Pourquoi les Red Lions n'ont jamais gagné un championnat d'Europe
Les Red Lions ont déjà été deux fois finalistes ces dernières années. Mais il manque toujours l’or. Petit historique d’une lente montée vers les sommets.
- Publié le 10-08-2019 à 17h07
- Mis à jour le 10-08-2019 à 17h08
Les Red Lions ont déjà été deux fois finalistes ces dernières années. Mais il manque toujours l’or. Petit historique d’une lente montée vers les sommets. 1970-1995: la préhistoire
Point n’est besoin de noircir beaucoup de papier pour commenter les résultats des Belges : avant 1995, ils étaient juste symboliques. Certes, il y eut la toute première édition du championnat d’Europe, organisée à Bruxelles en 1970, et où les Belges se classèrent cinquièmes. Il y eut ensuite une dixième place à Madrid (1974), une huitième à Amsterdam (1983), une dixième à Moscou (1987) et une neuvième à Paris (1991). Tout cela entrecoupé d’une non-participation à Hanovre, en 1978. La Belgique n’avait, tout simplement, pas réussi à s’y qualifier alors que les terrains synthétiques faisaient leur apparition ! Ce n’est qu’à l’avènement d’Alain Geens comme coach, début 1992, que les Belges allaient petit à petit trouver le chemin des sommets, au point de devenir l’équipe du top mondial qu’on connaît aujourd’hui.
Dublin 1995: première demi-finale
Les choses allaient en effet changer avec l’arrivée d’Alain Geens comme coach de l’équipe belge début 1992. Après une Coupe du monde fin 1994 très décevante, le Bruxellois changea son fusil d’épaule et fit confiance à des guerriers dotés d’une bonne condition physique, plutôt qu’à des techniciens un peu courts physiquement. Ce fut le bon choix, même s’il fut très décrié à l’époque.
Malgré une campagne de préparation très mitigée, la Belgique joua crescendo dans le tournoi avec des victoires contre le pays de Galles, l’Écosse et la France. Une quatrième victoire contre l’Espagne les aurait qualifiés d’office, mais victimes d’un stroke bidon inventé par un arbitre trinitéen fantaisiste, ils durent réaliser un exploit le lendemain en arrachant un match nul aux Pays-Bas (1-1). Pour la première fois, mais non la dernière, les Belges finissaient dans le dernier carré, battus ensuite par l’Allemagne (3-0) puis par l’Angleterre en petite finale (2-1). Padoue 1999: une confirmation chez saint Antoine
Ceux qui pensaient que cet exploit serait sans lendemain durent déchanter car quatre ans plus tard, dans la ville de saint Antoine, les Belges remirent le couvert. Ils battirent l’Espagne (5-3) dans un premier match de poule homérique et terminèrent deuxième de leur groupe.
Cette fois cependant, les demi-finales (1-7 contre les Pays-Bas) et la petite finale (2-7 contre l’Angleterre) tournèrent à leur plus complète confusion. Il est vrai que la veille de ce dernier match, Vitali Kholopov avait fêté son anniversaire en invitant ses coéquipiers. Au menu, caviar et champagne…
Ce serait impensable aujourd’hui, mais à l’époque, jouer les demi-finales était un objectif en soi et la suite n’avait plus d’importance, ou quasi. Barcelone 2003: brutal retour sur terre mais catastrophe évitée
Avec l’arrivée au pouvoir du Sud-Africain Giles Bonnet en 2001, les résultats de l’équipe belge allaient amorcer une courbe rentrante.
Battus d’emblée par l’Allemagne puis par le pays hôte, les Belges frôlèrent l’élimination en poule (et la descente en D2 nouvellement créée) en égalisant à deux minutes de la fin contre l’Irlande, sur un but resté célèbre de Xavier Reckinger.
Tout cela pour disputer la poule 5-8, où après avoir réglé le compte des Polonais, ils furent battus au Golden Goal par la France (et le stick magique recourbé de Frédéric Soyez, qui fut interdit par la suite) pour terminer sixièmes.
Leur plus mauvais résultat depuis 1991 à ce jour. Mais la catastrophe avait été évitée, car une descente en D2 aurait signifié la fin du programme olympique, et l’éclosion du hockey belge aurait été reportée sine die. Leipzig 2005: un air de déjà-vu
À partir de 2005, le championnat d’Europe eut lieu tous les deux ans avec un système de montées et de descentes. Giles Bonnet réussit son meilleur résultat dans cette compétition en qualifiant à nouveau la Belgique pour les demi-finales. Il eut pour cela besoin de l’aide de l’Écosse, qui accrocha l’Angleterre en poule.
Le dernier carré ressembla étrangement à celui de Padoue au niveau des résultats : défaite 5-1 contre les Pays-Bas en demi-finale et surtout, 9-1 contre les Allemands en petite finale, dans un match où les Belges forcèrent pourtant… 10 penalty corners à 0 !
“Pourtant, malgré la sécheresse du score, Leipzig a été le moment clé où les joueurs se sont rendu compte qu’on pouvait rivaliser avec les Allemands dans le jeu et qu’on pouvait jouer pour gagner”, analyse aujourd’hui le président fédéral Marc Coudron, qui venait d’être élu à ce poste qu’il occupe encore aujourd’hui. Manchester 2007: le jour de gloire !
