Charline Van Snick, l’envie de victoire: "Je suis dans la recherche de performance"
Apaisée dans ses relations avec sa fédération, la judoka liégeoise symbolise l’ambition et la détermination d’un Team Belgium qui veut se nourrir de nouvelles médailles à Minsk, dans la foulée d’une saison 2018 exceptionnelle. Rencontre avec l’une des leaders de notre équipe aux Jeux européens…
- Publié le 21-06-2019 à 07h03
- Mis à jour le 21-06-2019 à 12h35
Apaisée dans ses relations avec sa fédération, la judoka liégeoise symbolise l’ambition et la détermination d’un Team Belgium qui veut se nourrir de nouvelles médailles à Minsk, dans la foulée d’une saison 2018 exceptionnelle. Rencontre avec l’une des leaders de notre équipe aux Jeux européens… À l’instar d’un autre judoka, Toma Nikiforov, et de la gymnaste Nina Derwael, Charline Van Snick est l’un des grands noms de la délégation belge à Minsk. En 2015, à Bakou, lors de la première édition des Jeux européens, la Liégeoise avait raflé la médaille d’or et son premier titre continental, faisant d’une pierre deux coups. "Un très bon souvenir !" sourit-elle. "C’était une très belle journée, il y avait une super ambiance, et je vais essayer de me remémorer toutes ces sensations, de me servir de cette énergie positive pour monter sur le tatami."
Arrivée avec une petite heure de retard en Biélorussie, mercredi soir, Charline a retrouvé avec plaisir l’ambiance de cet événement particulier qui lui en rappelle d’autres. "Le fait qu’on soit dans un village avec une équipe, tout le staff, les autres sports, c’est sûr c’est différent des championnats où c’est uniquement judo. J’aime beaucoup cette ambiance qui rappelle celle des Jeux olympiques. L’esprit du Team Belgium est bien présent. Pour ma part, après les Universiades, les Jeux de Londres et de Rio, et Bakou en 2015, c’est déjà le cinquième village où je loge…"
Malheureusement pour elle, la sportive de 28 ans, qui entre en lice dès samedi face à une adversaire qui sera connue la veille, au cours de la deuxième journée de compétition, n’aura pas l’opportunité de prendre part à la cérémonie d’ouverture. "C’est l’histoire de ma vie !" relativise-t-elle. "Je n’en ai fait aucune jusqu’à présent. J’espère au moins qu’on a pensé à moi au moment de choisir le porte-drapeau (rires). Bon, c’est sûr que je vais rater un beau spectacle mais l’important c’est la compétition et je suis prête à donner le meilleur de moi-même dès le premier combat."
Il restait encore à gérer la perte de poids, "toujours un peu compliquée et particulièrement cette fois-ci", reconnaît Charline. "Vous savez, ça fait dix ans que je fais des régimes et j’en fais de très, très stricts en -48 kg. J’ai bridé mon corps pendant des années et je le paie. Aujourd’hui je suis dans la catégorie supérieure mais ce n’est pas beaucoup plus facile pour autant. Mon poids de forme est à 56 kg. Je dois perdre 4 kg à chaque fois alors que la proportion de masse musculaire n’est plus la même. Mon corps réagit différemment à chaque fois et ma diététicienne doit se casser la tête. Dans ce contexte, la reconstitution après la pesée est très importante. Je pensais être un peu plus cool en -52 kg, mais je dois encore être assez stricte. Ce ne sera pas possible de prendre un petit lunch avec vous (rires)."
