Six Red Panthers se souviennent de Londres
Dans l’actuel noyau des Red Panthers, elles sont six à avoir participé aux Jeux olympiques. C’était en 2012, où la Belgique participait pour la toute première fois. Les survivantes témoignent.
- Publié le 23-10-2019 à 17h20
- Mis à jour le 24-10-2019 à 21h10
Dans l’actuel noyau des Red Panthers, elles sont six à avoir participé aux Jeux olympiques. C’était en 2012, où la Belgique participait pour la toute première fois. Les survivantes témoignent.
Une première mondiale
La crème de la crème. Jill Boon était comme tout le monde surprise par la qualification des Belges pour les JO. "C’était la première fois qu’une équipe classée seulement 16e mondiale se qualifiait pour les JO. Deux semaines après, on est allées participer à une World League 1 : c’était un peu contradictoire. Les Jeux, c’est le rêve de tout athlète. On a réussi une fois, maintenant il faut y aller à chaque coup." C’est le village olympique qui a le plus impressionné la sœur aînée de Tom. "Côtoyer au quotidien tous ces athlètes qui font partie d’un monde privilégié, tous qui peuvent se nommer olympiens, manger dans cet énorme Food Hall aussi grand qu’un terrain de foot, avec toutes ces cultures différentes, ces corps différemment sculptés en fonction de leur sport. On regardait les autres plutôt qu’eux nous regardaient. On a mangé à côté des basketteurs français, puis à la longue on s’habituait. Rencontrer Kobe Bryant ou Kim Clijsters, c’était impressionnant. On a beaucoup côtoyé les athlètes belges. Avec les Borlée, Kim Gevaert, Tia Hellebaut, Jean-Michel Saive qui était à sa 7e participation. On a bien sûr été au contact avec les hockeyeurs du monde entier ; on est un petit monde et on se croise souvent." Boon se souvient encore de la fête de fin de tournoi organisée par le "GB Hockey". "Et puis aussi la cérémonie de clôture, où on se trouve à chanter à côté des Spice Girls et de Kim Clijsters : ça reste un souvenir improbable et que je garde avec beaucoup d’affection."
On s’est arrêtée de jouer
250e cape. La plus ancienne en âge des Red Panthers, qui fêtera sa 250e cape le 25 octobre, se souvient de la surprise qu’était la qualification pour Londres : "On montait de division B à l’Euro de Rome et on avait disputé un seul Euro A à Monchengladbach en 2011 où on terminait 5es. On avait fait le tournoi parfait à Kontich en battant des nations plus fortes sur papier que nous. Les JO, c’était un rêve éveillé. Londres, c’était une organisation incroyable. C’est la seule compétition où tu es à l’égal d’autres qu’on voit dans les médias comme de grandes stars. J’ai mangé à côté de Federer, Bolt, Nadal, Phelps, Sharapova. C’est le sommet pour un sportif que d’aller aux Jeux." Sinia a encore en mémoire la grosse désillusion de la World League, qualificative pour Rio : "La première chose que je me suis dit à Brasschaat, c’est que je recommencerais. Bon, la Coupe d’Europe, c’est quelque chose d’important aussi (ça ne s’est pas bien passé mais devant son public, c’était spécial), mais c’est surtout les JO que je vise." Entre les deux olympiades, Milou a fait un bébé, et elle est de retour ; l’effort n’en est que plus grand. Si la dernière victoire contre les USA fut un excellent souvenir, c’est le stade qui l’a le plus touchée. "Contre la Grande-Bretagne, devant 17 500 spectateurs, on a joué dans une ambiance fantastique. Il y avait une fanfare qui jouait en continu et qui reprenait les standards de la chanson anglaise, repris en chœur par tout le stade. On s’arrêtait même de jouer, tellement on était pris par cette ambiance, et on regardait ce spectacle ; le tout dans une ambiance très fair-play. Un grand souvenir."
Très fière du dernier match
Cérémonie marquante. La toute jeune gardienne des Red Panthers se souvient de chaque moment de ses JO. Réputée comme une des révélations de Londres, la pensionnaire du Watducks énumère tous ces détails qui ont fait de ce séjour londonien un mois inoubliable. "Je me souviens de tout. Le village, le stade, l’ambiance, le jeu, l’enjeu, les autres sportifs. Tout est fait pour que le sportif preste au mieux. J’ai joué tous les matchs pour les gagner mais il fallait rester lucide, nous n’étions pas l’équipe qu’on est aujourd’hui. Les autres nations avaient quelques années d’avance sur nous : le but était de faire quelque chose et on a été très fières de terminer par une victoire. Oui, on a dit que mon tournoi était exceptionnel, mais ce n’était que mon premier et on ne pouvait pas comparer. J’ai fait ce que je devais faire, j’étais contente de mes prestations." La cérémonie d’ouverture reste son souvenir le plus marquant : "Je n’ai pas eu de rencontres plus particulières que les autres : tout le monde était particulier. J’ai bien sûr rencontré Usain Bolt, l’équipe de foot brésilienne, également notre Roi, et puis j’ai côtoyé tous les sportifs belges."
