Benjamin Harmegnies a frôlé la mort lors des Championnats d'Europe
Le Hennuyer a été victime d’un malaise cardiaque, le 28 avril, à Tel Aviv.
- Publié le 23-05-2018 à 13h08
- Mis à jour le 23-05-2018 à 14h24
Le Hennuyer a été victime d’un malaise cardiaque, le 28 avril, à Tel Aviv.
À l’écouter raconter sa mésaventure, on a du mal à croire que Benjamin Harmegnies a frôlé la mort, fin avril, à Tel Aviv, dans le cadre des Championnats d’Europe. Et pourtant, le Hennuyer a bel et bien été victime d’un malaise cardiaque qui aurait pu lui être fatal sans le professionnalisme du corps médical et, en particulier, du médecin de la FFBJ, Bruno Schoonejans. "Plus ou moins deux heures après mon combat, perdu, face au Bosnien Sadikovic, j’ai ressenti une douleur à la poitrine. Mais elle est passée et je ne me suis pas inquiété. Puis, cette douleur est revenue alors qu’on en était au bloc final avec, notamment, Toma en -100 kg. J’en ai parlé au doc qui m’a donné un médicament. Il n’avait pas l’air inquiet, mais j’ai compris par la suite qu’il ne voulait pas m’alarmer. Il a sollicité les services de secours israéliens et j’ai passé un électro , lequel a révélé une anomalie. À partir de là, tout s’est emballé. Ils ont appelé l’ambulance et je me suis retrouvé à l’hôpital où on a évoqué une crise cardiaque. J’étais surpris vu les symptômes ressentis. Vous savez, en judo, on a souvent mal un peu partout et on se dit toujours que ça va passer. A posteriori, je remercie notre doc car, grâce à lui et à son sang-froid, je suis encore là aujourd’hui."
Une fois à l’hôpital de Tel Aviv, toujours accompagné du docteur Schoonejans, Benja a subi une batterie de tests.
"Prise de sang, normale, radio, échographie, tout ça en une heure et demi. Puis, j’ai subi une opération. On m’a placé deux stents (NdlR : dispositif métallique glissé dans l’artère pour la maintenir ouverte) et ce n’est qu’à partir de ce moment que j’ai vraiment réalisé ce qui m’arrivait. J’insiste : heureusement, notre médecin a été constamment à mes côtés pour la traduction et l’explication de ce qui se passait."
Benjamin Harmegnies a passé cinq jours à l’hôpital. "Le lendemain, soit le dimanche, j’ai reçu la visite de toute la délégation belge et, en particulier, de nos deux médaillés, Toma (Nikiforov) et Sami (Chouchi) . Autant dire qu’il y avait une sacrée ambiance dans ma chambre ! Et, croyez-moi, ce fut très réconfortant de les voir ainsi, tous, à mon chevet. Je n’ai vraiment pas peur de l’affirmer : nous formons une véritable famille. Et les jours suivants furent pour moi une incroyable expérience humaine."
Car, une fois Nikiforov et Cie partis, Benja se retrouva seul face à son destin. Quoique…
"Mes parents n’ont pu venir me voir mais, avec le téléphone et Internet, nous avons, bien entendu, été en contact quotidien. Je devais d’ailleurs recharger mon portable trois fois par jour ! J’ai également reçu la visite quotidienne du Président et de l’entraîneur de la Fédé israélienne, qui se sont bien occupés de moi, ainsi que d’Amélie Rosseneu, judoka belge aujourd’hui naturalisée israélienne. Bref, je ne me suis jamais senti seul et, surtout, je ne me suis pas laissé abattre, d’autant que ma copine, elle aussi judoka de haut niveau, est venue me rejoindre pour la suite de mon séjour forcé !"
Car Benjamin n’a pu reprendre l’avion et rentrer en Belgique que vendredi dernier, soit exactement vingt jours après son fameux malaise…
"Pour le judo de haut niveau, je pense que c’est du 50-50"
Après cinq jours passés à l’hôpital de Tel Aviv, Benjamin Harmegnies a dû en attendre quinze autres avant de pouvoir reprendre l’avion, rentrer en Belgique et retrouver ses parents, sa famille, ses amis.
"J’ai profité de ces deux semaines pour me reposer. Je ne suis pas du genre à pleurer sur mon sort, mais ma situation l’imposait. Je me suis promené, avec ma copine. Je tiens à remercier les dirigeants de la Fédé israélienne qui m’ont pris en charge dans l’un de leurs centres d’entraînement. Je le répète : ce fut une incroyable expérience humaine, même si j’aurais préféré un autre scénario lors de ces Championnats d’Europe."
S’il a été aussi discret, jusqu’ici, sur sa mésaventure, Benja l’explique par le fait de ne pas vouloir en rajouter.
"La situation était assez délicate comme ça pour mes parents. Je ne me suis pas caché, mais je n’avais pas envie de m’étaler dans la presse. Et, surtout, de devoir répondre à trente-six questions. Aujourd’hui, je suis rentré, je me sens bien. Je suis conscient de l’avoir échappé belle. Mais je suis résolument tourné vers l’avenir."
Celui-ci se présente encore sous forme de point d’interrogation pour Benja qui ne sait pas s’il pourra, un jour, remonter sur le tatami.
"Je suis encore interdit de sport pendant un mois !", sourit notre militaire de carrière. "Je marche, mais ne me demandez pas de courir… Et pour ce qui est du judo, on verra. Je dois me soumettre à d’autres examens et rencontrer le cardiologue. Pour le judo de haut niveau, je pense que c’est du 50-50. Enfin, j’espère… Peut-être serais-je refroidi par le corps médical. Pour être honnête, j’appréhende un peu l’avenir, tout en me disant que j’ai la chance d’être encore en vie."