Marc Coudron, le boss du hockey belge: "Ils ont tout en main pour le Grand Chelem"
Tenants des titres mondiaux et européens, les Reds Lions viseront un triplé inédit aux Jeux olympiques 2020 de Tokyo.
- Publié le 26-08-2019 à 06h59
- Mis à jour le 26-08-2019 à 07h00
Tenants des titres mondiaux et européens, les Reds Lions viseront un triplé inédit aux Jeux olympiques 2020 de Tokyo. En 2010, Marc Coudron avait annoncé lors de son discours du passage à l’an neuf que la moisson des médailles d’or commencerait après les Jeux de Rio 2016. Certains avaient esquissé un sourire, mais le président de l’ARBH ne s’était pas trompé. Ancien joueur de haut niveau, il avait une vue d’ensemble sur toute la structure. À Anvers, son bonheur n’a pas été total car les Panthers n’ont pas été à la hauteur. Au lendemain du doublé Mondial - Euro des Red Lions, il s’est posé longuement pour évoquer l’avenir du hockey belge.
Marc Coudron, les attentes autour des Red Lions étaient colossales. Comment appréciez-vous la qualité de leur jeu ?
"Ils ont livré un tournoi de rêve en survolant la compétition sauf lors de la première mi-temps contre l’Allemagne. Je ne vois pas qui pourrait les bousculer en Europe. Ils sont surpuissants. Je les sens invincibles. Lors de la Coupe du monde, ils ont été touchés par un malade, un blessé et le décès de Pierre Gougnard. Ils ont été solides."
Comment expliquez-vous cette solidité des Reds ?
"Le danger vient de partout. Lors des réunions internationales, les experts partagent cet avis. Ils pratiquent un hockey total. Il est même compliqué de sortir des noms même si Vanasch et Wegnez ont été grandioses. Je ne vois pas d’egos dans ce noyau."
Avez-vous été surpris par cette résistance mentale ?
"Surpris, non. Je garde une image forte. Sur le stroke sifflé, Arthur de Sloover est venu prendre la balle à Rühr pour lui faire comprendre qu’il pouvait oublier la balle. Les Belges n’ont plus rien lâché."
À un an des Jeux de Tokyo, quels sont les adversaires qui peuvent rivaliser avec les Red Lions ?
"On pense d’abord à l’Australie qui propose un jeu moins complet et créatif. Les Australiens sont moins rapides à la passe, mais ils sont puissants. À mes yeux, les Belges ont l’équipe la plus complète ce qui ne signifie pas qu’ils survoleront tous les matchs. Nous l’avons vu en Pro League. Si nous ne sommes pas concentrés à 100 %, on peut perdre. Rafael Nadal ne gagne pas tous ses matchs sur terre battue, mais il est le plus fort."
Avez-vous déjà regardé l’après-Tokyo 2020 ?
"J’ai confiance dans le programme BeGold mis en place par Wentink et Commens. Tous les 2-3 ans, nous avons une nouvelle génération. Pour le moment, Wegnez, Kina, de Sloover, Meurmans et Loïc Van Doren sont les plus jeunes. Après Tokyo, nous lancerons encore des petits jeunes."
On sait que Shane McLeod quittera plus que probablement son poste après les Jeux de 2020. Avez-vous déjà des pistes ?
"Par le passé, nous avons toujours anticipé les départs des entraîneurs sauf pour Adam Commens. Nous voulons garder un coup d’avance. Nous avons évidemment des noms."
Mats Grambusch était surpris de voir que la Belgique n’était pas qu’une génération dorée…
"Et il a raison. Je n’ai jamais voulu construire une équipe pour un tournoi. Il est possible qu’un jour une génération soit moins forte, mais la structure est solide. Pour l’après-Tokyo, nous sommes occupés avec les 18-23 ans. Il y a de hauts potentiels. Ils savent que la récompense en vaut la peine. Notre rôle consiste à polir ces pépites. Tant qu’on se remet en question, nous sommes à l’abri."
Quelle est la capacité du réservoir des Red Lions ?
"Ils sont actuellement 24 Reds à avoir un tel niveau qu’ils peuvent tous avoir leur place sur le terrain."
Ce qui fera des déçus à Tokyo qui n’accueille que 16 joueurs (plus 2 réservistes)…
"Oui, je n’aimerais pas être Shane McLeod car le choix sera très difficile. Shane a réussi à mobiliser beaucoup de joueurs. C’est son mérite."
À Tokyo, est-il envisageable de songer à un autre objectif qu’une médaille d’or ?
"Le Grand Chelem n’a jamais été réussi, ni par l’Australie, ni par les Pays-Bas, ni par l’Allemagne. Les Red Lions ont tout en main pour le faire."
Passons à un chapitre moins glorieux. Etes-vous toujours aussi en colère contre les Red Panthers ?
"Je suis très déçu et frustré car je n’ai pas retrouvé les Panthers de la Pro League. Elles ne se battaient pas. Tu peux perdre un match, mais tu ne peux pas renoncer. Je ne remets pas en cause le staff. Je suis dans l’incompréhension. Si l’équipe joue mal, elle compense par une hargne renforcée. Ce n’a pas été le cas. C’est inexcusable. Elles n’ont rien fait. J’ai vu un festival de tout ce qu’il ne faut pas faire."
Cette équipe a-t-elle le niveau pour se qualifier pour les JO ?
"Oui, en tout cas l’équipe que j’ai vue en Pro League, pas celle d’Anvers. L’Euro a été un accident de parcours. Je suis un défenseur du hockey féminin. J’ai le droit de m’exprimer sur ce que j’ai ressenti. Je ne veux pas les flinguer. Elles sont assez grandes pour se regarder dans le miroir. Elles vont analyser toutes les données."
L’échéance capitale se rapproche…
"Elles jouent leur qualificatif olympique fin octobre ou début novembre. Elles seront prêtes. Il n’y a que quelques détails à adapter. Elles manquent de constance comme les Red Lions il y a 10 ans."
Venons-en à l’organisation. Avez-vous des regrets d’avoir vendu l’organisation à Golazo pour 250 000 euros ?
"Non, du tout. Le choix est assumé. Nous ne pouvons plus organiser un événement aussi pro. Golazo a été très pro. Notre but, c’est que la fête du hockey soit totale. L’argent est une donnée importante, mais le sport passe avant. On verra à l’avenir, mais nous sommes ravis de l’organisation gérée par Golazo."