Au plan mental, Charline Van Snick dispose de différentes techniques ("travail en auto-hypnose, relaxation, lectures inspirantes") pour lâcher un peu la pression. De quoi repousser le souvenir d’une année un peu chahutée, entre pépins physiques et moments de doute. "Je me suis cassé un orteil, j’ai enchaîné une infection, une angine blanche et des problèmes aux cervicales pendant un mois assez difficile où j’ai dû faire l’impasse sur le Grand Chelem de Bakou. Mais j’ai fait cinq bonnes semaines de préparation et je pense que c’est suffisant parce que j’avais fait de très bons stages (au Brésil et en Belgique) avant d’être sur le flanc, tous mes efforts n’ont pas été réduits à néant. J’ai fait le mieux que je pouvais dans les conditions physiques dans lesquelles je me trouvais. C’est difficile d’évaluer précisément mon niveau mais dans ma tête, je suis prête ! C’est ça qui est le plus important."
Clairement, il n’y a aucune raison de s’affoler pour Charline Van Snick, actuellement 5e mondiale dans sa catégorie, un classement qui ne doit rien au hasard. "Aujourd’hui je suis bien classée pour les Jeux olympiques et je ne suis pas dans la course aux points. C’est un certain confort mais il ne faut pas se reposer là-dessus non plus. J’ai envie d’être le mieux classée possible parce que ça reflète des bons résultats et des belles performances. Mais, à l’heure actuelle, je suis plus dans la recherche de la performance, je veux aller toujours chercher plus loin, battre les filles qui m’ont battue précédemment et m’améliorer pour aller chercher la plus belle des médailles en 2020."
En attendant, il s’agit d’effacer sur la scène continentale deux prestations moins convaincantes lors des précédentes éditions de l’Euro (17e en 2017, 9e en 2018). "En -52 kg, je n’ai pas encore été très performante en championnats à l’exception du Masters où j’ai fait troisième. Ma dernière médaille à l’Euro c’est en 2016, et c’est sûr que j’ai envie de retrouver l’or, je ne veux pas m’arrêter à deux titres européens. J’en suis capable, je l’ai déjà fait ! Je suis toujours aussi motivée, d’autant que le changement de catégorie a un peu tout remis à zéro. C’est un nouveau chapitre que j’écris maintenant. Mais personne ne m’enlèvera de toute façon les titres conquis en -48 kg."
"Leader de l’équipe ? ça me rappelle d’où je viens"
Cataloguée comme une des chefs de file de notre délégation à Minsk, Charline Van Snick y voit un signe de reconnaissance.
"Oui ça me touche, ça me motive aussi et ça me rappelle d’où je viens, qui je suis, ce que je vaux", lance la jeune femme, philosophe. "La vie d’un athlète est faite de beaucoup de doutes. Est-ce que je m’entraîne comme il faut ? Est-ce que je me repose assez ? Est-ce que je m’entraîne avec les bonnes personnes ? Est-ce que je prends assez soin de moi ? Bien sûr, il faut aussi avoir des certitudes. Troisième au Masters, par exemple, ça me conforte dans mes options. Le sport de haut niveau, c’est un équilibre entre les doutes, d’un côté, et les certitudes, la confiance en soi, de l’autre. Cet équilibre fait que j’avance. Je ne suis plus la même qu’à Londres à 21 ans. J’ai plus d’expérience, de la vie, j’ai vécu des choses très belles, d’autres très dures. Ça forge le caractère mais ça permet aussi de mieux se connaître."
À présent, c’est elle qui dispense certains conseils aux plus jeunes éléments.
"Je le fais avec certaines jeunes judokas qui me le demandent", dit-elle. "Moi je suis toujours contente de partager mon vécu et de faire profiter les autres de mon expérience, que ce soit au niveau technique, au niveau du régime, de la récupération, de la gestion du stress, de l’attitude. Ça ne me dérange pas d’être vue comme une maman ou une grande sœur. En stage, je parle déjà beaucoup des réseaux sociaux aux jeunes et je leur rappelle que c’est leur image qui est en jeu."
Charline Van Snick n’a plus de combat à mener en dehors du tapis avec les instances. "J’ai fait cette remise en question et je travaille désormais main dans la main avec la fédération. Ce qui s’est passé doit nous servir de leçon et je me sens bien dans le contexte actuel, je me sens soutenue. On travaille en équipe…"