Les nouveaux sports olympiques (5/5): le baseball obtient une nouvelle chance de séduire
- Publié le 06-01-2018 à 14h53
- Mis à jour le 22-01-2018 à 12h22
Au Japon, le baseball sera l’une des disciplines les plus suivies. Douze ans après les Jeux de Pékin, le baseball et le softball seront donc de retour à Tokyo, pour le plus grand bonheur des amateurs de ce sport encore très peu populaire sur le Vieux Continent. "Le problème du baseball européen, c’est sa visibilité", pointe Jérôme Sana, responsable technique de la Ligue francophone belge de baseball et softball (LFBBS). "Grâce aux JO, nous espérons que le sport trouvera un peu de reconnaissance chez nous. Il faut que les gens sachent que ça existe en Europe et même en Belgique. C’est une fenêtre qui devra nous permettre de communiquer."
En Belgique, il existe une quarantaine de clubs, dont douze aux quatre coins de la Wallonie, pour un total de près de 3.000 joueurs affiliés (à titre de comparaison, le basket-ball en compte 100.000; le hockey, 40.000). Pourtant, le baseball est l’une des disciplines les plus populaires en Asie et sur le continent américain.
À commencer par les États-Unis, ses 13 millions de licenciés et sa Ligue majeure (MLB) qui enregistre plus de ventes de billets de stade que n’importe quelle autre ligue sportive dans le monde. Avec le football américain et le basket-ball, le baseball fait partie des sports cultissimes outre-Atlantique. Cuba, la République dominicaine, Porto Rico et le Canada en raffolent aussi.
Mais peut-être pas autant que les Japonais. En plus de réunir près de 12 millions d’adeptes, le baseball est le sport qui réunit le plus grand nombre de spectateurs au Japon. L’équipe nationale féminine est d’ailleurs championne du monde en titre. On comprend donc mieux pourquoi Tokyo a été choisi pour réintégrer cette discipline dans le programme olympique.
L’histoire du baseball aux Jeux olympiques est étonnamment déjà très ancienne. Dès 1912 à Stockholm, la discipline débarque avec une unique rencontre de démonstration. L’expérience sera répétée en 1936, 1952, 1956 et 1964 avec à chaque fois un seul match. Vingt ans plus tard, les JO de Los Angeles accueillent le premier tournoi de démonstration qui est réédité en 1988 à Séoul.
Il faut cependant attendre Barcelone 1992 pour que le baseball entre dans la catégorie des sports olympiques officiels. Cinq Olympiades plus tard (trois sacres pour Cuba, un pour les USA et un pour la Corée du Sud), le sport disparaît du programme, en partie à cause de son manque d’attractivité, de la faible participation des meil-leurs joueurs et de l’absence de pendant féminin.
Voilà pourquoi le softball, qui était aussi sport olympique de 1996 à 2008, revient en même temps que le baseball. Les deux disciplines sont très similaires et existent chacune en format masculin et féminin. Mais à Tokyo, le baseball sera dédié aux hommes tandis que le softball sera réservé aux femmes. Les deux tournois regrouperont chacun six équipes et devraient se tenir sur six jours. Le baseball la première semaine de la quinzaine olympique, le softball la seconde.
Baseball ou softball
Le baseball et le softball sont deux sports très similaires mais toutefois différents.
Baseball : Une rencontre se joue avec deux équipes de neuf joueurs qui alternent défense et attaque. Pour la partie défensive, les neuf joueurs sont répartis comme ceci : un lanceur, un receveur et sept autres joueurs répartis sur le terrain pour rattraper la balle et la renvoyer vers le receveur. En attaque, les batteurs se succèdent. Leur but est de frapper la balle afin de progresser sur les bases. S’ils rejoignent une base avant que la balle revienne au receveur, il est sauf. Si la balle arrive sur la base avant le coureur, il est éliminé. Un match se joue en neuf manches. Une demi-manche prend fin quand trois batteurs sont éliminés. Une manche prend fin quand les deux équipes sont passées en attaque et en défense.
Softball : La base du sport est la même. Mais la balle est légèrement plus grande qu’au baseball, la batte est quant à elle plus petite tout comme le terrain. Le lancer de la balle est également différent. À Tokyo, le baseball sera réservé aux hommes, le softball aux femmes.