Beaucoup de littérature a été écrite sur ce tournoi, et c’est bien normal, car ce tournoi marque le début définitif de l’ascension du hockey belge vers le firmament. Le championnat d’Europe s’annonçait pourtant sous de sombres auspices, car les Belges venaient de terminer derniers du Champions Challenge qu’ils organisaient à Boom, ce qui avait coûté sa tête à Giles Bonnet. Son successeur, l’Australien Adam Commens, aujourd’hui directeur des équipes nationales, prit le pari de rebâtir un temple en ruines en l’espace de sept semaines. Les Belges commencèrent par un match nul très disputé contre le pays hôte (2-2), puis partagèrent l’enjeu sur le même score contre les Allemands en étant menés 0-2, et firent ce qu’ils avaient à faire contre la République tchèque (6-0). Encore une demi-finale, et une défaite 2-7 contre les Pays-Bas, avec… sept buts sur pc de Taeke Taekema, le meilleur spécialiste du monde à l’époque. Le scénario habituel allait-il se répéter ? Eh non, dans la petite finale, les Belges, à nouveau menés 0-2, finirent par émerger 4-3 avec le fameux but de Jérôme Truyens dans les dernières secondes. Un but synonyme de retour aux Jeux olympiques après 32 ans et annonciateur d’une nouvelle ère.
Amstelveen 2009: coup de ressac
L’ascenseur vers les sommets allait connaître une première panne en cet été 2009. Dans une poule où l’Angleterre, qui préparait “ses” JO, était passée professionnelle, et avec une défaite d’emblée contre l’Allemagne (2-3), les Red Lions ne réussirent pas leur qualification en demi-finale. Le 3 e match de la poule, contre une Angleterre emmenée par Ashley Jackson déchaîné qui claqua un pc après l’autre, tourna au désastre, sur un score qu’on pensait appartenir au passé : 2-8. Les Anglais se couronnèrent champions d’Europe quelques jours plus tard alors que les Belges terminèrent 5 es en démolissant la Pologne et la France.
Mönchengladbach 2011: rebonjour les JO
En 2011, les Belges étaient coachés par l’Australien Colin Batch. Devant une marée de supporters noir-jaune-rouge venus de Bruxelles et Anvers par cars entiers, les Belges, malgré une défaite d’emblée contre le pays organisateur, se qualifièrent à nouveau pour les demi-finales (et pour les JO), grâce à une victoire homérique contre l’Espagne – alors qu’un match nul suffisait. Les Ibères menaient pourtant 0-2 à la mi-temps avant que Luycx, Boon sur pc et Dekeyser ne se déchaînent. La suite fut moins brillante avec à nouveau une défaite en demi-finale contre les Pays-Bas (4-2) et surtout dans la petite finale contre l’Angleterre : 2-1 au but en or, un véritable hold-up.
Boom 2013: l’argent leur va si bien
En 2013, ce fut le premier retour du championnat d’Europe en Belgique, après 43 ans d’absence. Auteurs d’une belle victoire contre l’Allemagne en poule (2-1) et d’un nouveau carton contre la République tchèque (4-0), les Belges, désormais coachés par le Hollandais Marc Lammers, purent se contenter d’un match nul contre l’Espagne pour se hisser en demi-finale, où ils dominèrent largement l’Angleterre (3-0). En finale, Tom Boon ouvrit la marque et les Belges menaient au repos avant que la sortie de Gougnard sur une commotion cérébrale ne dérègle l’entrejeu belge. Zwicker, B. Wess et Korn en profitèrent pour ramener à l’Allemagne un 8 e et provisoirement dernier titre. Les Belges étaient passés à une demi-heure de l’exploit, mais au hockey, une demi-heure, c’est beaucoup.
Londres 2015: reculer pour mieux sauter
Les Belges tombèrent d’assez haut en 2015 à Londres. Pour des raisons difficiles à comprendre, le coach Jeroen Delmee, qui avait succédé un an plus tôt à son compatriote Lammers, décida de se passer de deux piliers pourtant disponibles, Thomas Briels (l’actuel capitaine) et Simon Gougnard. Les Belges jouèrent mal avec une grosse défaite contre l’Allemagne (0-4) une victoire à l’arraché contre la France (4-3) et un médiocre match nul contre les Irlandais (2-2), synonyme de poule pour le maintien.
Celui-ci fut facilement assuré avec des succès 3-0 contre l’Espagne et… 11-4 contre la Russie (vous avez bien lu) avec notamment 7 buts de Tom Boon. Mais ce ne fut qu’une maigre consolation. La conséquence directe fut un nouveau changement de coach et l’arrivée de Shane McLeod, synonyme d’une série de succès pour les Red Lions. Amstelveen 2017: le beau rêve s’envole
Cette fois, on a bien cru qu’on y était. Notamment après ce succès historique en poule, 0-5 contre les Pays-Bas. De quoi rendre insignifiants la victoire 4-1 contre l’Autriche et la défaite finale 0-2 contre l’Espagne dans un match sans enjeu.
En demi-finale, la Belgique retrouvait l’Allemagne, qu’elle battit aux shoot-out sans en encaisser un seul après un match nul 2-2.
En finale, les Red Lions retrouvaient les Oranje et le scénario sembla se répéter : ils menaient 0-2 au repos. Hélas, un but lunaire de Robbert Kemperman réveilla tout d’un coup les 10 000 spectateurs du Wagener Stadion et les Belges perdirent pied, encaissant un triple rebond de pc, un pc direct puis, alors que Vanasch était sorti, un quatrième but sans importance.
Le rêve était cette fois passé à un quart d’heure près. Et en 2019 ? Cette fois au moins, les Belges auront l’avantage du terrain et d’un public rouge et non orange.