van Aubel, un Stick d’or qui aurait pu connaître un destin à la David Goffin
Exceptionnellement resté en Belgique durant la Coupe du monde, Ivan van Aubel décrypte le parcours et la personnalité d’un des meilleurs attaquants au monde.
- Publié le 04-12-2018 à 19h46
- Mis à jour le 05-12-2018 à 08h12
Exceptionnellement resté en Belgique durant la Coupe du monde, Ivan van Aubel décrypte le parcours et la personnalité d’un des meilleurs attaquants au monde. Habituellement, Florent van Aubel ne voyage pas léger. L’attaquant au large sourire emporte dans ses valises un bout de sa famille. Ses parents, son frère et sa petite amie l’accompagnent volontiers aux Jeux olympiques, à une Coupe du monde, aux championnats d’Europe, en World League ou encore au Champions Trophy.
À Bhubaneswar, le récent Stick d’or a laissé sa famille à l’aéroport de Zaventem. "En général, nous sommes là. Nous ne ratons jamais un dimanche de hockey non plus. Le voyage était fort long", confie Ivan van Aubel, son papa. "En plus, il n’y a rien à voir à Bhubaneswar. Nous aimons agrémenter nos voyages de quelques visites."
Néanmoins, le téléphone chauffe régulièrement entre la Belgique et l’Inde. La famille van Aubel ne manque pas de regarder les rencontres et de refaire le match ou d’écouter l’artiste via Whatsapp.
Dans la famille, chaque membre est tombé dans la marmite étant petit. Le stick remplaçait le biberon. Son papa Ivan a porté à 5 reprises le maillot de l’équipe nationale. Il a éclaboussé de son talent la D1, actuel DH jusqu’à ses 33 ans. Il a également transmis le virus à son aîné Cédric qui, à 29 ans, est le gardien de l’équipe Mineur 1 de l’Indiana ainsi qu’à Florent, l’une des plus fines gâchettes du Royaume.
"Quand il a démarré à l’Indiana, j’ai vite compris qu’il avait un petit plus qui le rendait spécial. Son entraîneur Armand Solie m’avait dit : ‘Tu as un diamant brut.’ Lionel Sempoux, Olivier Nelis, Jean Willems ou encore Michel Kinnen partageaient tous cet avis. En revanche, j’ignorais encore qu’il possédait une telle détermination."
Flo, c’est le talent. Le talent et le mental. À 11 ans, il était déjà la star de son équipe ainsi que C15 en tennis, ce qui obligeait sa maman à jongler entre les matchs et les entraînements. À 12 ans, une visite à Bruxelles a changé la trajectoire de sa carrière.
"Il devait choisir entre le tennis et le hockey car la VTV, la fédération flamande de tennis, voulait qu’il passe à 9 heures d’entraînement par semaine. Je l’ai emmené voir un match de cadets à l’Orée. Il a immédiatement été conquis."
Quand son anniversaire revenait à la charge, il houspillait ses parents pour qu’ils enlèvent le gazon du jardin. "Il voulait un jardin synthétique. Dans sa chambre, le parquet était particulièrement usé par ses innombrables matchs. Il se croyait au hockey en salle."
À l’école à Woluwé Saint-Pierre jusqu’à 16 ans, il a effectué ses premiers pas en DH à l’Orée avec Jean Willems, son coach actuel au Dragons. À 18 ans, il a signé un contrat à Anvers. "Ce jour-là, il m’a dit avec le sourire que c’était la dernière fois qu’il décidait pour moi. À 17 ans, il avait assez de maturité pour prendre les bonnes décisions."
Depuis une décennie, il fait les beaux jours à Brasschaat. Le stick de Flo est engagé dans les 6 titres du Dragons. L’été dernier, il est resté fidèle à son club. "Et je suis fier de lui car il aurait pu partir comme beaucoup d’autres. Cette année, l’équipe est différente, mais Flo estimait qu’il était venu le temps de rendre à son club tout ce qu’il avait reçu."
Tel est un des traits de caractère de ce joueur qui fait l’unanimité auprès de tous ses adversaires. "Il n’est pas un leader qui gueule", reprend son papa. "Quand le groupe est sous tension, il arrange les bidons à sa façon. Il est fort impliqué dans l’esprit d’équipe. Déjà gamin, il était très discipliné, structuré et volontaire avec un haut sens de la diplomatie."
Florent van Aubel est un savant alliage de son papa qui est un battant et de sa maman qui est d’une lucidité déconcertante.
Ancien hockeyeur, Ivan van Aubel a toujours soutenu son fils dans ses choix. "Je n’ai jamais vu le hockey comme un sport dangereux. Flo a déjà été victime de deux luxations de l’épaule. Qu’importe ! Elles ont forgé son caractère."
Tel père, tel fils dans la famille van Aubel où l’optimisme règne à tous les étages.
"Il est malin dans ses investissements"
Par sa capacité à gérer ses études et son argent, Flo rend fier ses parents.
À 17 ans, Florent van Aubel a été appelé en équipe nationale par Adam Commens lors d’un tournoi à Hambourg. Pour Ivan van Aubel, cet appel a donné le coup d’envoi d’une belle aventure. "Il sortait de ses humanités et entrait à la VUB pour étudier les sciences de la communication."
Il termine en 7 ans des études de 4 ans tout en ayant joué tous les grands tournois des Red Lions depuis ses débuts. "Flo a toujours été déterminé à cumuler Red Lions et VUB. Je n’ai pas dû le pousser. Il avait compris qu’il avait besoin d’un diplôme pour assurer sa reconversion. Le hockey n’est qu’un tremplin vers la vie active."
En dehors de ses entraînements et de ses tournois, Florent van Aubel a déjà pénétré le monde des entreprises. "Tous sont sidérés par ses capacités. Je suis rassuré quant à son avenir."
Vivre financièrement du hockey est possible aujourd’hui, mais ça n’offre pas encore la possibilité de mettre assez de côté pour être dispensé de travailler durant les 30 ans qui suivent. "Nous avons une relation si sincère qu’on peut se parler très franchement. Nous parlons aussi d’argent. Avec ses revenus du hockey, il a choisi tout seul d’investir dans un appartement à Bruxelles. Il vient d’ailleurs d’emménager. Son investissement est très malin."
"Il dribble De Nooijer et marque"
Ivan van Aubel ainsi que son épouse Patricia ont découvert une partie du monde grâce aux voyages de leur fils. Trois destinations ont marqué le couple. "Je pointerais d’abord Monchengladbach car il vivait son premier tournoi à l’étranger pour les Red Lions. Lors de ces championnats d’Europe, il avait marqué contre les Pays-Bas en dribblant Teun De Nooijer."
Son parcours l’arrête à juillet 2012 lors des Jeux olympiques de Londres. "Lors du match pour la 5e place contre l’Espagne, il plonge pour inscrire un superbe but. Sur cette phase, il se réceptionne sur son épaule et se blesse. Pendant le match, nous n’avions pas le droit de l’approcher, mais nous avons eu des nouvelles via Marc Coudron. Il savait qu’il était sur la touche pour 6 mois."
Enfin, il n’oubliera jamais le mois d’août 2016 et les JO de Rio. "Quelle sensation exceptionnelle quand la Belgique a battu les Pays-Bas en demi-finale. J’en ai encore la chair de poule", conclut Ivan van Aubel qui se réjouit toujours de voyager avec les parents d’Arthur et Loic Van Doren, de Felix Denayer et de Loïck Luypaert. "Nous logeons toujours dans le même hôtel."