C’était l’insouciance
Trop peu d’expérience. Gerniers a débuté avec les Red Panthers au mois d’octobre 2011. Elle n’arrivait à Londres qu’avec très peu d’expérience. "J’étais toute jeune, je n’avais pas beaucoup d’attentes et je n’ai pas bien réalisé ce qui m’arrivait. Retourner aux Jeux, ce sera bien pour vraiment faire un résultat. La cérémonie d’ouverture était vraiment incroyable. Et puis être dans ce village au même niveau que tous les autres, où tout le monde était pareil. Bolt, tu le vois la première fois, tu oses à peine le regarder, la deuxième fois, ça va mieux et puis après, c’est un gars comme les autres ; c’est assez marrant, spécial." À juste 19 ans, la Gantoise regrette un peu d’avoir été trop vite aux JO : "C’était l’insouciance, c’était une surprise d’y être. On était bien préparées avec Pascal Kina, mais on n’était pas au niveau d’aujourd’hui. C’est pour ça qu’aller à Tokyo, alors que je suis maintenant avec plus de responsabilité dans l’équipe, sera beaucoup plus excitant. Je vais vivre ça d’une tout autre manière. En tant qu’équipe, on a fort grandi. Mais de ce temps-là, c’était une surprise. J’ai regretté de ne pas avoir été plus ‘vieille’ pour mieux en profiter."
Judith Last minute
La petite nouvelle. C’est seulement deux mois avant le départ à Londres que la jeune joueuse du Braxgata était convoquée par Pascal Kina. "Je ne savais pas trop ce qui se passait, j’étais vraiment partie en ‘last minute’. J’ai à peine 4 capes ; c’était mon premier grand tournoi. Je ne connaissais pas vraiment l’équipe, j’ai joué 5 minutes par mi-temps. J’étais là et je n’étais pas là. J’étais la jeune arrivée et je n’ai pas vraiment pleinement participé. C’est pour ça que je me suis dit dès le départ qu’il fallait que j’y retourne pour vraiment donner la pleine mesure de mon hockey. On se sentait un peu comme des touristes et pas des athlètes. On défendait assez bien, mais si on avait tiré une ou deux fois au goal, on pouvait dire qu’on avait fait un grand match. Ce n’était pas planifié qu’on allait être là en 2012 ; on visait plutôt 2016. On est allées trop tôt aux Jeux. On ne peut pas dire que les équipes nous ont dominées mais on n’a pas non plus montré qu’on pouvait jouer pour gagner. On a terminé avec un nul et une victoire, c’était bien ; on n’a pas terminé dernières. On est arrivées une semaine avant : les premiers jours, on ouvrait des grands yeux, on voulait avoir des photos avec tout le monde : Bolt, Murray. Après, on est rentrées dans le tournoi. Le plus grand moment, ça reste la cérémonie d’ouverture : j’en ai encore des frissons." Vandermeiren était arrivée trop tard dans l’équipe pour vraiment participer à la joie collective : "Tout le monde était trop occupé à profiter de cette incroyable chance d’être aux Jeux et n’avait pas trop le temps de s’occuper de la petite nouvelle. C’est mon seul regret. Cette fois-ci, ce sera différent. On ira à fond."
Des amies pour la vie
Pas le niveau espéré. La numéro 19 belge est l’une des plus expérimentées des joueuses belges. Elle admet que la prestation des Red Panthers ne fut pas d’un niveau extraordinaire. "On a surtout défendu pour ne pas prendre de buts. Mais au final, on sort avec une bonne impression et cette victoire ultime. Mais c’est surtout cette ambiance de la vie du village, des sportifs qu’on a côtoyés. On a toutes vécu une expérience extraordinaire. On se revoit toutes régulièrement. Il y a un mois, on s’est retrouvées pour un repas ; avec les grandes joueuses d’alors : Charlotte De Vos, Gaëlle Valcke, etc. On se remémore tous ces souvenirs. On est des amies pour la vie."
Qui était là ?
Le noyau pour Londres : Aisling D’Hooghe (GK/Waterloo Ducks), Alix Gerniers (La Gantoise), Anouk Raes (Pingouin), Valérie Vermeersch (La Gantoise), Lieselotte Van Lindt (Dragons), Lola Danhaive (Pingouin), Erica Coppey (Dragons), Gaëlle Valcke (Wellington), Louise Cavenaile (Dragons), Emilie Sinia (Dragons), Charlotte De Vos (Oranje Zwart/P-B), Anne-Sophie Van Regemortel (Oranje Zwart/P-B), Barbara Nelen (La Gantoise), Jill Boon (Wellington), Hélène Delmée (Pingouin), Stephanie De Groof (Dragons), Judith Vandermeiren (Braxgata). Réserves : Nadine Khouzam (GK/Wellington), Laura Patriarche (Dragons), Maureen Beernaert (La Gantoise), Aline Fobe (Braxgata), Pauline Leclef (Herakles), Marine Truyens (White Star).