"
À 25 ans, Anne-Sophie Jura a succédé à la Liégeoise comme titulaire en -48 kg.
Son sourire en dit long sur son bonheur de pouvoir participer à ces Championnats d’Europe à Tel Aviv, où Anne-Sophie Jura sera l’une des premières de la délégation belge à monter sur le tatami, en -48 kg.
Revenant d’une grave blessure au genou, la Hennuyère avait renoncé, l’an dernier, à s’aligner à Varsovie.
Ironie du sort, c’est dans la capitale polonaise que, début mars, elle a décroché sa sélection pour cet Euro 2018 ! Victime d’une fracture du gros orteil gauche mi-janvier à Mittersill, Anne-So n’a pas paniqué.
"Lors d’un randori (simulation de combat) , j’ai heurté le tatami avec mon pied. Sur le coup, j’ai ressenti une vive douleur, mais j’ai continué. Ce n’est qu’en voyant mon gros orteil gonfler que je me suis inquiétée. On m’a alors emmenée aux urgences et c’est là que j’ai appris qu’il y avait une fracture."
Un diagnostic confirmé par son médecin, à qui elle a rendu visite à son retour en Belgique. "Il m’a dit d’éviter de m’appuyer sur mon pied. Je me suis donc promenée pendant deux semaines avec des béquilles… Et j’ai pris mon mal en patience."
La mort dans l’âme, notre poids plume a été contrainte au forfait pour Tunis, Lisbonne, Rome, ne retrouvant le tatami qu’à Düsseldorf où elle a préparé sa rentrée, couronnée d’une médaille de bronze à Varsovie. "Mes blessures au genou et à l’orteil ne sont plus que de mauvais souvenirs désormais. Je me sens bien parce que je me suis bien préparée lors des stages en Russie et en Hongrie, puis à Louvain-la-Neuve avec, entre autres, Myriam Blavier."
À 25 ans, Anne-So figure actuellement au 33e rang mondial et aspire à grimper les échelons dans cette catégorie qu’a quittée une certaine Charline Van Snick. "On ne se croise pas souvent. Mais, quand c’est le cas, on s’encourage. Chacune trace sa voie du mieux qu’elle peut. Mon objectif : donner le meilleur de moi-même ! Et on verra où ça me mènera. Je sais que je dois encore progresser tactiquement car, sur les autres aspects, je n’ai rien à envier à mes rivales. À 17 ans, l’Ukrainienne Bilodid domine la caté , mais elle n’est pas là, au contraire de la Russe Dolgova et de la Serbe Nikolic, deux sacrées clientes comme la Hongroise Csernoviczki ou les Israéliennes, souvent classées. Mais, si je les rencontre, j’irai à fond, sans complexe."
Détentrice d’un diplôme d’assistante sociale, Anne-Sophie n’a pas encore exercé son métier, préférant poursuivre ses études avec un Master en Sciences de la famille.
"Les études contribuent vraiment à mon équilibre. Elles n’engendrent pour moi aucune pression, même en période d’examens. Sans doute est-ce dû au fait que j’ai d’ores et déjà un diplôme en poche. Ce n’est pas du tout comme la compétition…"