Jacques Borlée: "Aller chercher le Graal en 2020"
Jacques Borlée a tracé la route qui doit mener les Belgian Tornados au podium.
- Publié le 14-11-2018 à 08h21
- Mis à jour le 14-11-2018 à 11h05
Jacques Borlée a tracé la route qui doit mener les Belgian Tornados au podium. Dans la tête de Jacques Borlée, c’est clair : la Belgique alignera un relais mixte lors des World Relays à Yokohama au mois de mai prochain. Si la compétition, organisée précédemment aux Bahamas, a déjà servi de phase test pour cette nouvelle épreuve dans le passé, notre pays y serait donc représenté pour la première fois en 2019.
"On va aligner trois équipes, ce qui nous donnera la possibilité d’effectuer un test grandeur nature en ce qui concerne le relais mixte", développe le coach des Belgian Tornados. "Pour moi, c’est un projet qui peut tenir la route s’il est fait avec le cœur, à l’instar de ce qui s’est produit l’an dernier chez les filles."
Jacques Borlée continue, par ailleurs, à nourrir de grands espoirs pour les Belgian Tornados et pour ses enfants, auxquels il promet d’aller chercher leur record si le programme qu’il a établi sur les deux prochaines saisons est respecté.
"On a six athlètes inouïs et on peut aller chercher le Graal en 2020" , poursuit le coach bruxellois. "Mais on n’y arrivera que si on fait tout pour le projet et si, derrière cela, on trouve le calme et la sérénité. On a tout en main pour faire quelque chose de grand, en individuel et en relais. Mais il faut que les institutions se mettent à la hauteur. On doit atteindre un niveau jamais atteint."
Et notre interlocuteur d’effectuer une mise en garde : "On est à moins deux ans des Jeux de Tokyo, à l’issue de ce qui est peut-être la plus grande année de l’histoire du sport belge, mais il ne faut pas croire que c’est gagné pour autant. Quand on voit certaines luttes intestines, c’est inadmissible alors qu’on dispose de tels athlètes ! C’est là que la Belgique doit encore évoluer. Il faut arrêter de croire que, parce qu’on a été bons à des championnats d’Europe, on va l’être aussi à des championnats du monde ou aux Jeux olympiques. Il faut que les institutions se mettent au service des athlètes et placent ceux-ci au centre de leurs priorités, c’est le grand challenge qui nous attend maintenant. Il faut travailler sereinement et lâcher des budgets sur des projets cohérents."
À charge pour le nouveau directeur du sport de haut niveau au COIB, Olav Spahl, de mettre en œuvre les mécanismes de la réussite.
"D’après les échanges que j’ai pu avoir avec lui, il s’agit de quelqu’un d’ouvert et de compétent, avec de l’expertise, et il détient certainement les clés pour aider notre pays à franchir un nouveau cap. Mais, à mon sens, la question c’est plutôt : est-ce qu’on le lui permettra ?"
"Fichez la paix à Jonathan Sacoor"
Après l’émergence de Jonathan Sacoor, l’an dernier, sur 400 m, en tant que deuxième performeur belge de l’année (45.03) sur la distance, il était logique de demander à Jacques Borlée comment ce nouvel élément était perçu par ses enfants.
"Vous savez, dans la vie d’un groupe, l’équilibre est tout le temps bouleversé d’une manière ou d’une autre", répond l’entraîneur bruxellois. "Il faut que cela motive Kevin et Jonathan afin de repartir plus haut et qu’on arrive à faire en sorte que je dispose de trois, voire quatre athlètes dans les 44 secondes car Dylan commence, lui aussi, à prendre conscience de son potentiel."
Et Jacques Borlée de parler d’"une opportunité incroyable pour la Belgique". "La seule chose, c’est qu’on met déjà beaucoup trop de pression sur Jonathan Sacoor", poursuit-il."Que les médias lui fichent la paix. Il a démontré des choses fantastiques mais de grâce, laissez-le grandir ! Aux États-Unis, il sera normalement plus tranquille. Cette année, je veux surtout qu’il se stabilise car musculairement il n’est nulle part. Il faut lui donner les armes. Les gens ne le comprennent pas mais il n’est pas capable d’enchaîner des courses de très haut niveau comme Kevin et Jo. Il faut absolument qu’il limite le nombre de courses et il n’est pas question qu’il fasse l’indoor."
Qualifications pour les Mondiaux 2019: "Les rankings ? C’était une aberration"
L’IAAF a communiqué ce dimanche avoir renoncé à faire reposer les qualifications pour les Mondiaux de Doha sur un système de rankings, les athlètes devant collecter des points tout au long de la saison. "Je n’ai jamais cru à cette histoire !", réagit Jacques Borlée. "Pour vous dire, je n’ai même jamais tenu compte de ces rankings en établissant le programme de mes athlètes. La raison en est simple : l’athlétisme n’est pas le tennis ! Notre sport a ses spécificités et il faut en tenir compte. Comment voulez-vous, dans une épreuve comme le 400 m, relancer plusieurs fois la mécanique parce qu’on est limite au classement et qu’on veut s’assurer d’une qualification ? Ce n’est pas possible ! Pour les championnats, on doit quand même pouvoir se préparer spécifiquement et être à 100 %. Le nombre de protestations dans le milieu ne m’étonne donc pas le moins du monde. Ce système est une aberration totale." Les bons vieux minima semblent donc avoir encore un avenir…
Championnats d’Europe indoor: Jonathan Borlée absent à Glasgow ?
Comme chaque année, la saison en salle ne constituera pas une priorité pour la famille Borlée. Mais les championnats d’Europe de Glasgow figurent tout de même à l’agenda 2019 des Belgian Tornados. Une équipe dont Jonathan Borlée ne devrait, en principe, pas faire partie à cette occasion puisque la salle ne figure pas à son menu… "Kevin et Dylan, eux, vont peut-être faire une course (NdlR : aux championnats de Belgique ?) pour essayer de se qualifier sur 400 m mais ce ne sera en aucun cas un objectif déterminant", précise Jacques Borlée. "On sera au tout début de notre période de forme et on pourra peut-être profiter à ce moment-là d’un effet de surcompensation toujours intéressant. Mais s’ils ne sont pas qualifiés, tant pis ! On ne courra alors que le relais 4x400 m."
Côté féminin, l’une ou l’autre tentative de qualification individuelle pourraient également avoir lieu mais les Belgian Cheetahs, invitées à l’Euro, ne vont certainement pas multiplier les courses.
Programme des stages et compétitions: Afrique du Sud, États-Unis et Japon
Du 10 au 22 décembre, le groupe d’entraînement dirigé par Jacques Borlée effectuera un stage à Tenerife. Les athlètes prendront ensuite la direction de Stellenbosch, en Afrique du Sud, du 5 au 31 janvier 2019. Un troisième stage avec la fédération n’est pas exclu pour le mois de mars. "Puis on partira à Knoxville, aux États-Unis où sera établi notre camp de base, en quelque sorte", détaille Jacques Borlée. "On ne sait pas si on va y rester trois, quatre ou cinq semaines. On voudrait trouver des compétitions sur la côte ouest, du côté de Los Angeles, pour ensuite prendre la direction du Japon où nous disputerons les World Relays les 11 et 12 mai." Tout ce petit monde en profitera pour découvrir le futur lieu de stage d’acclimatation choisi par le COIB pour les Jeux de Tokyo, à l’instar de ce qui a été organisé à Uberlandia avant ceux de Rio. "C’est l’occasion d’y aller ! On pourra ainsi voir quels sont les problèmes, ce qu’il faut améliorer, etc.", souligne Jacques Borlée.