Sans les vedettes
En Europe, seuls les fans de baseball les connaissent. Mais outre-Atlantique, certains joueurs sont des véritables superstars. C’est le cas d’Alex Rodriguez, l’un des plus célèbres, aujourd’hui retraité. En plus d’avoir été élu trois fois meilleur joueur de la Ligue américaine, le Dominicain est connu pour avoir été le compagnon de l’actrice Cameron Diaz mais surtout pour être l’actuel petit ami de la chanteuse Jennifer Lopez. La nouvelle vedette montante se nomme désormais Aaron Judge, un jeune voltigeur des New York Yankees, l’équipe de MLB la plus célèbre, la plus réputée et la plus riche du monde. Quant à Aroldis Chapman, il fait parler de lui grâce à sa puissance phénoménale. Le lanceur cubain des Yankees détient le record du lancer le plus rapide (168,9 km/h) à avoir été chronométré en Ligues majeures. D’autres comme Clayton Kershaw, David Price ou Miguel Cabrera font partie de la prestigieuse liste des sportifs les mieux payés du monde.
Mais tout ce beau petit monde ne sera vraisemblablement pas du voyage à Tokyo. "Soit ils enverront la grosse Dream Team , soit ils enverront l’équipe B", analyse Jérôme Sana, coordinateur technique de la LFBBS. "Mais il y a tellement d’argent en jeu dans le championnat américain (qui sera en cours pendant les JO) que les meilleurs joueurs n’y seront sans doute pas. C’est ce qui se passe chaque fois aux Championnats du Monde. Les stars ont des contrats béton qui les empêchent de sortir de leurs clubs. C’est aussi pour ça que les Pays-Bas ont été champions du monde en 2011." Les officiels de la MLB (Ligue Majeure de Baseball) ont déjà annoncé être très réticents à mettre le championnat en pause pendant le mois d’août 2020. La Team USA devrait donc être composée de joueurs des Ligues mineures. Tout comme Cuba qui fait aussi figure de nation dominatrice. Le Japon, pays hôte et médaillé d’argent aux JO 1996, et la Corée du Sud, championne olympique en 2008 (et donc championne en titre), vont quant à eux stopper leurs championnats le temps des Jeux Olympiques.
Mission impossible pour les Red Hawks
Il faudrait presque un miracle pour que l’équipe nationale belge soit à Tokyo.
Se qualifier pour les JO semble une mission déjà presque impossible pour les Red Hawks. Seules six nations seront de la partie pour ce retour du baseball dans le programme olympique. Outre le Japon, qualifié d’office en tant que pays hôte, les États-Unis et Cuba, qui devraient obtenir leur ticket sans difficulté, il serait très surprenant de ne pas y retrouver la Corée du Sud, dernier champion olympique de la discipline (2008) qui devrait se qualifier via la compétition continentale asiatique.
Il resterait alors deux places à distribuer. Le système n’est pas encore totalement défini à l’heure actuelle mais l’un de ces billets devrait revenir au vainqueur d’un tournoi qualificatif organisé début 2020. Cette compétition rassemblerait la meilleure nation africaine et les cinq meilleurs équipes du championnat d’Europe 2019 auquel participera la Belgique. Si le scénario se confirme, les Pays-Bas feraient figure de grands favoris. "Ils ont été champions du monde en 2011 donc il y a de fortes chances qu’ils survolent ces compétitions", juge Jérôme Sana de la Ligue francophone belge. "L’Italie et l’Allemagne font aussi figure de favoris. La Belgique se situe dans le wagon juste derrière avec la France et la République tchèque."
Quant au sixième et dernier ticket qualificatif, il sera offert au vainqueur d’un dernier tour pré-olympique réunissant le malheureux finaliste de ce premier tournoi et des nations issues des autres continents. "Une chose est certaine, la Belgique devra se surpasser."
Les Red Hawks belges ont terminé à la cinquième place des derniers championnats d’Europe, organisés en 2016 aux Pays-Bas. "C’est un sport qui grandit tout doucement en Belgique", remarque Sébastien Murer, secrétaire de la Ligue francophone belge. "La Ligue a déjà fait plusieurs actions pour attirer des jeunes. Chaque année, le nombre d’affiliés augmente mais ce n’est pas encore très populaire. Peu de gens savent qu’il y a des clubs de baseball en Belgique alors que nous existons depuis de nombreuses années."
Pourtant, certains joueurs belges font parler d’eux dans le milieu. "Il y a quelques joueurs néerlandophones qui évoluent à l’étranger comme Benjamin Dille, qui a été plusieurs fois meilleur joueur aux Pays-Bas, Thomas Dewolf, qui a été sacré meilleur batteur d’Allemagne en 2017 ou encore Kenny Vandenbrand, meilleur lancé des Pays-Bas en 2016", explique Jérôme Sana.
Les joueurs francophones sont un peu à la traîne mais on épinglera tout de même Benjamin Goffaux, un jeune qui monte, ou encore Cyprien Dussenne et Kevin Desmedt, deux jeunes qui évoluent actuellement en collège aux États-Unis et qui frappent à la porte des Red Hawks.