Les nouveaux sports olympiques (4/5): "Suivre l’exemple du snowboard" pour le Skate
Le skateboard doit dépoussiérer le programme olympique et se déparer de son image de discipline underground…
- Publié le 05-01-2018 à 16h29
- Mis à jour le 22-01-2018 à 12h20
Le skateboard doit dépoussiérer le programme olympique et se déparer de son image de discipline underground… Quand le Comité international olympique a annoncé la liste des 5 sports qui feraient leur apparition aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, l’autorité suprême du mouvement olympique a argumenté ses choix de la manière suivante : "Les nouvelles disciplines sont des sports d’équipe et individuels, pratiqués à l’extérieur ou en salle et des sports urbains offrant une forte capacité d’attraction auprès des jeunes ! C’est un moment-clé dans la modernisation du programme olympique."
Il était donc logique que le skateboard, sport très populaire auprès des jeunes, décroche son ticket pour Tokyo. Mais pour y arriver, le monde du skate a dû s’unir, comme l’explique Rony Vanderhoydonck, responsable de la discipline à la fédération flamande : "Il existait deux entités, la Fédération internationale Roller Sports et la International Skateboarding Federation . Pour mettre toutes les chances du côté du skateboard, ces deux fédérations ont uni leurs forces pour créer une seule ligue représentative, la World Skateboarding Federation . C’est celle-ci qui a rentré le dossier de candidature et a réalisé le lobbying nécessaire."
Repris comme sport additionnel au Japon, le skateboard ne sait pas encore s’il vivra plus que l’espace d’une seule olympiade. Mais l’espoir de s’inscrire dans la durée est bien présent chez les dirigeants.
"La chance du skateboard pourrait être les endroits où se dérouleront les deux olympiades suivantes , poursuit Rony Vanderhoydonck. La France (Paris 2024) connaît un bel essor au niveau de notre discipline et les États-Unis (Los Angeles 2028) représentent un bastion important du skateboard. Les plus grandes compétitions s’y déroulent et ce pays compte de nombreux skateboarders professionnels. Si notre sport a la chance de s’installer pour trois olympiades, il pourrait connaître la même évolution que le snowboard."
La présence du skateboard aux Jeux Olympiques a quelque peu secoué le monde de la planche à roulettes avec deux clans qui s’opposent. D’un côté, ceux qui prônent un skate libre sans règles où on pratique son sport quand on veut, comme on veut. C’est un peu l’ancienne génération qui préfère voir le skate demeurer une discipline un peu marginale avec ses propres habitudes, ses sponsors spécifiques et donc sans JO. Des skateboarders qui peuvent fermer les portes d’une soirée au milieu de la nuit mais quand même gagner la compétition du lendemain avec des risques de ne pas franchir le contrôle antidopage.
De l’autre côté, on retrouve les skateboarders plus lisses, qui participent à des compétitions, qui intègrent des règlements dans leur gestion des événements. Des événements où ils peuvent gagner de l’argent. Pour eux, l’intégration du skateboard aux Jeux Olympiques représente une récompense. Leur sport va se faire connaître auprès du grand public. Ils pourront montrer que le skateboard est un vrai sport et pas juste un passe-temps pour des jeunes un peu underground…
"Plusieurs Belges possèdent le niveau mondial"
Il ne fait aucun doute que la Belgique connaît un skateboard à deux vitesses. D’un côté il y a la Flandre, où on tente d’organiser la discipline, et de l’autre, la Fédération Wallonie-Bruxelles, où à part des initiatives individuelles c’est quasiment le néant au niveau des organisations institutionnelles.
"La Fédération flamande fait des efforts depuis deux ans pour promouvoir le skateboard. Elle a organisé les Championnats de Belgique en 2017 à Alost", explique Marijn Verbruggen, qui fait office d’entraîneur national. "Normalement c’est au tour de la Fédération wallonne de prendre en charge le National 2018. Mais elle ne fera rien. Donc nous l’organiserons en septembre à Anvers. L’idée est de mettre sur pied quatre compétitions de qualifications pour que les meilleurs rejoignent par après les Championnats de Belgique. Où un système de wild-cards sera aussi mis en place pour que les skateboarders qui vivent, par exemple, aux USA puissent faire le déplacement."
Ce qui n’est pas toujours facile puisque nos compatriotes qui pratiquent leur sport au pays de l’Oncle Sam y gagnent leur vie et perdraient de l’argent en revenant en Belgique.
"Il y a en Belgique plusieurs garçons qui possèdent un niveau mondial, confirme Marijn Verbruggen. On va demander à la World Skateboarding Federation de libérer une semaine pour les championnats nationaux. La Belgique compte trois skaters qui vivent aux USA mais je pourrais donner entre 10 et 15 noms de skateboarders qui pourraient représenter la Belgique aux Jeux Olympiques."
Car si on sait que deux compétitions, la street (NdlR : un parcours à réaliser avec du matériel urbain à éviter ou surmonter) et le park (NdlR : figures à réaliser dans ce qui ressemble à une grande piscine), seront présentes à Tokyo avec à chaque fois 20 femmes et 20 hommes au départ des épreuves, le système des qualifications pour les Jeux Olympiques n’a pas encore été dévoilé. La WSF a établi un ranking mondial mais on n’y retrouve quasiment que les athlètes qui participent à des compétitions aux USA.
"Le COIB ne devrait pas se fier à l’actuel ranking mondial pour sélectionner ses représentants, poursuit le coach national. L’idéal, à mes yeux, est de prendre comme base de sélection les Championnats de Belgique ainsi que les futurs Championnats d’Europe et du Monde. Et j’espère qu’il y aura un représentant belge. Comme tout le monde part de zéro, chacun aura sa chance."
Et même s’il se refuse à avancer les noms des meilleures chances belges pour ne décourager personne, Marijn Verbruggen a acté la candidature d’Axel Cruysberghs qui, à 15 ans en 2009, était déjà primé aux Championnats du Monde et qui, à maintenant 24 ans, vit aux USA : "Axel a dit qu’il était intéressé par les JO. Il possède un statut de pro aux USA avec des sponsors qui le soutiennent et une planche à son nom."
Axel Cruysberghs: "J’ai cassé tous mes os…"
Axel Cruysberghs est certainement le skateboarder belge le plus connu et peut-être même le meilleur. Ses vidéos sur Internet de ses cascades effrénées atteignent facilement plus d’un million de visites. Dès ses 13 ans, Axel a été pris sous l’aile protectrice de Red Bull et bosse maintenant pour l’équipe Toy Machine.
"Quand je dis que le skateboard est ma profession, les gens ne me croient généralement pas. Parfois, quand cela me convient, je participe à des compétitions, mais en fait mes sponsors me paient principalement pour les vidéos sur Internet. Ceux-ci sont plus importants pour les patineurs pros que les titres ou les prix. J’ai tourné partout dans le monde mais je suis le plus souvent aux États-Unis, la patrie du skateboard."
Axel a bien évidemment son opinion sur le skate aux JO : "Certains pensent que ce sera trop strict et trop réglementé. Aux compétitions, peu importe qui gagne, à condition que tout le monde s’amuse. Est-ce que cela va disparaître aux JO ? Je ne sais pas. Je veux donner une chance au skate aux JO. Il y aura plus d’argent dans notre sport et plus d’attention. C’est positif. Et je peux vous confirmer que le skate est un vrai sport. Cela demande des heures de travail pour exécuter les figures à la perfection. Et les chutes sont parties prenantes de notre sport. Je pense que j’ai cassé tous mes os…"