Dans le sillage des sœurs Sana, médaillées de bronze aux Jeux paralympiques
Pendant six mois, la société de production eProd a suivi les sœurs Sana, médaillées de bronze aux Jeux paralympiques. Avec comme résultat un documentaire de 52 minutes qui s’annonce très touchant.
- Publié le 08-04-2018 à 14h30
Pendant six mois, la société de production eProd a suivi les sœurs Sana, médaillées de bronze aux Jeux paralympiques. Avec comme résultat un documentaire de 52 minutes qui s’annonce très touchant. Si le grand public et une partie des médias n’ont fait connaissance avec Eléonor Sana, notre skieuse malvoyante médaillée de bronze, avec sa sœur Chloé comme guide, qu’aux derniers Jeux paralympiques d’hiver de Pyeongchang en Corée du Sud, d’autres ont rapidement perçu le potentiel cinématographique et humain qui pouvait ressortir du parcours de cette famille qui a traversé bien des épreuves. Depuis plus de six mois, Kevin Zuijderhoff et Céline Gransard, co-réalisateurs du projet et Manu Saubain, ingénieur du son, suivent pas à pas nos deux athlètes. Le but ? Réaliser un documentaire de 52 minutes. Son nom : Sœurs de glisse.
Kevin et Céline, pouvez-vous nous expliquer comment est né ce projet ?
"Nous avons entendu parler des sœurs Sana après qu’eProd (NdlR : société de production audiovisuelle bruxelloise dont Kevin est le gérant) eut réalisé une vidéo pour le Comité paralympique belge. Le handisport est un sujet sur lequel nous avions envie de travailler. Le fait d’imaginer ce duo sur les pistes a immédiatement attisé notre curiosité. Comment font-elles ? Qui sont-elles ? Comment fonctionne leur duo sur les pistes mais aussi en dehors ? Voilà toutes les réponses auxquelles on voulait répondre."
Quelles ont été les démarches préparatoires dans la réalisation de ce documentaire ?
"Pour répondre à toutes nos questions, nous avons pris contact avec la Ligue handisport francophone qui nous a mis en contact avec la maman des sœurs, Patricia. Nous lui avons expliqué nos ambitions, l’engagement important (en terme de disponibilité, de temps…) que nécessite le documentaire, aussi bien pour nous que pour eux. Je parle ici des filles, mais aussi de leur famille, le staff qui les accompagne. Elle a été intéressée par notre projet. Nous avons ensuite rencontré Eléonor et Chloé. Le contact est très bien passé. Deux semaines plus tard, en octobre 2017, nous partions à Tignes pour les suivre en entraînements pour mieux appréhender leur mode de fonctionnement si particulier. Cette immersion dans leur bulle nous a permis de tisser un lien de confiance réciproque. Nous avons commencé à comprendre que leur symbiose sur les pistes prenait racine sur un vécu complexe, que cette relation de confiance extrêmement forte avait vu le jour malgré un passé difficile à force de travail, d’amour et de sacrifice. Depuis, nous passons environ une semaine par mois à l’étranger avec elles. Nous les avons aussi suivies dans leur famille, avec leurs copains, en entraînements sportifs en Belgique. Un travail sur le long terme qui nous permet d’aller chercher des choses fortes chez les différents protagonistes. Ces phases de repérage nous ont permis de développer le potentiel dramatique des différents protagonistes, de scénariser notre film et d’écrire un dossier solide pour aller chercher des financements."
Humainement, que retenez-vous de cette expérience ?
"Énormément ! Ce travail documentaire nous a permis de rencontrer des personnalités fortes et complexes. Lorsqu’on se trouve en présence d’Eléonor (NdlR : à qui on a diagnostiqué un cancer de la rétine quand elle avait quelques mois) , on oublie son handicap tant elle est autonome et combative. Quant à Chloé, elle a mis sa vie entre parenthèses pendant près de 4 ans pour guider sa petite sœur. Un sacrifice qui interpelle. Aurions-nous été capables d’en faire autant ?"
Quel type de documentaire va naître de ce travail ?
"Il s’agit avant tout d’un portrait axé sur la relation entre deux sœurs. Il questionne aussi le handicap et la notion de normalité. L’objectif n’est pas de dresser le portrait d’une sportive handicapée super-héroïne, mais bien de présenter Eléonor dans sa complexité, en tant que sportive qui bénéficie d’un encadrement et d’un soutien familial forts, comme la plupart des autres sportifs."
Quand espérez-vous finir le documentaire ?
"Fin 2018. Nous suivons encore l’après-Jeux et les conséquences de la rupture sportive du duo (NdlR : Chloé arrête sa mission de guide pour se consacrer à ses études) . Est-ce qu’Eléonor va poursuivre sa carrière et trouver une nouvelle guide en qui elle aura une totale confiance ? Nous suivons aussi les retombées médiatiques de leur perf . Elles ont été reçues par le Premier ministre et pourraient être reçues par le Roi qui avait téléphoné à Eléonor après sa médaille."
Quelle exploitation espérez-vous faire de votre documentaire ?
"Diffusion en télévision, en festivals et en cinéma."
"On ne retiendra que du positif de cette expérience"
Si du côté d’eProd, la réalisation d’un documentaire sur les sœurs de glisse a très vite germé, du côté de la famille Sana, l’étonnement a d’abord prévalu quand le projet a été évoqué pour la première fois par Jonathan Libert, la personne de contact au sein de la Ligue Handisport.
"J’ai trouvé l’idée curieuse", explique avec sa gentillesse habituelle Patricia Kerres , la maman d’Eleonor et Chloé. "Je me demandais comment ils allaient réussir à faire quelque chose d’intéressant. Je me demandais aussi pourquoi quelqu’un désirait consacrer du temps, des moyens et de l’énergie dans un tel projet."
Des questions qui trouveront leurs réponses lors d’un repas au restaurant où les présentations furent faites entre la famille Sana et les responsables d’eProd. "Nous sommes tombées sur des personnes (NdlR : Kevin, Céline et Manu) très enthousiastes. Dans leur approche, ils ont toujours montré du professionnalisme, de la diplomatie et de la discrétion. Mes deux filles ont apprécié l’idée et le projet a été lancé."
Pas spécialement habituées à la présence d’une caméra, de micros et d’une équipe autour d’elles, Eléonor et Chloé sont parvenues à ne pas se mettre dans la peau d’actrices mais bien de rester naturelles.
"Jamais, elles n’ont suivi un script", poursuit leur maman. "Elles vivaient normalement leur vie. Ce qui est important, c’est que les réalisateurs n’ont pas fixé leurs caméras que sur mes deux filles. Ils ont passé du temps avec leur entourage sans qui, je pense, toute cette aventure n’aurait pas été possible."
Et maintenant que les Jeux paralympiques sont terminés, l’impatience a gagné le clan Sana comme l’explique Patricia : "On a tous envie de voir le produit fini. On devra attendre un peu car eProd a encore des tournages à réaliser et du montage à faire. Mais de toute façon, on ne retiendra que du positif de cette expérience. Lors de notre retour en Belgique, j’ai été surprise par le nombre de personnes qui me parlent de la médaille des filles. Certains ont découpé des articles de presse, d’autres nous disent qu’ils ont entendu des reportages à la radio, etc."
Et notre petit doigt nous dit que le succès des sœurs de glisse sur les pistes pourrait bien se prolonger sur les écrans : petits aussi bien que grands…
Sœurs de glisse Retrouvez les infos sur le documentaire sur le lien suivant : http://soeurs-de-glisse-film.com